Pas à pas [Pv Violine]

Une bonne nuit de sommeil nous requinca, et cette fois, aucun cauchemard ne vint troubler mon sommeil. Violine avait eu le droit à une chambre somptueuse juxtaposée à la mienne, et j'étais impatient d'avoir ses impressions sur le confort dont nous jouissions ici. Vers 9h, je sortai enfin de ma chambre, après avoir troqué mes vêtements de voyage contre une tenue plus adaptée à la demeure du Prince. Sobre, pratique, mais élégant.

Toquant à la porte de la jeune fille, j'attendis quelques secondes avant qu'elle ne vienne m'ouvrir. Comme à son habitude, elle était ravissante. La prenant par le bras comme une vraie demoiselle, je l'entrainais d'abord dans la cour du chateau, près de la fontaine, qu'elle n'avait pu réellement voir la veille à cause de l'obscurité.

- Voilà, princesse. Ici, c'est chez moi.

Je lui montrai ensuite la salle à manger, et les grandes cuisines, continuai en lui offrant un apperçu de la salle du trône, pour enfin arriver dans mon endroit préféré du chateau : la bibliothèque.

Vatse comme aucune autre, elle semblait contenir toutes les connaissances du continents, et même plus. D'une main experte, je saisis un ouvrage à la reliure de cuir rouge et le lui tendit.

- Tiens, il s'agit d'un livre sur les polymorphes comme toi et moi. Il est très complet, et sait certainement des choses sur toi même que tu ignores. Tant que nous serons au chateau, tu pourras le garder, mais n'oublies pas de le reposer ici même quand tu l'auras fini !

Tout sourire de lui montrer mon domaine, je partis ensuite sur le cour d'entrainement, où personne encore n'était actif. Des mannequins, seuls et ébréchés, se tenaient lamentablement sur leurs pieds de bois. A coté, sur des bottes de paille, un arc et quelques flèches trainaient à la porté du premier venu.

- Tu veux essayer ? souris-je

Lorsque Tarod et Violine arrivèrent au château, la jeune Kitsune fut un peu effrayée de voir la grandeur de cet édifice. Il était bien plus imposant que le plus imposant des arbres de sa forêt et c'est avec un peu d'hésitation qu'elle suivit son ami. Elle se cacha un peu derrière lui lorsqu'il demanda à un homme de lui donner une chambre. A peine eut-elle mis le nez dedans qu'elle dit un "bonne nuit", ferma la porte et se retransforma en renard pour enfin se faufiler sous les couvertures. C'est comme cela qu'elle dormait le mieux, sous sa forme animale, et au chaud sous les couettes. Et la nuit se passa sans évènements notoires. Enfin, la nuit quoi...

Au matin, Tarod vint frapper à sa porte. Violine se réveilla, s'étira et se transforma de nouveau. Elle remit sa robe en place, se coiffa avec ses habituelles couettes et ouvrit enfin. Elle fut surprise quand l'humain prit son bras et l'entraina à travers toutes les pièces du château. Elle se laissa tout de même faire et profita de la visite. Ainsi, ils passèrent par la cour du château, firent un rapide détour par la salle du trône, visitèrent les cuisines, la salle à manger et arrivèrent enfin à la bibliothèque. Tarod lui tendit un livre parlant des polymorphes, comme lui et elle, et lui dit qu'elle pouvait le garder tant qu'elle resterait ici. Elle le prit et le garda bien précieusement, c'est qu'elle n'aimait pas abîmer ce qui ne lui appartenait pas! Enfin, Tarod la mena jusqu'à ce qui semblait être un camp d'entrainement, où un arc et des flèches trainaient. Mince! La jeune fille avait laissé son propre arc et les flèches qui allaient avec dans sa chambre. Elle pria de tout son coeur pour que personne n'eut l'idée de les lui prendre. C'était son seul moyen de défense lorsqu'elle voyageait seule, en tant qu'humaine, sur les routes et les chemins.

- Tu veux essayer ?

Essayer? Bien sur qu'elle voulait essayer! Elle observa un moment sur quoi elle pourrait bien tirer. Ces espèces d'épouvantails devaient être prévus à cet effet. Violine se souvint alors que ses parents lui faisaient viser - plutôt que des semblant d'humanoïdes - des sortes de cibles rondes et de plusieurs couleurs. Elle réfléchit un moment, regardant un peu s'il y avait de quoi faire. Mais non... Légèrement déçue, elle tenta de ne rien laisser paraitre et se résigna à tirer sur des épouvantails bizarres. D'une main plutôt assurée, la jeune fille prit l'arc et prépara une des flèches. Elle ajuste son tir et planta sa flèche à l'endroit où devait se trouver le cou - donc la gorge - de sa cible. C'était son endroit préféré pour viser, surement venu de son instinct de renard qui lui dictait de saisir à la gorge ses victimes et ses proies, oui, surement ça. Bien que son tir soit précis, elle ne s'en vanta pas, habituée à la simplicité et tendit l'arc à Tarod.

" A twa, on regarde celui qui tire le mieux? "

Bah quoi? C'est pas parce qu'on est simple qu'on n'aime pas la compétitivité. Non mais!

Violine parrut entousiaste et se prêta au jeu en empoignant l'arc. J'allais lui montrer comment faire, quand je la vis prendre une flèche, encocher, tirer, atteindre le mannequin à la gorge. Je mis un moment avant de me rendre compte que j'étais en "arrêt sur image". Me reprenant en secouant la tête, je me redressais juste à temps pour qu'elle ne voit pas mon expression médusée.

- A twa, on regarde celui qui tire le mieux?

Elle me faisait rire. Elle était si simple, si naturelle ! Alors ça, je ne m'y attendai pas, oh non. J'acquiescai et lui pris l'arc des mains. Une nouvelle flèche sur la corde, je visai le mannequin empaillé.

- La gorge c'est pas mal, lui dis-je, mais lors d'un combat, tu pourras rarement viser le cou.

Je décochai alors deux traits en l'espace de quelques secondes, l'un sous l'aisselle, là où toutes les armures ou presque se fendaient et révèlaient la peau tendre, l'autre entre les deux yeux. Fatals, efficaces.

- Les armures ont toutes un défaut, souris-je. La plupart, ce sont les bras qui ne sont pas reliées parfaitement au tronc. Il faut savoir en profiter.

Je lui adressai un clin d'oeil, heureux d'avoir enfin trouvé une rivale au tir à l'arc, dans ce chateau désert. Juste après, si elle le voulait, on se mesurerait à l'épée...

- La gorge c'est pas mal, mais lors d'un combat, tu pourras rarement viser le cou.

Bien entendu, elle s'en doutait, mais que voulez-vous, on ne change pas si facilement ses instincs de chasse. Surtout que Violine passait le plus clair de son temps sous sa forme animale, donc, ses réflexes étaient d'autant plus ancrés en elle. Quand Tarod décocha deux nouvelles flèches, la jeune fille fut très attentive à leur point d'impact. C'était pas mal ça... Juste entre les deux yeux... Elle aussi voulait essayer de tirer là. Elle n'était jamais aussi impatiente et heureuse que lorsqu'elle s'entrainait au tir à l'arc, elle adorait ça et, pour la première fois depuis sa transformation en humaine, un vrai sourire apparut sur son visage. Peut-être qu'il disparaitrait dans quelques jours, quelques minutes, ou même quelques secondes! Mais pour le moment, il était là, et c'était le principal.

- Les armures ont toutes un défaut. La plupart, ce sont les bras qui ne sont pas reliées parfaitement au tronc. Il faut savoir en profiter.

Violine reprit l'arc et remit une flèche. Tiens? La dernière. Elle la mit en place et se demanda un moment où elle allait bien pouvoir viser. Sa flèche allait toujours - ou presque - là où Violine voulait qu'elle aille, mais là, elle hésitait un peu. Finalement, elle visa juste sous l'autre aisselle, là où Tarod n'avait pas encore tiré. Elle lacha la corde et le projectile vint se planter là où il fallait. Peut-être un peu trop bas mais c'était bien. Enfin, pour la Kitsune, un peu trop perfectionniste, il faudrait penser à corriger cela au plus vite. Elle posa l'arme et se tourna vers son ami.

" Et maintenant? Tu veux faire quelque chose de particulier? "

Voilà, tout Violine ça. Passer du coq à l'âne comme ça, sans raison, juste parce qu'elle n'a pas envie d'aller rechercher les flèches. Il n'y avait que pour la chasse ou le champs de bataille - ça c'était pas encore fait - qu'elle prenait la peine de retirer ses flèches du corps sans vie de ses proies, et d'ailleurs, c'était SES flèches, pas celles pour n'importe qui. Elle était très catégorique là dessus. En attendant la réponse de Tarod, elle regarda autour d'elle et vit un papillon passer. Un papillon rouge... Un doute la prit et elle l'attrapa avec une vivacité telle que la pauvre insecte se retrouva prisonnier dans ses mains.

" Tu t'es fait eu "

Phrase favorite en tout occasion. La jeune fille ouvrit un peu ses mains. Oui, c'était le papillon de la plaine. Il en avait fait du chemin. Toujours respectueuse des animaux, Violine ouvrit totallement ses mains et souffla un peu sur le papillon rouge pour l'aider à s'envoler. Elle le regarda un moment s'élever dans les airs, l'idée folle de faire pareil lui traversant la tête.

Je laisser à Violine le plaisir de tirer la dernière flèche... qu'elle planta sous la deuxième aisselle du mannequin. Excellent, rien d'autre à dire... Elle se tourna ensuite vers moi, pressée de passer à autre chose.

Acquiescant, je lui fis signe de l'attendre là, et je partis rapidement dans la réserve. J'en ressortis un instant plus tard, deux épées de bois dans les mains. J'en lançai une sans cérémonie dans les mains de la jeune fille, et me mis en position offensive.

- Allez, montre moi ce que tu sais faire ! l'invitai-je.

La jeune fille se servait surement de ses griffes régulièrement, elle savait également tirer à l'arc, mais maîtrisait-elle une arme utile en combat rapprochée ? Sans attendre plus, je fendis l'air vers son épaule.

[Vais faire le combat mode accéléré ok? xD]

- Allez, montre moi ce que tu sais faire !

Violine laissa de côté son papillon rouge et reporta son attention sur ce qu'elle venait – machinalement - d'attraper. Une épée. En bois, fort heureusement elle, étant donné que ses parents ne lui avaient donné qu'une éducation très sommaire concernant les combats à l'épée. Consciente que Tarod avait bien l'intention de mener ce combat jusqu'au bout, la jeune Kitsune conditionna son esprit et se mit en mode CSP. Gné? Ah oui heu... mode Combat Sans Pitié. Combat qu'elle risquait de perdre mais tant pis, un petit truc amical ne peut pas faire de mal. Quoique. Le bois peut parfois se révéler... frappant. Sans plus d'avertissements, l'humain abatti son épée sur l'épaule de Violine. Ou du moins, tenta de l'abattre car la jeune fille, plutôt vive d'esprit, contra son geste et repoussa tant bien que mal son adversaire improvisé. Les attaques de la part de Tarod n'arrêtaient pas et changeaient chaque fois de cible, si bien que Violine ne savait pas vraiment comment contrer tout cela. Dans le feu de l'action, elle n'analysa pas assez vite la situation et l'épée de Tarod la toucha à la jambe. Surprise par ce contact auquel elle ne s'attendait pas, elle déclencha - par réflexe - son attaque Bulle de Savons. Tarod fut bientôt noyé dans un bain de mousse - comme quand t'as mis trop de Mir Laine dans ta machine - et Violine se retransforma en renard blanc. Profitant de la situation, elle bondit sur lui et le fit tomber à terre. Puis elle s'installa tranquillement sur son dos et lui lécha la joue.

" On peut vaincre avec une épée et être vaincu par un baiser "

Sa voix était plus qu'enjouée. A la fois contente d'avoir pu - une fois dans sa vie - manier une épée, et aussi parce qu'elle était heureuse, voilà tout.

Je venais enfin de toucher Violine à la jambe quand les actions se succederent trop vite pour que je les comprenne toutes. En l'espace d'une seconde, je me retrouvais entouré de bulles de savons, Violine disparut au profit d'un petit renard blanc, qui, profitant que je sois complètement désorienté, me sauta dessus et me fit tomber à la renverse.

"On peut vaincre avec une épée et être vaincu par un baiser " me dit-elle malicieusement en me léchant la joue.

Jouant le jeu, je lâchai mon épée et mis les bras en l'air.

- Ok ! Je me rends ! T'as gagné !

Elle me laissa me relever, et épousseter ma veste maintenant maculée de terre seche.

- Maintenant je comprends pourquoi l'on raconte que les femmes sont les pires ennemis des guerriers ! souris-je.

Puis, me tournant vers les cuisines :

- Toi peut être pas, mais moi, j'ai faim ! Le premier à la cuisine a le droit au steak de l'autre !

N'attendant pas une seconde de plus, je sprintais vers la grande salle où le repas devait être servi. Vraiment, avec Violine, je retombais en enfance... quel gamin je faisais !

- Ok ! Je me rends ! T'as gagné !

Violine s'empressa de quitter le dos de Tarod et le laissa se relever. C'était amusant de pouvoir jouer comme ça, sans entendre parler ni de guerre ni de situations conflictuelles d'aucune sorte, juste avec simplicité. La renarde se fit un brin de toilette en attendant que son ami retrouve tous ses esprits. Elle lustra bien sa fourrure blanche. Une fois fait, un nouveau nuage de savon l'entoura et la Violine humaine d'avant revint. Elle s'était transformée juste à temps pour entendre Tarod se plaindre d'avoir faim, le regard fixé vers les cuisines.

- Toi peut être pas, mais moi, j'ai faim ! Le premier à la cuisine a le droit au steak de l'autre !

Du steak? Miam, de la viande! Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir davantage que Tarod fonçait déjà à vive allure vers la direction logique du lieu de vie de la nourriture, et donc du steak en question. Cependant, un peu épuisée par ses transformations répétées et cette matinée bien remplie, la Kitsune - et surtout sous sa forme humaine - n'était pas aussi rapide que son ami. Toutefois, motivée par la perspective de manger deux steaks, elle fit un effort courut dans la même direction que Tarod. Finalement, les deux arrivèrent presque en même temps, et en l'abscence de "photo finish" il n'était pas possible de départager les deux. Sans plus se préoccuper de tout cela, Violine prit place devant une assiette pleine et attendit son ami. Quand il fut lui aussi devant une assiette, elle commença à manger, toute contente.

" Dis Tarod, demanda t'elle, à la fois curieuse, inquiète et soulagée, il n'y a personne ici? Ou est-ce occasionnel? "

- Dis Tarod, il n'y a personne ici? Ou est-ce occasionnel?

La remarque était judicieuse, je m'empressai de lui expliquer :

- Tous les soldats ont reçu une permission, sauf un ou deux qui sont en mission. Quant à notre Prince, je n'ai pas à savoir où il se trouve à toute heure. Dons effectivemment, nous sommes seuls pour le moment, et oui, c'est très très occasionnel que le chateau soit ainsi déserté.

Je m'attaquai ensuite à l'énorme morceau de viande rotie qui tronait dans mon assiette. Ces cuisiniers étaient vraiment très doués.

- Dis moi petite, si le prince revenait, tu voudrais le rencontrer ? demandai-je, alors qu'on nous servait un désert à nul autre pareil.

- Tous les soldats ont reçu une permission, sauf un ou deux qui sont en mission. Quant à notre Prince, je n'ai pas à savoir où il se trouve à toute heure. Dons effectivemment, nous sommes seuls pour le moment, et oui, c'est très très occasionnel que le chateau soit ainsi déserté.

Effectivement, ça se tenait. Violine essaya de s'imaginer le château grouillant de monde. Mais à la simple pensée d'être entouré de gens la fit frissonner et elle chassa bien vite de son esprit tout cela pour se reconcentrer sur son morceau de viande. Morceau de viande qui avait d'ailleurs largement rapetissé, vaincu par l'appétit insatiable de la jeune Kitsune. Et bien oui, faut les nourrir les renards. Alors que les cuisiniers leur retiraient leurs assiettes désormais vides et apportait un bon dessert bien sucré comme tout le monde aime, Tarod lui posa une question qui la fit stopper net dans ses mouvements.

- Dis moi petite, si le prince revenait, tu voudrais le rencontrer ?

Rencontrer le prince? L'esprit de Violine se sépara alors littéralement en trois parties - enfin, métaphoriquement plutôt, on est daccord hein? - qui lui disaient trois choses différentes.
La première - genre le caractère curieux et enjoué de Violine - tendait un morceau de papier marqué d'un grand OUI, avec pour arguments que ce serait bien de rencontrer celui que Tarod admire autant et que, quitte à rencontrer des gens, autant commencer par ceux supposés sympathiques. La deuxième - genre le caractère associal de Violine - brandissait un énorme drapeau avec brodé NON dessus, insinuant que peut-être ce prince n'était pas aussi gentil et qu'elle serait alors peut-être obligé de rejoindre son armée de gré ou de force et que toute cette histoire se terminerait très mal. Et enfin la troisième et dernière - genre l'esprit analytique de Violine - tentait de faire la part des choses avec un PEUT-ETRE assez flou, proposant un moment de réfléxions supplémentaire.
Voilà à peu près ce qui se passa dans la tête de la Kitsune en l'espace de même pas une milliseconde. Essayant de mettre de côter ses appréhensions, elle prit quelques minutes pour se calmer et encore quelques autres minutes pour répondre avec le plus d'objectivité possible.

" Et bien... commença-t-elle, pas sur de ce qu'elle allait dire, j'aimerais bien. Mais je ne suis pas sure de... "

Et puis rien, néant, vide, elle ne put sortir aucun mot de plus. Raaa fichu esprit humain va!

Lorsqu'elle s'arrêta net dans ses mouvements, je crus tout d'abord qu'elle avait avalé de travers. Mais, après coup, je compris qu'elle ne faisait que réfléchir. Quand enfin elle releva la tête pour parler, je sentis bien qu'elle n'était absolument pas sûre d'elle.

- Et bien... j'aimerais bien. Mais je ne suis pas sure de...

Je lui souris, comprenant son trouble. Partagée entre timidité et curiosité, la jeune fille ne savait certainement pas trop comment réagir. Pour la rassurer, je continuai :

- Tu sais, il ne s'agit pas d'une rencontre officielle. J'aimerai te présenter Kanoë en tant qu'ami, simplement. Il n'est question que de cela !

Enfin... si Kanoë revient à temps au chateau, pensai-je.

J'eus à peine le temps de formuler cette pensée qu'un battement d'ailes si familier à mes oreilles retentit douceureusement dans la cour. La porte du réfectoire s'ouvrit sur notre Prince...

Posant la main sur l'épaule de Violine pour la rassurer, je me levai et inclinai la tête en guise de salut.

- Mon Prince, vous voilà de retour, lui dis-je en m'inclinant à la manière des serfs, une expression rieuse sur le visage.

Puis, invitant Violine du regard, je présentai les deux à chacun :

- Prince Kanoë, voici Violine, une petite voyageuse que j'ai rencontrée sur les plaines de Nürnen. Violine, je te présente mon Prince, et ami, Kanoë.

Après avoir passé quelques jours en dehors du château, j’étais de retour. Je me posais délicatement sur le sol pavé de la cour de la forteresse et me dirigeais simplement vers le réfectoire afin de m’y restaurer. Le château était bien vide. J’avais accordé des permissions à l’ensemble de mon armée afin qu’ils puissent se détendre et profiter de leur temps libre. J’ouvris la porte du réfectoire et aperçus aussitôt mon ami Tarod en compagnie d’une jeune femme que je ne connaissais pas encore. Le capitaine de la force s’empressa de me saluer et de faire les présentations.

-Mon prince vous voila de retour… Prince Kanoë, voici Violine, une petite voyageuse que j’ai rencontrée sur les plaines de Nürnen. Violine, je te présente mon Prince et ami, Kanoë.

Je m’approchai de la jeune Violine, lui saisis la main et m’inclinai pour la saluer comme il était coutume de le faire lorsque l’on saluait une jeune femme. C’est avec un sourire franc, afin de la mettre à l’aise, elle qui semblait quelque peu gênée, que je m’adressai à elle.

« Bonjour Violine. Je suis enchantée de faire votre connaissance. Bienvenue dans notre château. C’est ici que nous vivons avec Tarod et l’ensemble de l’armée. Vous avez bien de la chance, l’endroit est pratiquement désert. Ce sera plus calme pour faire connaissance. »

Je tentai tant bien que mal de mettre notre petite renarde à l’aise.

- Tu sais, il ne s'agit pas d'une rencontre officielle. J'aimerai te présenter Kanoë en tant qu'ami, simplement. Il n'est question que de cela !

Ami... Ce mot raisonna comme une douce mélodie aux oreilles de Violine et elle s'apaisa. Oui, c'est vrai, si Kanoë était l'ami de Tarod, alors il était forcément aussi sympathique que lui, enfin, c'est ce que la jeune Kitsune conclut. Elle décida alors une bonne fois pour toute de retrouver le caractère curieux et analytique qui la caractérisait et de laisser tomber ses délires paranoïaques quant aux tempérament des autres alors qu'elle ne les avaient pas encore rencontrés. Voilà, ça, c'était fait et Violine paraissait déjà bien plus sereine et prête à se faire de nouvelles connaissances, comme elle disait si bien... Enfin, c'est ce qu'elle croyait car quand la porte de la salle s'ouvrit et que Tarod, connaissant ses réactions, mit sa main sur son épaule, la petite renarde se raidit de nouveau, n'osant pas regarder le nouveau venu, le prince Kanoë.

- Prince Kanoë, voici Violine, une petite voyageuse que j'ai rencontrée sur les plaines de Nürnen. Violine, je te présente mon Prince, et ami, Kanoë.

Le prince en question s'avança vers elle et la salua en lui saisissant la main. A ce contact imprévu, un léger tremblement parcouru Violine et elle dégagea alors très rapidemment sa main, peut-même plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu.

« Bonjour Violine. Je suis enchantée de faire votre connaissance. Bienvenue dans notre château. C’est ici que nous vivons avec Tarod et l’ensemble de l’armée. Vous avez bien de la chance, l’endroit est pratiquement désert. Ce sera plus calme pour faire connaissance. »

Tout défilait assez rapidemment dans sa tête. Ces dernières paroles ne la rassuraient pas vraiment et le fait que le château soit désert non plus. Tout timidement, Violine osa enfin regarder en face ce prince dont Tarod lui avait dit tant de bien. Choc... Il était tout mimi, avec un sourire sincère sur le visage. Pour oublier un peu l'infime distance qui les séparaient, la Kitsune le détailla juste dans les moindres détails. D'abord ses yeux intenses, tout bleu, et ses ailes noires, peu communs pour un ange, du moins, d'après ce que lui avait toujours dit sa maman, les anges ont des ailes blanches et pas noires. Et puis ses traits fins, on aurait presque dit un enfant, d'ailleurs il était légèrement plus petit qu'elle. Et puis enfin ses cheveux blancs... Ou pas... Ils semblaient étranges. Poussée par la curiosité, et en même temps histoire de rattraper son premier geste un peu brusque, Violine tendit la main et les effleura du bout des doigts. C'était doux et ce contact la rassura. Consciente qu'elle ne devait peut-être pas, elle remit sa main où elle était, plongea ses yeux rouges dans ceux bleus de Kanoë et se décida à parler, d'une voix toute aussi simple et cristalline que d'habitude, laissant de côté tous sentiments négatifs.

" Enchantée aussi de te rencontrer, Kanoë. Tu peux me tutoyer si tu veux."

Gné? Comment ça elle était censée le vouvoyer? Nan mais vous regardez trop de films vous ça va pas...

Violine comme gênée par ce premier contact de ma main sur la sienne se dégagea presque par réflexe. Ceci ne me surpris guère, elle ne s’attendait surement pas à tant de familiarité de la part du prince. Elle me détailla de ses grands yeux rouges flamboyant avec la curiosité propres aux renards. Elle fixait à jamais dans sa mémoire le moindre des détails de mon être. Ses yeux s’attardèrent sur mes cheveux. Elle tendit alors lentement la main vers ma tête afin de les effleurer du bout des doigts. Je me laissai faire, peut-être qu’ainsi, Violine se mettrait enfin à l’aise. Ce contact sembla en effet la rassurer. Puis, d’un coup, comme sortant d’une transe, elle remit sa main en place et me fixa dans les yeux avant d’enfin oser me parler.

-Enchantée aussi de te rencontrer, Kanoë. Tu peux me tutoyer si tu veux.

Elle n’avait pas hésité à me tutoyer dès qu’elle se sentit en sécurité. Cela me fit légèrement sourire. Au fond de moi, j’étais ravi qu’elle me tutoie, nous allions pouvoir nous parler simplement sans cette barrière du rang qui avait le don de me gêner quelque peu…

« Je te tutoierai donc Violine. »

Quelque peu fatigué par mon voyage, je m’assis en tailleur sur l’une des nombreuses tables du réfectoire, invitant mes deux amis à s’assoir également où bon leur semblait afin d’être à l’aise pour poursuivre notre conversation.

« Je n’avais encore jamais rencontré de kitsune avant toi Violine. Tout comme Tarod, tu dois certainement préférer la vie en pleine nature que celle en ville ? »

Façon peut-être maladroite de débuter une conversation je vous l’accorde, néanmoins ceci permettait tout de même de la lancer…

« Je te tutoierai donc Violine. »

Enfin quelqu'un de compréhensif! C'est vrai quoi? Des "vous" par-ci, et encore des "vous" par-là. Ce genre de choses bizarres avaient le don d'agacer très fortement Violine. Pas vraiment à l'extérieur, mais au fond d'elle-même, elle avait bien envie d'arracher la tête à tous ceux qui la vouvoyaient exagérement. Finalement, Kanoë s'assit sur une des tables, invitant la Kitsune et Tarod à s'installer de la manière qui leur plairait. Violine opta pour s'assoir juste sur sa chaise. Si elle avait été sous sa forme de renard, nul doute qu'elle se serait roulée en boule dessus. Mais sous une forme humaine, ce n'était pas vraiment possible, et puis voilà quoi, ya des choses que les renards peuvent faire - et que c'est mignon - et d'autres que les humains ne peuvent pas faire - et que c'est ridicule.

« Je n’avais encore jamais rencontré de kitsune avant toi Violine. Tout comme Tarod, tu dois certainement préférer la vie en pleine nature que celle en ville ? »

Ca tombait bien. Violine n'avait jamais rencontré d'ange avant Kanoë. Il faut dire que ça ne courrait pas vraiment les rues, et surtout pas la forêt natale de la jeune fille.

" J'aime bien faire la course avec les papillons dans la journée. C'est toujours plus amusant de courir dans une immense clairière que dans de toutes petites rues. Mais ça ne me dérange pas de me faufiler chez les gens pour leur emprunter un petit coin chaud de leur maison pour dormir. Tant qu'ils ne me marchent pas dessus... "

Ah oui, combien de fois les enfants de villageois lui avait marché sur la queue. Sans faire exprès bien sur, mais volontairement ou pas, cela faisait toujours très mal.

" Dis Kanoë, avec tes ailes, tu peux aussi voler? Comme les papillons? "

Comment ça Violine est une gamine? Mais oui, tout à fait! Et puis, franchement, il vaut mieux voir les choses comme Violine plutôt que comme les dépressifs, sinon, le taux de suicide et de guerre risquerait d'augmenter sensiblement. Alors pas de remarques déplacées hum?

Faire la course avec les papillons ? Violine semblait décidément très joueuse. Cette petite kitsune, d’après ses dires, passait la plupart de son temps sous sa forme animale. Elle préférait de loin la vie au milieux des plaine et clairière de Nürnen ; cependant, côtoyer les humains ne la dérangeait nullement. Souvent elle trouvait refuge dans leur chaumière pour la nuit. Elle m’apprit que ce qu’elle craignait le plus était de se faire écrasée. La petite renarde devait en effet être beaucoup moins imposante que Tarod, puissant wolbatas.

-Dis Kanoë, avec tes ailes, tu peux aussi voler? Comme les papillons?

La question de Violine me fit esquisser un sourire. Elle non plus ne devait jamais avoir vu d’ange de sa vie. Il faut dire qu’il n’existait que deux anges dans ce monde : mon cher et tendre frère Fûma et moi-même. Toujours assis sur la table, je déployai alors mes longues ailes aux plumes sombres.

« En effet, elles ne sont pas là simplement pour faire jolie. Je peux aisément me déplacer dans les airs grâce à elles et elles ont également beaucoup d’autres utilités… »

Rien ne valait une bonne démonstration plutôt qu’un discourt inutile. Je battis des ailes et m’éleva avec délicatesse au dessus de la table.

« Je maitrise parfaitement l’art du vol mais il n’en a pas toujours été ainsi…Lorsque nous sommes nés mon frère et moi, nous n’avions pas encore d’ailes. Elles ne sont apparus qu’à notre septième printemps. Comme pour toute chose, il nous a alors fallut un petit temps d’adaptation. Mes premiers essais étaient fort maladroits… », je souris alors d’un sourire franc avant d’atterrir en douceur sur la table que j’avais quitté.

« En effet, elles ne sont pas là simplement pour faire jolie. Je peux aisément me déplacer dans les airs grâce à elles et elles ont également beaucoup d’autres utilités… »

Violine sursauta lorsque Kanoë étendit ses ailes. Elle put nettement voir que le prince décollait de la table pour flotter quelques mètres plus haut. Elle était littéralement émerveillée de voir ça. Ce n'était certainement pas grand chose pour Tarod ou même un villageois normal, mais pour la Kitsune, comprendre qu'il n'y avait pas que les oiseaux ou les papillons qui pouvaient voler la remplissait de joie, allez savoir pourquoi.

« Je maitrise parfaitement l’art du vol mais il n’en a pas toujours été ainsi…Lorsque nous sommes nés mon frère et moi, nous n’avions pas encore d’ailes. Elles ne sont apparus qu’à notre septième printemps. Comme pour toute chose, il nous a alors fallut un petit temps d’adaptation. Mes premiers essais étaient fort maladroits… »

A cette révélation, Violine ne put s'empêcher d'imaginer Kanoë en train de se s'écraser contre un mur sortit de nul part. Cette pensée la fit sourire, et en regardant d'un peu plus près, on pouvait percevoir qu'au fond d'elle, elle riait de bon coeur. Méchante pensée? Non, juste amusante. Car tous ceux qui était passé maitre dans l'art de quelque chose oubliait forcément leurs débuts, et leur rappeller cela est toujours salvateur et très drôle. Lorsque l'ange redescendit sur la table, Violine suivit les mouvements de ses ailes. Elle aurait bien aimé avec des ailes elle aussi, sous sa forme de renard, ainsi, elle pourrait plus facilement attraper son ami le papillon bleu. Mais réflexion faite, cela enlèverait tout le plaisir du jeu. Et puis un détail de la phrase précédente du prince lui revint en tête. C'était qui son frère? Tarod l'avait également mentionné, ainsi que le fait que les deux frères étaient en guerre. N'ayant pas tout à fait saisi la bonne raison qui faisait que cette guerre était légitime, Violine se dit que la personne la mieux placer pour lui expliquer le ou les problèmes, eh bien c'était le prince Kanoë.

" Dis moi Kanoë, comment est-il ton frère? C'est à cause de lui qu'il y a une guerre? Et pourquoi il y a une guerre? Raconte moi. "

Cela s'apparentait presque à un ordre, mais sorti de la bouche enfantine de Violine, c'était plus une demande amicale de la part d'une enfant qui ne comprend pas tout à fait pourquoi les gens se battent alors qu'ils sont tous doués d'une intelligence et, au fond d'eux-même, d'un désir de paix inéluctable.

-Dis-moi Kanoë, comment est-il ton frère? C’est à cause de lui qu’il y a une guerre ? Et pourquoi il y a une guerre ? Raconte-moi.

Les interrogations de Violine étaient parfaitement légitime. D’ailleurs nombre de personne lui avaient déjà posé ces questions. Je repris un visage neutre et vide comme à mon habitude et tenta de répondre le plus simplement possible à Violine de façon à ce qu’elle comprenne les raisons de cette guerre.

« Mon frère est lui aussi un ange. En fait nous sommes jumeaux. Cependant nous ne nous ressemblons pas du tout. Mon frère Fûma a hérité de la carrure imposante de notre père. Il est beaucoup plus grand que moi et finement musclé. Ses cheveux sont de la couleur des blés au soleil et ses yeux sont d’un brun profond. Ce qui nous différencie encore plus nettement, c’est nos ailes. Alors que les miennes sont sombres, les siennes sont maculées de blanc. En fait Fûma doit beaucoup plus ressembler à la représentation que les personnes se font des êtres angéliques… »

Je fis une courte pause. Toujours assis en tailleur sur la table, je repliai l’une de mes jambes contre mon torse et laissai pendre l’autre dans le vide. Je repris alors.

« Fûma est quelqu’un de très ambitieux qui a une grande soif de pouvoir. Sa détermination semble sans faille, quand il veut quelque chose, il met tous les moyens en son pouvoir pour l’obtenir. La loyauté a une grande importance à ses yeux. Il ne supporte pas la vue, ni même l’existence d’un traitre. Il aime à ce que les gens qui l’entourent croient en lui et le suivent quelque soit ses choix, sans doute aucun. Beaucoup disent qu’il a tout d’un tyran mais je ne leur donne pas raison. Mon frère a peut être des façons de faire particulières mais il a également de nombreuses qualités. Il n’est pas mauvais… »

Je fis une nouvelle pause. Fûma avait une façon assez radicale de juger ses guerriers, ses techniques de recrutement étaient bien éloignées des miennes, il avait fini par associé loyauté et peur ; cependant, il restait mon frère. Rivaux ou non, en guerre ou pas, c’était mon jumeau et en tant que tel, je ne pouvais le détester…

« Ce n’est pas à cause de Fûma que cette guerre s’est déclenchée. Fantastiqua était en guerre dans les temps anciens. Notre père a unifié ce monde et mis fin au bain de sang. L’harmonie régnait alors sur Fantastiqua, notre père en fut le Roi durant des années. Puis sa descendance est née : des jumeaux : Fûma et moi. Deux êtres si différents ne pouvaient gouverner sans scinder ce monde en deux. C’est pourquoi, pour ne point morceler ce monde de façon définitive, nous rassemblons nos armées afin de déterminer celui qui sera le plus apte à gouverner à la place de notre père. La force physique n’est pas ce qui compte le plus dans une guerre. Gagner une guerre demande réflexion et sagesse dans ses décisions. Le vainqueur prendra la suite du Roi sur le trône… »

Ayant une petite faim (j‘étais tout de même venu ici pour me restaurer à la base), je fis voler une corbeille de fruit jusqu’à nous en utilisant la force du vent. Je saisis un pomme et invita mes hôtes à faire de même s’ils le désiraient.

Violine écouta toute l'histoire, depuis la description de Fûma jusqu'à la conclusion, avec une attention toute particulière. Elle se représentait à présent parfaitement Fûma, autant physiquement que psychologiquement, et comprenait mieux le pourquoi du comment. Cependant, dans son esprit analytiquement logique, elle se demandait bien comment cette guerre pourrait un jour se terminer, sachant que les deux anges étaient prêts à tout pour être roi. Selon elle, il n'y avait donc aucune chance que l'un des deux prenne un jour place sur le trône et que cette bataille ridicule - aux yeux de la Kitsune - finisse. Pourtant, sa maman lui avait toujours appris qu'aucune guerre n'était éternelle, même si elle durait des siècles. Et puis d'abord, combien de temps ça pouvait bien vivre un ange? Et que se passerait-il si un des deux mourraient comme ça? Et d'ailleurs, ça pouvait mourir un ange? Violine se garda bien de poser toutes ses questions à Kanoë, pour être honnête, elle ne voulait pas savoir ce genre de choses.

Avec tout ça, il lui sembla presque tout à fait normal de voir une corbeille de fruit voler jusqu'à elle. Le prince prit un pomme et l'invita à choisir elle aussi un fruit. La Kitsune préférait de très loin la tendre chair d'une petite caille égarée mais les fruits, c'est bon pour la santé, c'est ce que disait toujours sa maman, et Violine écoute toujours les conseils de sa maman! Elle choisit alors une autre pomme et la croqua à pleine dents. Tout en mangeant, elle repensa à quelque chose. Et sa maman à lui? Il en avait une au moins? Oui, c'était obligé, il n'était pas né des nuages, comme ça, ce n'était pas logique. Et puis son père, il en pensait quoi? Surement qu'il devait approuver le fait que la guerre soit le seul moyen de départager ses fils mais la jeune fille ne pouvait s'empêcher d'imaginer la tristesse qu'il devait ressentir en voyant ses enfants se déchirer ainsi. Mais elle ne pouvait qu'imaginer, elle n'était pas à sa place. Après avoir fini sa pomme - oui, elle mangeait très vite - Violine se décida à poser au moins une des questions qui encombrait son cerveau.

" Dis Kanoë, tu as une maman? "

Oui, bon, encore une question bizarre, ou plutôt, une question très intéressante mais posée très bizarrement, voilà.

Violine prit une pomme dans la corbeille de fruit et la mangea à une vitesse qui me surprit. Peut-être que m’écouter lui avait donné faim après tout. Bref… Je sentais qu’au fond d’elle une multitude de questions se bousculaient. Pourtant, elle n’osait les poser. Je me gardai de m’infiltrer dans ton esprit pour en savoir plus. J’attendrai qu’elle décide de m’en parler. Après un petit instant de silence, durant lequel je terminai également mon fruit, Violine reprit la parole, osant une question.

- Dis Kanoë, tu as une maman ?

Je ne m’attendais vraiment pas à une telle question. Il est vrai que je n’avais évoqué que mon père et mon frère jumeau. Cependant, la question me déstabilisa quelque peu. Je ramenai mes deux jambes contre mon torse cette fois-ci et posai mon menton sur mes genou. D’une voix calme et douce, je répondis à Violine, aucune émotion ne se percevait cependant dans mes mots.

« Les anges sont en quelque sorte des demi-dieu. Mon père, le Roi de ce monde, est un dieu. Il s’est éprit d’une humaine et a unit sa vie à la sienne. Mon frère et moi sommes nés du fruit de cet amour… »

Je marquai une courte pause avant de poursuivre.

« J’ai donc une mère. Enfin, j’ai eu une mère serait plus approprié. Notre mère est morte peut de temps après notre naissance. Nous ne l’avons pas connu. Je n’ai aucun souvenir d’elle… Sa mort a profondément attristé notre père donc nous en parlions peu… »

Je marquai une nouvelle pause puis repris.

« Je ne sais pas vraiment ce que c’est que d’avoir une maman mais mon enfance fut très heureuse avec mon frère et notre père… Et toi ? Parles-moi de ta famille », finis-je en lui souriant.

« Je ne sais pas vraiment ce que c’est que d’avoir une maman »

Violine ne pouvait pas le croire. Il y avait certaines choses qu'elle acceptait, comme ça, dans son esprit infiniment analytique mais là... Comment pouvait-on survivre sans une maman? Après quelques secondes de frustration, elle raisonna avec un champ de vision plus large. Il est vrai que l'on ne peut rien faire contre la mort, quand elle a décidé de prendre quelqu'un, mieux vaut s'en tenir là et laisser faire. La Kitsune fut alors prise d'une compassion presque inconsciente pour Kanoë et son frère - bien qu'elle ne le connaisse pas. Ils ne pouvaient pas comprendre comme l'amour d'une mère est salvateur et permet de prendre un recul considérable par rapport aux situations. Pour sa part, les conseils de sa maman rythmeraient à jamais la vie de Violine et personne ne pourrait jamais lui faire oublier ces paroles mythiques comme : " La jalousie est un vilain défaut " ou encore " Juge sur le fond et non sur la forme ". C'était des petites choses mais cela pouvait réellement changer la vie, et d'une façon bien plus marquée que ce que l'on pourrait croire.

« Et toi ? Parles-moi de ta famille »

A cette question, Violine réfléchit un moment. Juste le temps de sortir de son état de réflexion pour sortir l'album de famille du tiroir adéquat.

" Moi? Mes parents sont des Kitsunes aussi, comme moi, et donc, Kitsune plus Kitsune ça fait : Kitsune!. Ma maman m'a apprit les bases de l'éducation alors que mon père m'a apprit à me défendre et à maitriser plus ou moins mes pouvoirs. On a tous vécu dans une immense forêt jusqu'à ce que je veuille partir pour voir plein de nouveaux paysages et plein de nouveaux genre. Pour les nouveaux paysanges, ça allait bien, pour les nouveaux gens, ça dépend. Et moi, j'adore ma maman. Elle a toujours raison et tout ce qu'elle dit, ça se réalise, je l'aime ma maman. "

A ces dernières paroles, Violine se mit à rougir. Mais vous savez, ce rouge, là, qui apparait quand on est tout content et qu'on sait pas vraiment pourquoi...

Et puis tout d'un coup... Pouf! A la place de Violine, il y eut un petit renard blanc aux yeux rouges. Elle se demanda un moment ce qui lui arrivait, et puis un baillement lui fit comprendre. Elle était bien fatiguée notre petite Kitsune. Elle s'ébroua un peu et rejoignit Kanoë sur la table pour se rouler en boule tout contre lui. Et là, Paf, elle s'endormit, toute contente d'avoir deux amis.

Violine me parla de sa famille. Elle éprouvait beaucoup d’amour et d’admiration pour sa mère. Sa maman comme elle l’appelait avait une place importante dans son cœur. D’un coup, Violine devint rouge tomate. Puis instantanément, elle changea de forme et redevint un petit renard. Je fus surpris de la rapidité de sa mutation. Violine avait laissé place à une petite renarde toute mignonne au pelage blanc et aux yeux rouges. Elle bailla puis sauta sur la table où j’étais assis. Elle se mit en boule contre moi et finit par sombrer dans le monde des rêves.

Je pris délicatement la kitsune dans mes bras en prenant soin de ne pas la réveiller. Je m’envolai avec elle dans mes bras jusqu’à sa chambre que Tarod m’indiqua. Là je la déposai en douceur sur son lit. En regardant Violine dormir paisiblement, je me surpris à penser qu’elle devait surement courir après des papillons dans ses rêves. Je sortis de la chambre silencieusement, ne souhaitant point réveiller ma nouvelle amie…

HRp : bon c'est court mais je savais pas trop quoi dire ^^'. On clot le Rp là ?

[HJ : Vi vi vi, je pense qu'on peut s'arrêter là =) A moins que Tarod veuille ajouter quelque chose mais je pense que non]

Edit Kanoë : Je parasite ton post histoire de ne pas trop flooder ^^. Bon ben je lock Wink