Le monde est aussi petit que la mer est vaste (PV Aéon - Lindoríe)

Je maudissais tous les joyaux du monde alors que cette engeance de sable investissait mes bottes et les replis de ma tunique sans vergogne. Rien ne me tentait davantage que l'idée de faire demi-tour mais je résistai car j'étais venu là pour accomplir quelque chose d'une importance capitale. C'est à dire que je ruminais encore mon dilemme et je trouvais nécessaire de faire un pas dans la direction que je ne parvenais pas à emprunter malgré ma volonté. Étais-je à ce point immature et incapable d'assumer mes responsabilités que je me défilais sans cesse ? La situation m'insupportait moins que ma propre réaction et ce fichu sable n'aidait pas à apaiser la colère que j'éprouvais envers moi-même. Un galet qui s'était égaré desservit mon humeur lorsque je m'en saisis pour l'expédier rageusement au large. Pas tout à fait soulagé pour autant, je me remis quand même à la recherche de petits trésors maritimes échoués en me désespérant d'en récolter si peu.

De fait, j'étais très occupé à extérioriser mes émotions, notamment de manière verbale, et je n'avais aucunement l'impression de m'approcher de mon but. J'en étais là, et las, de ma quête côtière quand j'entendis soudain, comme si l'océan lui-même l'entonnait pour me narguer, cette rengaine qui ne devrait plus me concerner :

"Gare à toi, Capitaine d'eau douce,
Te briserai les os,
Tu périras des flots,
Coulera ton vaisseau,
Tandis qu'à l'eau j'te pousse !

Oui, Capitaine, garde-toi vraiment,
De seulement m'croiser,
Si je puis t'attraper,
Promis, te crèverai,
Si vers toi mènent les vents !"

La voix avait le timbre du roulement des vagues et la légèreté d'une brise marine, de sorte que je cru avoir perdu la raison en scrutant l'horizon scindé en deux bleus distincts tout en me demandant si j'entendais vraiment ce chant émerger des flots. Il s'avéra bien vite que j'étais tombé dans un piège lorsque je sentis le désagréable picotement d'une pointe entre mes omoplates et que retentit une phrase que je pensais depuis longtemps ne plus jamais avoir à entendre :

- Tu es mort, grand farfadet.

Je me raidis, une goutte de sueur perlant soudain sur ma tempe pour atteindre mon menton en même temps qu'un frisson me secoua des cervicales aux talons. J'eus même le sentiment que mon sang s'était glacé dans mes veines et, ça je ne l'imaginais aucunement, mon coeur oublia de battre l'espace d'une seconde. C'était un véritable bond de le passé que je venais de faire, et je songeai encore que je pourrais me retourner pour me retrouver face à une illusion ou un fantôme. D'un ton calme et froid, sans avoir esquissé le moindre geste, je prononçai simplement :

- Ciryaheri...

HRP:

Le monde est aussi petit que la mer est vaste (PV Aéon - Lindoríe) Frise_12

Quel paysage émerveillant que cette rivière d'or qui se coulait tranquillement au large des terres en se jetant tout du long dans le grand bleu dévorant des eaux salées. La sensation du sable entre mes orteils était divine, les cris des mouettes avait quelque chose d'apaisant, mais plus que tout le roulement des vagues qui m'éclaboussaient à intervalles irréguliers me berçait comme seule une voix maternelle aurait pu le faire pour son enfant. J'étais très exposée malgré la bise et la timidité du soleil qui ne répandait qu'une chaleur tiède constamment inhibée par l'assaut des courants d'air. Je n'avait sur moi qu'une bande de velours pour couvrir ma poitrine et une sorte de pagne de la même étoffe. Une couture dans ce dernier me permettait d'y accrocher une flûte traversière sans avoir à me soucier de la tenir pour lui éviter de tomber. J'avais également attaché mes cheveux en queue haute pour dégager ma nuque et laisser les rayons solaires courir jusqu'à mes racines, et m'étais épargnée le port du moindre ornement superflu.

C'est en flânant que j'avais découvert des traces de pas et m'étais résolue à les suivre, curieuse tout simplement. Elles se brouillaient en trajet désordonné par endroit avant de repartir plus à l'est. La personne que je suivais devait chercher quelque chose supposai-je. Je la distinguai bientôt détour d'une coudée sans pouvoir distinguer encore ses traits, mais elle paraissait petite. Sans doute un enfant à la recherche de coquillages. En m'approchant dans son dos, j'assistai à l'un de ses écarts de trajet et la vit saisir un objet par terre et le considérer un instant pour finalement l'expédier à l'eau d'un geste hargneux. Ce n'est qu'à cet instant furtif que j'aperçus son profil et son front dissimulé sous une bande ocre, réalisant enfin que cette tignasse rouge ne pouvait appartenir qu'à une seule personne. Je contournai légèrement son sillage pour ne pas me faire voir prématurément et entamai, d'une voix qui se voulait l'incarnation des flots et des vents, l'hymne menaçant que je lui avais transmis quelques années plus tôt :

Gare à toi, Capitaine d'eau douce,
Te briserai les os,
Tu périras des flots,
Coulera ton vaisseau,
Tandis qu'à l'eau j'te pousse !

Oui, Capitaine, garde-toi vraiment,
De seulement m'croiser,
Si je puis t'attraper,
Promis, te crèverai,
Si vers toi mènent les vents !

Et j'obtins l'effet désiré : le petit individu s'absorba dans la contemplation du large en ignorant totalement ma présence. Je dégotai au passage un bout de bois un peu pointu et le dardai entre les épaules de ma victime que j'avais approchée par derrière à pas feutrés. "Tu es mort, grand farfadet." lui murmurai-je au creux de l'oreille, ce qui m'avait forcée à m'abaisser. Il se figea un instant avant de prononcer mon nom d'emprunt avec une froideur qui me peina.

Laissant tomber mon simulacre d'arme, je lui flanquai une tape dans l'épaule pour l'inciter à se retourner. Dénué d'expression, il opposa son regard de pierre au sourire radieux que je lui destinai. Malgré les années, lui comme moi n'avions guère changé étant donné que nous appartenions tous deux à des races qui jouissaient d'une longue période juvénile. "Ha ! si je m'attendais à revoir un tel ami !Mais dis-moi, que fais-tu ici ? As-tu fui pour éviter les ennuis ? Guetterais-tu à l'horizon les voiles de La Clef de Fa ? T'aurais-je par hasard tant manqué que cela ? Le fait de me revoir semble te laisser froid.

Comme il semblait rester imperturbable, j'abandonnai mon sourire joyeux pour en afficher un plus timide et sincère. Je pouvais aussi bien m'exprimer sans rimes avec lui, il me connaissait autrement que n'importe qui d'autre. "Tu pourrais au moins faire semblant d'être content de constater que ton capitaine se porte bien, après que tu l'aies lâchement abandonné. Moi je m'étais inquiétée pour toi, et finalement je te retrouve tout aussi têtu et coléreux que le jour où l'on s'est dit adieu." Je fis une courte pause après ce sermon guilleret et enchaînai avec mon ton le plus attendrissant : " La fureur bout toujours aussi fort en toi, n'est-ce pas ? Veux-tu que je t'apaise ?"

Me laissant tomber au sol pour m'y agenouiller, je lui offris ma mine innocente en tapotant la flûte traversière du bout des doigts.

L’énervement, l'agitation, l'agacement c'était peu être les émotions qui m'animaient ces derniers temps, si ce n'était la présence de Danaé a mes côtés qui m'évitait de devenir vraiment maussade...par ailleurs c'était aussi à "cause" d'elle que je m'énervais autant de l'absence d'une personne, qui délestait un peu ses fonctions de père.

Peut-être, pensait-il faire bien en contribuant à nos besoins niveau financier, mais là n'était pas l'aide que je lui avait demandée, lorsque j'avais finalement accepté le fait que j'allais être mère. Subvenir à nos besoins...je le pouvais moi aussi, je peux chasser, pour nous nourrir, je peux aussi travailler et partir faire des quêtes, mais pas avec la petite sur les bras.

Non je pense qu'il n'a pas comprit le sens de ma demande, ce n'est pas un soutient financier que je demande, c'est sa présence auprès de moi, peut-être a t'il oublié le fait, que je sois un danger constant pour Danaé, que je passe mes journées a angoisser à la moindre contrariété se présentant à moi. Elle n'est pas en sécurité avec moi, elle ne l'a jamais été.

Prise dans mes idées noires je n'avais pas fait attention, à la direction que j'avais prise et c'est quand, les bonds de la petite créature en face de moi, attira mon attention que je me rendis compte que la terre se dérobait sous mes pattes, prenant plus attention au paysage, je reconnu assez vite la plage où il y a un an bien fait maintenant j'avais rencontré Eressea.

Danaé malgré son jeune âge réel se présentait maintenant sous l'aspect d'une petite créature d'à peine 30 cm, âgée de 2 mois, elle se réjouissait, de plage devant-elle et de la marée, c'était la première fois quelle apercevait la mer, je marchai lentement derrière elle, mon état ne s'étant pas du tout amélioré, avec le stress perpétuel que je devais supporter, je balayai la plage du regard, finalement ce n'était pas plus mal, ce changement de décors pour faire reposer mon esprit torturé...

La houle mena jusqu’à moi la voix de deux personnes pas loin de là, semblant reconnaître l'une d'entre elles, même si ce fut très court, je me dirigeai sans vraiment m'approcher pas sûre de ce que j'avais entendu, mon esprit avait peut être imaginé aussi cette fois. M'arrêtant un instant sur le haut d'un monticule de sable, je tournai la tête lasse, vers les deux personnes, avant de la secouer un instant et fixer de nouveau les deux personnes...

"Kael ?" Prononçai-je a voix plus haute que je ne l'avais penser, observant la scène qui se déroulai devant moi, mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines, mes pupilles se rétractèrent d'un coup se pigmentant de rouge, je ne sais pas ce qui se passe là sur la plage, qu'est-ce que foutait cette femme, a genoux face à Kael et lui finalement, que fessait-il réellement au finale ? A quoi jouait-il ? A y penser je ne connais rien de lui, en cette instant je ne sais plus sur quel sentiments danser, l'angoisse et la colère de savoir les liens de Kael avec cette jolie femme ?

Indécis quant à l'attitude à adopter face à Ciryaheri, j'allais lui répondre quand retentit un cri étouffé depuis les dunes :

- Kael ?

La douche fut aussi froide que lorsque l'arme factice avait appuyé entre mes omoplates. Levant les yeux vers Aéon, éblouit par le soleil qui s'élevait derrière elle, je compris que je m'étais malgré moi retrouvé dans une situation délicate et que j'aurais des comptes à rendre. La vision de Danaé auprès d'elle acheva de me retourner le coeur qui faisait déjà de furieux bonds pour s'évader par ma gorge, aurais-je juré.

- Aé... Aéon ? balbutiai-je, plein d'étonnement.

J'étais venu là expressément pour lui faire une surprise et voilà qu'elle me trouvait en compagnie d'une personne qui avait toute les chances de mettre le feu aux poudres. Pour la surprise, elle serait servie : je n'avais jamais mentionné mon passé de hors-la-loi dont j'étais peu fier, ce qui rendait encore plus compliquée l'explication de l'existence de Ciryaheri. Et malgré tout, j'avais encore beaucoup de respect et d'affection pour cette dernière, il était donc exclu que je nie avoir le moindre lien avec elle. D'ailleurs je reportai mon regard sur mon ancien capitaine et constatai qu'à son air innocent avait déjà succédé un sourire bien moins rassurant. J'étais resté bête en la retrouvant alors que cela n'avait rien d'anecdotique et je pouvais m'attendre à ce qu'elle me le fasse payer cher. J'étrécis les yeux en la dévisageant sévèrement.

- Songes seulement à me faire le moindre coup tordu, et je te ferai avaler tellement de poudre que la moindre étincelle te fera traverser l'océan sans même que tu en voies la surface. lui murmurai-je entre mes dents serrées.

Puis je regardai à nouveau Aéon et lui fis de grand signes pour qu'elle approche. Je la devinais très énervée et il me faudrait bien accepter la proposition de Ciryaheri, mais pas pour ma propre colère. Cependant, j'aurais beau lui demander, la supplier à genoux même, je n'avais pas la moindre garantie de bénéficier de sa coopération. Des coulées de sueurs froides m'inondaient le dos lorsque je lançai à voix portante :

- Je te présente Ciryaheri. C'est une barde que j'ai rencontré durant mes voyages. Cela éludait une quantité non négligeable de détails, mais au moins c'était vrai. Elle joue extraordinairement bien, tu devrais l'entendre au moins une fois. Ciryaheri, tu veux bien nous faire l'honneur d'une petite sarabande ? Cela fait trop longtemps que ta musique n'a plus ravi mes oreilles.

J'espérais qu'en la flattant, l'Elfe serait plus encline à accéder à ma requête. J'eus l'impression que le temps s'était figé en attendant qu'Aéon fasse un pas ou que Ciryaheri esquisse un geste ou, pire, fasse aller sa langue acérée.

HRP:

Une étrange créature venait d'apparaître, hélant Kael depuis une butte non loin de nous. Son arrivée ne semblait pas vraiment ravir mon ancien camarade dont le visage trahissait un certain malaise d'angoisse. Il se crispa davantage encore lorsqu'un autre animal, plus petit, apparut aux côtés du premier. J'ignorais quel était le lien entre eux, mais la tension était palpable et je me sentis d'un coup très excitée par les événements, ce qui se traduisit par un sourire malicieux que je ne pus retenir. Kael le remarqua et n'hésita pas à me menacer, ce qui n'avait rien d'étonnant car il savait combien j'aimais mettre le feu aux poudres pour mon seul divertissement. Mais je résistai à l'envie de l'embarrasser, uniquement parce que j'avais besoin de lui cependant et que ce n'était pas le moment de le contrarier alors que j'envisageai de lui formuler ma requête. Il me présenta comme une barde, éludant complètement notre carrière commune mais je ne m'en offusquai pas. Même moi j'évitais de crier sur les toits que j'avais été pirate alors que je poursuivais sans réelle discrétion mes activités illicites. Je m'emparai de ma flûte en me relevant, chuchotant au passage à Kael : "Je te fais une fleur, tu me devras un bouquet."

"Bonjour, Aéon, c'est bien cela ?" repris-je à voix haute. "Etrange personnage que voilà, mais les amis de Kael sont mes amis également. Je serai honorée de vous démontrer mes talents, si vous acceptez de m'accorder un instant."

Je n'attendis pas la réponse en vérité et portai tout de suite l'instrument à mes lèvres pour entonner l'air réclamé par Kael. Les premières notes s'échappèrent, lentes et paisibles, pleines de douceur telles les nuages d'un ciel d'été paresseux. En y mettant tout mon être, j'insufflai à cette mélodie les vertus apaisantes que j'avais proposées plus tôt et les effets devraient rapidement se faire ressentir. Je me doutai que ce n'était pour lui qu'une diversion, mais cela m'arrangeait d'avoir l'occasion de calmer les tourments de Kael afin de le prédisposer à m'écouter par la suite. C'était une aubaine de l'avoir retrouvé ici alors que je ne connaissais personne et il était mon meilleur espoir pour me remettre à flots.

Vu l'air incrédule de Kael à moi, je compris assez vite que j'étais certainement arrivé au mauvais moment aux mauvais endroits... Il me présenta la femme devant lui et me proposa d'écoute ses chants, non mais il croit que je vais laisser passer ça, sans rien dire? Je m'approchai d'eux les fusillant du regard, la femme commençant à jouer de son instrument, je me mis à gronder, mais pour une raison bien étrange, mon cœur ralentit, ainsi que la tension de mon corps. Je n'en comprit par la raison, mais je ralentis le pas, reprenant doucement un état d'esprit plus calme.

- Bonjour Ciryaheri, si j'ai bien compris...à vrai dire je ne suis pas qu'une simple amie de Kael.

Tournant les yeux vers ce dernier, Danaé vient à mes côtés, regardant les deux personnes de la même manière, c'est vrai Danaé n'a jamais passé un seul moment avec Kael, elle ne le connaît pour ainsi dire pas, alors pourquoi aurait-elle foncé vers lui, les bras ouverts ? Aéon grimaça un peu, les muscles et les os de son corps la tiraillant, sa fourrure se détachant de son corps et s'envolant pour devenir poussière, son anatomie d'animal se déforma pour devenir celle d'un humanoïde, seule la queue et les oreilles animales restant là, couverte par ma cape venue avec le cercle qui s'active de lui-même quand je passe d'une forme à l'autre.
Danaé ne tardant pas m'imiter, elle prit la forme entière d'une petite fille d'1 ans, le cheveu mi-long presque aussi rouge que ceux de Kael, l'oeil gauche vert et l'oeil droit bleu. Son visage enfantin rappelant celui d'Aeon mais tout comme sa chevelure rappelant les traits d'un certain nain ici présent.

Soulagé par la réaction de Ciryaheri, je tressaillis tout de même lorsqu'elle décréta que j'aurai une dette envers elle. Elle savait que je me sentirais obligé de la combler, et elle en profiterait sans doute largement. Je songeai qu'elle ne ferait qu'attendre le bon moment pour accomplir sa petite revanche, mais mon inquiétude se dissipa très vite une fois qu'elle commença à jouer de sa musique envoûtante. Cela sembla fonctionner sur Aéon également car elle parut plus calme après nous avoir rejoint à une allure de furie. L'Elfe arrêta sa mélodie pour l'écouter parler.

- Bonjour Ciryaheri, si j'ai bien compris...à vrai dire je ne suis pas qu'une simple amie de Kael.

Elle me jeta un regard avant de reprendre sa forme hybride et je m'empressai d'ajouter :

- En effet, Aéon est ma compagne et voici notre fille Dan...

Je m'interrompis, restant bouche bée devant l'apparence humaine de ma propre fille. Elle était déjà si grande ? Il est vrai que je ne l'avais pas beaucoup vue, si ce n'est de loin ou brièvement, depuis sa naissance qui remontait à... combien de temps déjà ? Trois ou quatre mois, peut-être moins ? Le temps m'avait semblé si long et je comptais plus les jours ni les nuits sans sommeil qui s'écoulaient inexorablement alors que je m'emmurais dans l'indécision. Toujours est-il qu'en voyant cette petite fille qui semblait avoir un an à peu près, mon estomac se retourna, vrillant mes entrailles d'une vive crampe douloureuse que j'accusai tant bien que mal. Ma fureur se raviva d'un seul coup, mêlée de profonds regrets et d'une mélancolie qui me troubla. Ciryaheri se tourna vers moi pour m'adresser un clin d'oeil qui voulait autant dire "de rien" que "tu m'en dois une", mais je l'ignorai et m'accroupis pour tendre les bras vers Danaé.

- Bonjour ma chérie, comme tu es belle !

C'était maladroit, mais je n'avais pas la moindre idée de comment l'aborder alors qu'elle ne semblait même m'accorder d'affection particulière. A quoi m'attendais-je ? Je l'avais abandonnée autant que sa mère depuis le jour de sa naissance, me bornant à ramener de l'argent pour subvenir à leurs besoins sans jamais m'attarder avec elles. Et même maintenant que je comprenais à quel point j'étais idiot d'agir ainsi, l'envie de m'enfuir me tiraillait encore. D'autant plus que Danaé ne vint pas vers moi, elle me regarda comme un étranger puis consulta sa mère en la fixant avec un air interrogateur. Ce fut comme un coup de poignard dans le coeur et une évidence s'empara de moi : je voulais être loin d'ici. Cette scène m'était insupportable et je priais pour que ce ne soit qu'un rêve, que j'avais finalement sombré dans un profond sommeil après tant de veilles et que j'allais me réveiller dans les bras d'Aéon qui me regarderait avec un air bienveillant et plein de sentiments. Mais pour l'instant j'étais coincé dans ce cauchemars et je fixai ma compagne, désemparé. Son regard était comme éteint, elle ne souriait pas. Je voulus l'appeler mais son nom resta coincé dans ma gorge et m'étrangla. Ce n'était pas un rêve, c'étaient les conséquences de mes erreurs.

Il me fallut quelque instant pour me remettre les idées en ordre. C'était déjà une bien étrange surprise que d'avoir retrouvé ici mon ancien second, mais apprendre que ce nigaud s'était acoquiné avec un être à moitié animal fut une découverte des plus troublantes. Je pouvais concevoir qu'un homme aussi bourru se satisfasse de la tendre douceur d'une femme et encore moins qu'il soit parvenu à en séduire une. J'aurais volontiers laissé échapper un sarcasme si je n'avais pas croisé le regard du Nain lorsqu'il vit sa fille. Il s'accroupit en ayant plus l'air de tomber qu'autre chose et tendit les bras vers elle, mais la petite se tint à distance. Je n'eus pas besoin d'imaginer la peine que Kael ressentit à cet instant, elle apparut sur son visage en se mêlant à une expression que je lui connaissais bien : cette colère lasse et empreinte de désespoir qu'il affichait la plupart du temps lorsqu'il se battait pour moi, à l'époque. La compassion me vrilla le coeur et je me demandai ce qui avait bien pu se passer en songeant que je poserais la question une fois seule avec lui.

Je m'attardai sur la dénommée Aéon, mais son visage semblait fermé. Ses yeux manquaient d'expression et ses traits paraissaient figés. J'avais peut-être apaisé certaines émotions en jouant de la flûte, mais il devait y avoir un malaise bien plus profond auquel je ne pouvais sans doute pas remédier. De toute évidence, ces deux-là avaient bien des choses à se dire, mais je ne me sentais ni de jouer les médiatrices ni de renoncer à l'aide que Kael pourrait m'apporter. Je décidai d'établir clairement mes attentes avant que plus personne ne prête d'attention à moi. "Je suis vraiment enchantée de vous rencontrer, mais j'aurais une requête à formuler. Il se trouve qu'un bien précieux m'a été volé, et Kael peut m'aider à le retrouver. Pourrais-je éventuellement l'emprunter ? C'est promis je vous le rendrai, avant que la prochaine lune soit levée."

Bon, je n'étais pas tellement sûre d'atteindre mon objectif avant le délai annoncé, mais l'essentiel était que je puisse repartir avec Kael sans que sa compagne ne se mette en rogne ou se découvre la lubie de se joindre à nous. J'avais quand même un secret à conserver et le Nain était le seul impliqué dedans. Pour essayer de me rendre plus convaincante, je tentai de doter mon visage d'un sourire rassurant mais j'eus comme l'impression de dévoiler mes dents en une moue de carnassier avide. Il me fallait Kael, coûte que coûte, et je l'aurais.

La surprise de Kael face à l'âge avancé de Danaé, à force d'être aussi absent, il avait manqué pas mal de chose de cette fillette qu'il connaissait à peine, elle-même me dévisageait se demandant ce que pouvait bien lui vouloir le nain, je la poussai légèrement pour qu'elle comprenne qu'elle pouvait répondre à son appel et c'est d'un pas lent et pas certain qu'elle s'approcha de lui.

L'observant un instant avant de reprendre ce sourire éternel qu'elle avait toujours aux lèvres, au final même si elle ne le connaissait pas vraiment, elle avait très bien assimilé ce qu'il représentait; il était aussi sa famille et donc une personne qui l'aime et la protège, cette simple penser, lui suffit pour finalement s'accrocher a son pantalon, avant de se tourner vers l'elfe qu'elle observait avec intrigue malgré son jeune âge.

Aéon pas vraiment calmer, mais plus apte à écouter ce qu'avait à dire Lindorie, même si sur le coup, elle aurait préféré lui demande de disparaître aussi vite qu'elle n'était apparue, elle ne pouvait s’empêcher de penser, que de toute façon, elle ne pouvait retenir Kael, elle s'était faite à son éloignement, enfin ce n'était même pas ça, elle avait toujours eu l'habitude d'être solitaire et ce n'était pas vraiment ce qui lui posait problème.

Enfin elle soupira, levant les yeux vers Lindorie, agitant sa queue nerveusement.

-Soit, si vous avez besoin de son aide, je ne le retiens aucunement, de toute façon, ce n'est pas sa famille qui semble le retenir. J'espère que tu retrouveras ce que tu cherches Lindorie.

Elle fit signe à Danaé, qui hésita un instant, elle était contente elle d'être pour une fois près de son père, la rousse reprit sa forme animale, sous le regard ennuyée de sa fille, s'éloignant un peu des deux autres, elle ne pouvait forcer sa fille à quitter son père, elle partit donc s'allonger plus loin, mais si Kael venait à s'approcher, ce serait avec les crocs dévoiler qu'elle l’accueillerait.

Merci Ciryaheri, tu m'aides beaucoup... songeai-je sarcastiquement suite à sa déclaration. Déjà qu'il était plus que gênant qu'Aéon m'ait retrouvé juste après elle, si en plus elle réclamait que je l'accompagne faire je ne sais quoi, ma chère compagne allait probablement avoir quelques idées pour m'étriper. Mais je fus distrait un instant alors que Danaé sembla enfin me reconnaître et m'agrippa. Je dus retenir une exclamation de joie en me penchant sur elle pour la prendre dans mes bras et tournoyer avec elle. Mais mon allégresse s'évapora brutalement lorsque j'entendis la voix d'Aéon.

- -Soit, si vous avez besoin de son aide, je ne le retiens aucunement, de toute façon, ce n'est pas sa famille qui semble le retenir. J'espère que tu retrouveras ce que tu cherches Lindorie.

Je reposai Danaé au sol et me tournai vers ma compagne pour protester mais elle m'ignora et fit signe à notre fille avant de s'éloigner sous sa forme animale. Danaé la regarda en faisant un pas en avant mais je ne pus m'empêcher de poser ma main sur son épaule.

- Tu veux bien jouer avec papa un petit peu ? Faisons un château de sable, d'accord ?

Elle me regarda avec ses grands yeux brillants et hocha de la tête en guise d'acquiescement. Je lançai un regard de travers à Ciryaheri.

- J'imagine ne pas tellement avoir le choix. Mais je te prends au mot : à la nouvelle lune nos chemins divergeront de nouveau et je ne travaillerai plus jamais avec toi. Ce n'est pas contre toi, c'est la voie que tu empruntes qui ne me convient pas. Et avant de partir, j'ai l'intention de passer un peu de temps avec ma fille.

Je lançai un regard vers Aéon, elle affichait sa mine boudeuse reconnaissable même sous cette forme. Je ne pourrais profiter que de la présence de Danaé, mais c'était mieux que rien. Je l'emmenai plus près de l'eau pour utiliser du sable mouillé afin de bâtir un simulacre d'édifice fortifié un peu bancal. C'était plus que satisfaisant pour une fillette de son âge et j'érigeai mon propre château un peu miteux pour ne pas vexer son sens artistique d'enfant. Ceci fait, je lui contai l'histoire d'un roi et d'une reine, siégeant chacun dans leur propre forteresse de pierre et se disputant sans cesse, rendant le peuple malheureux. Je lui expliquai que la reine attendait certaines du roi mais que ce dernier avait trop de problèmes pour faire ce que demandait la reine. Puis je lui dis que le roi finit par régler ses ennuis et se réconcilia ensuite avec la noble dame, à la grande joie du peuple, et qu'à la fin tout le monde était heureux. Je conclus en lui parlant des festivités qui suivirent, que des cracheurs de feu invoquèrent maints tours de magies pour fêter cette paix retrouvée. En guise d'illustration, j'allumai de tout petits artifices qui produisaient de belles étincelles qui retombaient gracieusement sur les bâtiments de sable.

Tout cela avait duré un certain temps sans que Ciryaheri ne bronche ou qu'Aéon semble s'impatienter, mais il fallait bien que je rende Danaé à sa mère et que je me résigne à accomplir la volonté de mon ancien capitaine. Je pris la poignée de coquillages que j'avais amassés avant d'être interrompu. Ils auraient dû servir à fabriquer un collier pour Aéon mais je n'en avais pas suffisamment. Avec la pointe de ma dague, je fis un petit trou dans chacun d'eux avant de les lier avec un fin cercle de jade et je passai le bijoux artisanal autour du cou de Danaé en lui souriant.

- Dis bien à maman que je l'aime, autant que toi ma chérie. Mais comme le roi, j'ai quelque chose à faire avant de vous rejoindre.

Je renvoyai ma fille après l'avoir tendrement étreinte et m'adressai à l'Elfe d'un air résolus.

- Jusqu'à la prochaine lune. Je ne risque pas ma peau, et je ne fais rien d'illégal. Et pas de cachotterie.

Alors que la rousse s'en allait d'un air boudeur, j'éprouvai une pointe de culpabilité à l'idée de la séparer de Kael. Mais cela me passa vite, ça n'avait aucune sorte d'importance pour moi tant que ce dernier accédait à ma demande et que je récupérais la Clef de Fa à la fin. En revanche, je fus bien obligée de prendre mon mal en patience lorsque le Nain me déclara froidement qu'il allait rester un peu auprès de sa fille avant de me rejoindre car je connaissais bien le ton qu'il avait employé et savais que même moi je ne pourrais m'y opposer. J'assistai donc péniblement au spectacle puéril de leurs activités et souffris en silence durant la narration maladroite d'une histoire à dormir debout, dénuée de rythme ou de poésie, construite au hasard des mots aurait-on dit. Mon intuition me dit que c'était là une façon déguisée d'expliquer à la petite pourquoi son père devait partir, et j'en eus la confirmation lorsqu'il lui dit au revoir.

Je m'avançai vers lui tandis que la petite s'éloignait, mais marquai une pause quand il me regarda avec son expression la plus sérieuse pour m'énoncer ses conditions. J'aurais fait taire une telle audace venant de n'importe qui d'autre, mais Kael avait le don de me tenir tête et de me faire regretter mes tentatives pour l'obliger à m'obéir. Aussi soupirai-je avec résignation. "Tu n'as vraiment pas changé. J'accepte tes conditions, mais j'aimerais quand même te dire quelque chose." Je baissai le ton pour être sûre qu'Aéon ne m'entende pas. "Je sais que tu cours encore après ta vengeance. Au risque de déplaire à ta Dame je veux bien m'allier à toi et te prêter ma force de frappe pour assaillir ta montagne. Seulement, cela me semble compromis si tu me quittes dès la prochaine lune..." Je lui souris en affichant des yeux doux. Il ne savait pas encore que je devais avant tout récupérer la Clef de Fa pour reconstituer un équipage et lui prêter main forte dans son désir de vengeance, mais la perspective d'accomplir son objectif de toujours pourrait peut-être le décider à me suivre sans discuter et à se soumettre à mes ordres. C'était là ma meilleure chance de parvenir à le manipuler un tant soit peu. "Allez, mettons-nous en route, je t'expliquerai de quoi il retourne en chemin. J'ai assez de sable entre les orteils comme ça." Je me tournai vers Aéon qui affectait une indifférence détachée en nous regardant et ne pus résister à la tentation de souligner ma victoire. Je lui dédiai un clin d'oeil plein de défi : Kael venait avec moi. "Au revoir, chère Aéon." lançai-je avec un peu trop d'enthousiasme.

HRP : J'ai lu vos anciens sujets pour mieux comprendre l'histoire entre Kael et Aéon et m'inspirer pour cette réponse. Je sais que ça fait un peu méta mais je considère que Lin' connait assez Kael pour deviner et comprendre certaines choses. Si ça ne vous convient pas, j'éditerai.

Elle écoutait au loin sans regarder père et fille jouée, bien sur que Danaé était contente c'était un enfant, tout enfant aimé jouer avec ses parents même sur le coup elle devait plutôt passer de l'un à l'autre, elle était loin d'être naïve pour son âge, elle avait bien compris, ce que cherchait à lui faire comprendre Kael. Elle lui avait sourit, profiter de cet instant avant qu'il ne parte. Oui elle avait bien compris que c'était sans doute la dernière fois qu'elle le verrait, peut-être le croiserait-elle plus tard. Mais au vu de sa croissance rapide, elle serait sans doute plus âgée.

Aéon avait tendu l'oreille soupirant en levant les yeux au ciel, elle ne doutait pas que les dires de l'homme à l'instant soient réels, mais elle doutait de son réel retour une fois qu'il suivrait son ancienne camarade. Alors que Danaé revenait vers elle, elle se releva n’adressant qu'un bref regard au nain, puis s'arrêtant sur les yeux de l'elfe.

Son sang avait déjà pas mal chauffé pourtant, elle ne réagit pas comme elle l'aurait fait peut-être un peu plutôt. La blonde avait gagné et elle le lui fessait bien comprendre, elle garda ses yeux fixés sur ceux de l'elfe, affichant un sourire narquois, au peu comme pour lui faire passer le message. "Tu ne blesses pas" elle fit demi-tour, emportant la fillette avec elle et disparut au travers des dunes, comme elles étaient arrivé.

Elle ne voulait pas courber l'échine devant Ciryaheri et ne manifester aucune peine devant Kael. Pourtant là à l'intérieur, ses entrailles se déchirent et saignent, elle qui au final avait réussi à repousser l'entité, se voyait cette barrière se briser d'un coup. Au final peut être pour eux tous valait-il mieux qu'elle s'en aille, maintenant il ne lui resterait plus qu'à éviter de croiser d'autre personne et encore moins des êtres en parties démons ou elle risquerait de ne plus répondre d'elle.

(Aéon Out => pleine de Nurnen "Infernum et Astéria")

HRP:

La déclaration de Ciryaheri me plongea dans la perplexité la plus totale, elle qui avait toujours refusé de mener son équipage contre Sombre-Cristal m'offrait spontanément cette opportunité en échange d'un service qui, compte tenu du délai, devait être insignifiant. Je la dévisageai avec suspicion. Cela flairait le piège mais quand bien même ce n'était que pour m'appâter, je savais qu'elle tiendrait parole. Comment refuser ? Le désir ardent qui me démangeait depuis toujours plus accessible que jamais. Lorsque j'avais quitté Ciryaheri, sa flotte comptait trois vaisseaux, chacun doté d'un équipage complet sélectionné avec soin, l'élite de tous les continents. Même sans l'avantage du nombre, une telle bande marchant sur ma montagne natale avait toutes ses chances de la raser. Ceci fait, je n'aurais plus à m'inquiéter de mon passé et pourrai revenir auprès de ma famille couler des jours heureux. Même si cela impliquait d'obéir de nouveau au capitaine cruel et manipulateur que pouvait être l'Elfe et de payer le prix, quel qu'il soit, qu'elle en demanderait, l'occasion était trop belle pour refuser.

- Très bien, je suis disposé à t'écouter. Qu'attends-tu de moi exactement ?

Elle ne répondit pas tout de suite. Elle semblait distraite, le regard tourné vers Aéon qui repartait à l'opposé de nous. J'eus l'impression d'avoir raté quelque chose, mais impossible de déchiffrer le sourire énigmatique que ma compagne affichait, et je ne sus que penser de celui de Ciryaheri quand elle se retourna vers moi. Il pouvait aussi bien vouloir dire "je cache quelque chose" que "je suis heureuse de repartir avec toi", et je n'avais aucun moyen de deviner ce à quoi elle pensait en cet instant. J'avais beau l'avoir longtemps fréquentée, elle était suffisamment douée pour m'induire en erreur concernant ses intentions. Tant pis, je verrais bien assez tôt. Je fis un signe de la main à Aéon et Danaé puis repartis en appréhendant à la fois la requête de Ciryaheri et l'attitude de ma compagne à mon retour.

________

[Kael out]

Aéon se détourna de moi avec un sourire par lequel elle entendant préserver son orgueil mais je n'aurais su dire s'il était sincère ou si ce n'était qu'une façade pour ne pas céder face à moi. Je m'intéressai ensuite de nouveau à Kael qui baignait visiblement dans la perplexité, mais il m'avait dit être prêt à m'obéir de nouveau, ce qui était l'essentiel, quels que fussent ses doutes. Je lui racontai d'un ton sincèrement accablé quelle avait été la mésaventure qui m'avait menée ici par un hasard qui était devenu mon plus grand réconfort. "L'équipage du Menuet s'est mutiné, ils ont coulé la Sonate avant de s'emparer de la Clef de Fa. Ils ont agi avec une fourberie sans nom pour y parvenir, et au lieu de me faire l'honneur de m'assassiner par le fer ces ahuris ont trouvé qu'il serait ironique de me noyer en me poussant à l'eau. Heureusement, j'ai réussi à me maintenir à la surface jusqu'à ce que le courant me fasse dériver sur ce continent et je me suis échouée à Calembel. J'ai été obligée de me refaire une santé financière par les moyens que tu imagines et j'ai pu me racheter quelques instruments, mais c'est mon bateau que je veux le plus. Et la mort des traîtres."

Je le laissai digérer l'information un moment. Il allait comprendre que je ne pourrais pas lui fournir ce qu'il attendait de moi pour assouvir sa vengeance et il m'en voudrait. D'ailleurs il m'adressa un regard réprobateur qui me glaça le sang, mais je savais que sa loyauté était sans faille et qu'il ferait le nécessaire pour répondre à mes espoirs. Le tout serait de retrouver la Clef de Fa et il nous faudrait un bateau pour cela. Peut-être une poignée de mercenaires, mais je connaissais la force ravageuse de la fureur de Kael et comptait dessus pour que les mutins découvrent le goût de leur félonie. Afin d'éluder le sermon silencieux avec lequel il m'oppressait, je lui pris la main et l'entraînai presqu'en dansant avec un éclat de rire vers le sud. Direction Calembel.

[Lindoríe out]

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Le monde est aussi petit que la mer est vaste (PV Aéon - Lindoríe)

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