Décidément, je me trouvais bien mieux à Nürnen. Je venais de quitter Ârnör après avoir laisser repartir Tarod servir son prince quelques semaine plus tôt. J'étais resté près du lac, sans cesser de penser à lui, en sécurité dans la grotte pour permettre à mes blessures de guérir entièrement. Cela fait, je n'avait plus rien à faire dans ce territoire qui me paraissait assez hostile et surtout... un sentiment de ne pas être à ma place. J'avais donc regagné Nürnen et trottinant à travers plaines et forêt, je laisser mes pensées me distraire et d'ailleurs, je ne pensais qu'à lui...
Je furetais à présent à travers une armée de conifères, m'enivrant de tous les parfums qui s'en échappaient. L'air était assez lourd et le temps orageux mais les nuages semblaient pouvoir retenir l'eau encore quelques heures.

Soudain, un cris attira mon attention. Sans réfléchir, je fonçais en direction du cris et aperçus un spectacle que je connaissais que trop bien. Trois hommes, de forte carrure, s'attaquait à une jeune paysanne. La pauvre enfant se débattait dans la poussière alors que les brutes lui maintenaient les poignets et les chevilles pour abuser d'elle. La colère m'envahit et avec un rugissement terrifiant je bondis sur l'un d'eux, déjà penché sur la jeune fille. Ne prenant aucun de mes états d'âme en considération, je plantais ma dague dans son cou et rageusement, je tirais. Le corps roula sur le côté, la tête à demi tranchée. Les deux autres, sous l'effet de la surprise avait lâché la fillette mais n'avait pas eu le temps de réagir pour sauver leur camarade. Maintenant, les deux colosses s'élançaient sur moi et la paysage en poussant des cris menaçants. Loin de me laisser intimider, je saisis la fillette par le poignet et la pousser derrière moi en montrant mes crocs aux brutes. Ma dague en avant, je les laissais frapper avec leur grosse hache tout en me déplaçant vivement, esquivant toutes leurs attaques. Lorsque je me retrouvé entre les deux, ils levèrent ensemble les armes et l'abattirent sur moi, sauf qu'au dernier moment, je sortis de la trajectoire et tranchant la cheville de l'un deux, il perdit l'équilibre et écrasa sa propre hache sur le crâne de son adversaire. Je terminais ma besogne en égorgeant le dernier, trop choqué d'avoir tué son camarade pour réagir assez rapidement.
Encore sous l'emprise de la haine, je repris mon souffle. Puis, me calmant un peu je me dirigeait vers la fillette qui pleurait ; elle était couverte de bleus. Pauvre gamine, elle ne devait pas avoir plus de 12 ans :

"Calmes-toi, c'est finit, ils ne te feront plus aucun mal".

Elle semblait un peu effrayée par mon apparence et de voir le massacre que j'avais produit n'arrangeais rien même si c'était pour lui sauver la vie. Je rajoutais :

"Je suis de ton côté, je ne suis pas méchante. Dis-moi où tu vis et je te ramènerais chez toi. Tu peux avoir confiance. Je m'appelle Felyndiira".

"Moi c'est Estelle. Je vis dans le village en bas de la colline. J'étais juste parti chercher des baies pour ma mère quand ils m'ont attaqué. Ils voulaient... Ils..."

Elle éclata de nouveau en sanglot, je la prit contre moi et la souleva. Blottie dans mes bras, elle finit par se laisser aller et perdit connaissance. Je marchais en direction du village quand du haut de la colline, j'aperçus non loin des fortification qui protégeaient les habitations, un troupe armée composés d'hommes semblables à ceux que j'avais éliminé. Je me dirigeais vers l'arrière du village et vis un petit groupe très étrange qui semblait conversé de façon assez tendu. Je m'approchais en espérant qu'il s'agisse d'allié des paysans. Il y avait Zarathos et sa chaîne Kienzan que je reconnue de suite, puis d'autre qui m'était totalement inconnu. Une femme-serpent étrange, un jeune garçon habillé étrangement et accompagné d'un singe, une jeune femme semblant très sure d'elle, Sitsu, que j'avais rencontré à la plage de Nürnen et un drôle de petit personnage ressemblant à une peluche perché sur le dos de... oh mon dieu, d'un loup. Et ce loup, j'en était sur, c'était Tarod...

Oui c'était bien Tarod. Mon cœur se mettait à battre follement alors que ce n'était ni le bon moment, ni le bon endroit pour restait figée pour le regarder. J'admirais l'attaque qu'il porta aux barbares suivant de prêt celle que Zarathos avait laissé un peu avant. L'affrontement était terriblement sanglant et je songeais que ce champs de bataille n'était pas très adéquate pour moi et la petite blessée que je tenait encore dans mes bras. A contre cœur, je détournais mon regard de mon grand loup avec l'espérance qu'il ne lui arrive rien. Il fallait d'abord que je mette Estelle a l'abri. Je me retournais quand une boule de poil me heurta le genou. Je baissais les yeux et remarqua la drôle de peluche qui ressemblait beaucoup à un petit chat. Au moins, je n'était pas le seul félin guerrier dans les environs. Ayant compris qu'il était de mon côté je lui dit encore un peu essoufflé :

"Nous sommes du même côté minou. Il faut trouver un lieu sur pour mettre à l'abri cette jeune fille, elle a était agressée par ces barbares mais je me suis occupée d'eux. Je viens juste d'arriver, que ce passe t-il ici ? Et où puis-je l'abriter ?"

J'avais parlé très vite en espérant qu'il me comprendrais. Au loin, j'entendais des cris terribles de rage mais aussi de souffrance et mon cœur se serra en pensant qu'il pourrait s'agir de Tarod où d'un des siens, où même Sitsu que j'appréciais beaucoup. Que ce soit Zarathos qui soit en difficulté ne m'inquiétais pas le moindre du monde, il m'avait clairement démontré sa puissance et puis de toute façon, il ne m'aimait pas. Quand à moi, je préférais aller porter secours aux victimes et les protéger si des barbares pénétraient dans le village. Je n'étais pas du genre à me lancer tête baissée dans un flot de brutes enragées, pas folle moi. J'allais agir à ma manière, après tout, je n'étais sous les ordres de personne et c'était très bien comme ça.