Le bois aux renards (PV Quamarie)

Ângmâr, je détestais cette contrée. J'y étais venu la première fois avec Tsukiyo en quête de cette fameuse prophétie et c'est finalement la mort que nous avions trouvé. La Kitsune avait choisit de se sacrifier pour nous protéger, la louve et moi, contre cette engeance démoniaque qui courrait encore librement à l'heure actuelle. Pourtant j'y revenais, évitant cette fois le désert au profit d'un itinéraire sylvain qui était certes plus long mais plus adapté. Je n'aurais de toute façon pas pu supporter de fouler à nouveau l'étendue sableuse qui avait vu périr mon ancienne compagne de voyage.

Je me déplaçais bien sûr de nuit, sous couvert de l'obscurité en plus du feuillage des cimes que je parcourais en bondissant agilement. Le mouvement que j'avais démarré à Hadrion avait prit une certaine ampleur et les sympathisants que j'avais rallié à ma cause écumaient Nürnen en éradiquant toute créature de l'ombre croisée, quoique certains malencontreux débordements aient eu lieu. De fait, je devais aller assez loin pour chasser moi-même car mes "Renards" ne s'aventuraient pas encore dans les contrées jouxtant le territoire nürnien. Bien sûr, nous devions étendre nos activités sur tout Fantastiqua mais cela viendrait avec le temps. Pour l'heure, je traquais personnellement les engeances hantant Ângmâr et j'irais m'occuper de l'autre région plus tard. La chasse n'était pas très bonne, les environs semblaient peu fréquentés par les loups-garous et Duvaile ne décelait pas souvent une proie à abattre malgré le large périmètre qu'il ratissait pour les débusquer.

Comme la nuit était tranquille, je finis par descendre de mon perchoir afin de récolter des branches et brindilles destinées à l'édification d'un humble autel dédié à mon dieu, que peu d'offrandes viendraient décorer mais peu importait. Une fois mon bricolage improvisé terminé, j'utilisai le surplus de matériaux récolté pour démarrer un feu de camp qui ne m'était d'aucune utilité mais qui attirerait peut-être l'attention de quelque créature ténébreuse que je pourrais occire, ce qui rendrait un rien moins vaine mon excursion en ces lieux si désagréables à mes yeux. Quand les flammes pétillèrent joyeusement en faisant danser d'envoûtantes langues ardentes dans un ballet des plus aléatoire, je m'assis sur une souche pour contempler le passionnant spectacle qu'offrait cet indomptable brasier.

Quelle lassitude d'attendre qu'il revienne...Je n'en pouvais plus de servir une armée ou je n'avais pas de respect pour mon chef et plus d’attrait pour ceux d'autres factions, je ne l'avais même pas rencontrer, la seule chose qui me maintenait était Zarathos mais maintenant....

J’étais retournée dans la foret ou j'avais grandis pour réfléchir à ce problème me tourmentant depuis déjà un long moment. Je me déplaçais agilement de branche en branche, le vent dans le dos, ainsi ne faisant passer les feuilles bougeant à mon déplacement pour seulement des brises.

Je me sentais si bien ici: la fraîcheur de la nuit, le vent faisant bouger mes cheveux, la so-...mais que voilà?

Je voyais un feu au loin, il y avais donc encore des personnes venant troubler mon calme, voyons voir qui c'est, ça pourrais être intéressant de faire de nouvelles rencontres, mais soyons prudente.

Je m'approchais un peu plus de la source de chaleur et de lumière, faisant à peine frémir les feuilles, et je vis un homme: une cape rouge cachant son visage, des yeux bleu bleu glace ressortant de sous sa cape comme deux spectres, une armure couvre son corps, il est grand et mince. Cette personne m’intéresse.

Je le regardais tout en me préparant à fuir au cas ou il voudrais m'attaquer

-Qui êtes-vous?!

Ma voix était celle d'une enfant.

Duvaile l'avait repérée depuis un moment déjà mais je laissai l'enfant s'approcher de moi en attendant de savoir comment cette fillette se comporterait à mon égard. Elle m'aborda sans ambages, d'une voix d'enfant curieux qui ne s'inquiète que trop peu de la personne à qui il s'adresse. Je ne répondis pas immédiatement, laissant passer quelques secondes avant de me relever pour faire face à la direction d'où provenait la voix. Encore à moitié dissimulée dans le feuillage se tenait une gamine en robe claire qui se détachait du décor plongé dans la pénombre qui m'empêchait de distinguer davantage son apparence.

- Je suis l'épée qui traque les ténèbres, le héraut d'un monde meilleur. Õshi est mon nom. Quel est le tien, petite ?

Elle n'avait décidément pas l'air dangereuse et son attitude était tout sauf menaçante. Raison de plus pour s'en méfier en réalité. Et puis, que pouvais bien fabriquer une si jeune enfant en pleine nuit dans une dangereuse forêt ? Si elle s'y aventurait aussi posément, elle ne pouvait qu'être égarée et aussi chanceuse qu'insouciante ou bien tout simplement plus dangereuse que tout ce qui pouvait bien rôder dans ces parages inhospitaliers. Je ne voulais pas l'effrayer, mais je ne pouvais pas non plus lutter contre mon instinct et ma main effleurait déjà malgré moi le pommeau d'une des épées cachée sous ma cape. Duvaile aussi observait attentivement cet étrange personnage, négligeant d'assurer la surveillance du périmètre au cas où quelque chose d'autre approcherait.

Il se levait, s'approchant de moi....mon dieu il était classe. Mais je ne pense pas qu'il soit de chez Fûma, je l'aurais vu. Que peut-il bien faire ici? Serait-il en mission d'espionnage? Un assassin? Ou alors un simple vagabond s'aventurant sur des terres inconnues.

Mes yeux scintillaient, je sentais que ce gars devait être puissant. Il me demanda mon nom.

-Moi c'est Quamarie! Tu fais quoi ici, tu as pas entendu les rumeurs sur cette foret?

Je prenais un air innocent et curieux, je voulais que pour l'instant il pense que je suis juste une faible petite fille un peu trop curieuse; si quelqu'un parait faible aux premiers abords cela peu provoquer deux réactions: soit on ne vas pas se méfier et on peux l'attaquer avec n'importe quoi ou ne rien aire et donc la personne paraissant faible aura l'avantage soit on peux être parano et se méfier beaucoup de la personne, ce genre de choses peuvent vite priver quelqu'un de sommeil et finalement le rendre fou.

Il y avais pas mal de rumeurs sur cette foret en vérité, comme-quoi une petite fille démoniaque tuais les personnes s'y aventurant ou que les esprits vengeurs des morts pendant les guerres y habitaient, idioties.

Je mettais mes mains porcelaines sur la branche sr laquelle j'étais posée. J'avais vraiment tout d'une créature pouvant être tué la moindre égratignure.

Le regard de cette très jeune demoiselle brillait d'un singulier éclat attisant en moi une fascination encore incertaine. Elle avait une lueur au fond des yeux que peu de personnes manifestaient et il était certain que cette enfant n'était pas issue du tout-venant. Elle disait s'appeler Quamarie, un assez joli nom à dire vrai, et mentionna des rumeurs dont j'étais totalement ignare. J'allais lui demander quel genre de bruits pouvaient bien courir à propos de cet endroit quand elle bougea ses mains, me permettant de mieux les distinguer et de noter les marques présentes sur sa peau. Des cicatrices ? Avait-elle eu un accident dans sa plus tendre jeunesse ? Si elle avait vécu un drame, cela pouvait expliquer pourquoi son regard possédait une expression si particulière. Elle paraissait si frêle et innocente, n'importe qui l'aurait déjà recouverte d'un vêtement chaud pour la prendre sous son aile et lui proposer de la ramener chez ses parents. Seulement, je ne pouvais enlever mon manteau sous peine de la voir s'horrifier et détaler comme une gazelle. Je fis néanmoins un pas de plus vers elle, la main toujours posée sur mon arme.

- De quelle rumeur devrais-je me soucier si une petite fille qui l'a ouïe dire peut se promener sereinement en ces lieux à la lueur de l'astre lunaire ? Je suis ici pour accomplir mon devoir en traquant les êtres impies, si tu connais des rumeurs concernant ce genre d'engeances je serai ravi de te les entendre conter.

Je voulus lui adresser un sourire avenant mais bien sûr elle ne pouvait le voir à cause de mon masque. C'était vraiment une mauvaise habitude à perdre que de grimacer pour m'exprimer alors que personne ne pouvais voir mon visage.

Je pense que j'avais toucher un peu la personne devant moi, je pense u'elle est un peu attendrit, mon instinct me le dis.

Le suivant mes pieds touchèrent le sol, dévoilant ma petite taille et tout mon corps, ainsi il me paraissait encore plus imposant.

Il me demanda de lui parler de ces rumeurs, il semblait ne pas aimer les créatures "maléfiques", c'est toujours bon savoir, j'éviterais de lui parler de mes victimes près de lui du coup. Il a aussi une façon de parler très...soutenue et classe, j'aime bien; c'est agréable à écouter.

-Et bien.... On conte souvent que des âmes vengeresses hanterais cette forêt, et on parle aussi d'une jeune fille démoniaque qui mangerais ceux qui viennent ici...moi je trouve pas ça logique, une petite fille ça peux pas manger un adulte, c'est trop gros, ça tiendrais pas dans le ventre. Et puis si elle mange tout ceux qui viennent ici.....elle doit être obèse!

Je rigolais ainsi de ce que l'on disais de moi, j'aimais bien ces rumeurs à la con qui semblait ridicules quand on savait la réalité.... j'imagine bien les rumeurs version réelle "la gamine mangeuse de citron veux vous bouffer" hé hé, c'est pas crédible.

J'avais un air assez amusé.

Quamarie finit par se dévoiler entièrement. Ce n’était vraiment qu’un bout de gamine toute menue qui ne pourrait tenir une discussion en me regardant dans les yeux qu’au prix d’un torticolis qui ne manquerait pas de l’affliger vu notre différence de taille. Je m’approchai encore et ne m’accroupis pour me mettre à sa hauteur qu’une fois arrivé à quelques pas d’elle. Des âmes vengeresses et une petite fille démoniaque… Danaé ? Peu probable en vérité. Des racontars sans fondements ou quelque tour de plaisantin sans doute. Son explication pour démentir de telles rumeurs m’amusa, elle avait une logique implacable qui n’appartient qu’aux enfants sceptiques et sa façon de l’exposer était des plus drôles. J’accompagnai son air amusé d’un petit rire assez sincère avant de l’inviter à s’installer près du feu au cas où elle aurait froid. Ne pouvant moi-même ressentir ni le chaud ni le froid, j’ignorais totalement quelle température il pouvait bien faire, mais un petit vent agitait les arbres et j’estimais que la nuit devait être assez fraîche.

- Ces histoires ne semblent pas t’effrayer, tu dois être très courageuse. Mais peut-être que ce soir elles sont un peu plus vraies que d’habitude : je suis moi-même en quelque sorte une âme vengeresse en fait. Et n’es-tu pas quant à toi une petite fille ? Je promets de te donner à manger ce que tu veux si tu ne me dévores pas ! lui lançai-je d’un ton joueur.

Cette plaisanterie insouciante éveilla soudainement un doute dans mon esprit. Elle était vraiment une petite fille errant dans la forêt en pleine nuit sans raison apparente et sans la moindre inquiétude. Se pouvait-il qu’elle soit celle à l’origine des rumeurs ? Il n’était pas rare qu’un être égaré soit l’objet d’un mythe sans seulement s’en douter et rien n’empêchait que tel soit le cas présentement. Ma main, que j’avais ressortis des replis de ma cape, saisit à nouveau la poignée de mon arme tandis que je jetai à Quamarie un regard intrigué.

- Et toi au juste, que fais-tu ici en pleine nuit ?

L'homme était sympathique, je lui trouvais une figure assez protectrice et simple qui me plaisait beaucoup. Il rigolât à mes blagues et quand il me parla ça me donna presque envie de dire la vérité, en l’atténuant bien sûr. Mais ma méfiance était toujours là et il aurais été bien trop imprudent de le dire à quelqu'un ayant l'arme à la main, je pense que je commence à devenir vieille pour m’attendrir de si peux.

Je m'étais laissé guidé vers le feu, il illuminait maintenant ma silhouette dans la nuit. Je replaçais un peu le nœud dans mes cheveux.

Il me demanda ce que je faisais ici, je lui dis la vérité.

-J'habite ici, je n'ai ni père ni mère ni maison, j'aime cet endroit.

Qui ne l'aimerais pas? C'est si beau et calme.

À la lumière du brasier qui évinçait les noirceurs de la nuit, je pus distinguer les formes serpentines qui sillonnaient les yeux violets de Quamarie. Je restai un instant fasciné par la beauté de cette curieuse particularité jusqu'à ce qu'elle redresse le ruban qui ornait sa chevelure, distrayant mon regard par ce geste.

- Tu vis seule ici ? Sans parent... pauvre enfant. Et pas de maison ? Aucun endroit où t'abriter ou quoi que ce soit de ce genre ? Combien de temps as-tu donc passé dans cette forêt ? N'as-tu jamais fait de mauvaise rencontre ? Comment te débrouilles-tu pour vivre ? Pardonne ma curiosité mais une petite fille vivant seule dans une forêt ça surprend... et ça alimente les fables des gens superstitieux.

Il était clair pour moi qu'elle devait être, bien malgré elle quand même, cette fameuse petite fille censée dévorer les gens s'aventurant dans la forêt. Il en fallait peu pour créer d'extravagantes histoires et pour peu qu'un malheureux se soit égaré dans les parages tandis qu'une gamine y vit paisiblement, tous les ingrédients pour imaginer un monstre affamé de chair humaine étaient réunis et ne demandaient qu'à marmiter à force de bouche à oreille qui déformait probablement un peu plus la vérité à chaque répétition.

Je relâchai mon épée. Quamarie n'avait pas du tout l'air d'un être démoniaque assoiffé de sang, bien que sa capacité à survivre dans un milieux assez hostile restait plutôt inexplicable. Je lui trouvais en fait un je ne sais quoi qui la rendait attachante et au fond ce qu'elle avait dit n'avait rien de faux. Comment une enfant pourrait engloutir entièrement un adulte ? C'était absurde. Je me rassis tranquillement sur le tronc allongé en attendant qu'elle éclaire ma lanterne quant à sa condition de vie. Elle devenait vraiment intrigante cette petite.

Il commençais même à me plaindre et se méfiait moins, j'avais bien réussis mon coup je penses. Même si ces questions étaient un peu dures à répondre sans me dévoilé on voyais bien qu'il était moins apte à me trancher la gorge.

-Ho vous savez je me débrouille comme je peux. souvent grâce aux fruits sur les arbre et je sais faire des feux. Ça fait quelques années que je vis ici et j'ai déjà fais quelques mauvaises rencontre mais je sais fuir vite et je suis agile

Tout était vrais, sauf pour les fruits, il n'y avais malheureusement pas de citronnier dans cette forêt.

J’espérais qu'il me croie, j'aimais sa présence et il ferais un bon protecteur....puis il est classe.

Tout en regardant le ciel je me mis à chantonner un comptine chanté par les enfants du village proche, mais sur un air triste: Jean petit qui dance.

Elle devait être extrêmement mature cette petite avec la vie qu'elle menait et il ne faisait aucun doute qu'elle était dotée de certaines capacités et d'un caractère mieux forgé que beaucoup de personnes pourtant plus âgées. Je me demandais quand même comment elle tenait l'hiver puisque la base de sa nutrition était constituée de fruit, mais son explication n'excluait pas qu'elle sache élaborer un piège à lapin ou quelque chose du genre pour se nourrir autrement que par la générosité des arbres qui malheureusement se tarissait à la saison froide.

Comme elle se mit à fredonner, je l'écoutai avec curiosité, cherchant à reconnaître l'air qui m'échappait mais les paroles me mirent la puce à l'oreille. Je fus assez étonné d'entendre une fillette vivant dans l'isolement de la forêt chanter une telle chose.

- N'est-ce pas là une bien sombre chanson pour une petite fille telle que toi ? Et tu la fredonnes sur un air si triste... n'y a-t-il rien d'autre que tu pourrais chanter ? Que connais-tu du monde en dehors de cette forêt ? N'aimerais-tu pas l'explorer, découvrir combien il est vaste ? N'as-tu jamais voulu d'une famille, ou quelque chose qui y ressemble ?

C'était abrupt et peut-être la gênai-je avec toutes mes questions mais déjà germait en moi une idée un peu saugrenue dans l'optique d'aider Quamarie, encore que ce n'était sans doute pas réellement lui rendre service que de la prendre sous mon aile. Il était plus que probable que ma sympathie envers elle découle du fait que je m'attache rapidement aux enfants à cause de la descendance dont j'étais à jamais privé et cela rendait égoïste tout geste que pourrais envisager en sa faveur. Surtout que lui proposer de rejoindre ma "famille" l'exposerait à certains risques bien qu'elle aurait l'avantage de ne jamais manquer de rien. Je devais reporter à plus tard la proposition et me contenter pour l'heure d'en apprendre plus sur elle et de voir ses réactions.

Je me sent faiblir, j'ai envie de lui dire la vérité, il est trop sympa. Et puis j'y perdrais quoi à part une discutions? J'aime pas cacher des choses quand je chasse pas.

On pouvais voir sur mon visage que j'étais en plein conflit intérieur quand je ne parlais pas, surtout lors des questions...

Avoir une famille? ... Ça me semble encore un peu floue, ce qu'on a appeler famille chez moi ne m'ont jamais aimer qu'au début et après ont eu peur de moi, pourtant le mot "famille" semble avoir une signification très positive chez les autres personnes; quelque chose de protecteur, de gentil.... Pourquoi je me sentais un peu triste? Reprends-toi ma vieille! T'es pas une chochotte!....En fait je pourrais peut-être me laisser aller, ça ferais petite chose fragile.

Les larmes m'étaient monter aux yeux et dévalaient le long de mes joues.

-J'ai déjà vu le monde, on ne m'aime pas là-bas, et je veux pas de famille!

Je me mettais à pleurer comme un enfant le ferait, j'avais un peu exagéré mais je me sentais vraiment mal en fait....

Son visage se crispa comme si elle était en proie à un dilemme insurmontable, au bout d'un court moment, ses yeux devinrent brillants et humides pour finir par déverser un torrent lacrymal le long de son visage rougit par la peine tandis qu'elle déclarait ne pas vouloir de famille et que le monde ne l'aimait pas. Je me sentis soudainement très mal à l'aise et je me mordis la langue d'avoir provoqué une telle réaction par des paroles maladroites, surtout que j'ignorais comment la réconforter. En improvisant, j'ôtai mon manteau, gardant néanmoins mon masque, pour la draper dedans et m'agenouiller devant elle en la tenant par les épaules.

- Je suis désolé, Quamarie, je ne voulais pas... ce n'est pas d'une vraie famille dont je parlais, plutôt une communauté solidaire où chacun est accepté tel qu'il est. Le monde est cruel et sombre et froid, trop pour une enfant délicate. Mais il est si vaste qu'en son sein prospèrent des havres paisibles où brille constamment un doux feu réconfortant dans un foyer accueillant. La solitude est une bonne amie, mais bien trop jalouse en vérité. Il existe des gens qui ne demandent qu'à protéger et chérir autrui, tu ne les as simplement pas encore rencontré...

Mes longs cheveux blancs cascadaient sur mes épaules où vint se poser Duvaile, s'accrochant tant bien que mal avec ses ailes sur l'acier abîmé de mes épaulières, étendue sur son ventre en tendant la tête vers Quamarie. Les enfants avaient souvent peur des chiroptères à cause de leur mauvaise réputation mais qui pouvait douter de la douceur de ces animaux en voyant de près la tête de mon cher compagnon. Une longue forme un peu triangulaire terminée par un museau frétillant de curiosité et surmontée de mignonnes oreilles pointues avec au milieu de grands yeux ronds et expressifs. C'était une espèce de roussette surnommée renard volant notamment à cause de la similitude de faciès entre ces deux animaux.

- Je crois que Duvaile t'aime bien. Son régime aussi est principalement composé de fruit. Quel est ton préféré ?

J'espérais qu'en changeant un peu de sujet le flot de larmes de Quamarie s'estomperait un tant soit peu et qu'elle sourirait en pensant à autre chose. Pourvu que Duvaile ne l'effraie pas...

Mes larmes s'arrêtèrent quand je sentis le manteau sur moi et les mains sur mes épaules, qu'est-ce qu'il parlait bien. Je buvais ces mots tout en regardant ses cheveux blancs, pourtant il ne me paraissait pas si vieux. Cette proximité à la fois réconfortante et gênante si je voulais fuir m'apeurait un peu, bien qu'il ne semble pas vouloir de mal.

Je remarquais soudain une petite créature sur l'épaule, j'prouvais vite de la sympathie pour cette sorte de mini renard. Je souriais, mes yeux remplis d'amusement et de curiosité. Finalement j'étais bien une gosse.

L'homme aux cheveux blancs me demandas quel fruit je préférais, à quoi bon mentir là?

-Le citron! J'adore le citron!

J'avais un petit rire enfantin après cette phrase.

Étrangement, ma méthode improvisée pour calmer Quamarie sembla fonctionner et les larmes cessèrent bientôt de couler pour être remplacées par un sourire à l'arrivée de Duvaile. Ses yeux pétillèrent à nouveau comme précédemment et elle déclara avoir un faible pour les citrons avant d'éclater d'un rire frais et aigu d'enfant.

- Le citron ? Il n'y en a pas dans cette forêt, tu ne dois pas en manger souvent. Que dirais-tu d'un panier de gros citrons exotiques venus d'une contrée lointaine ? Je m'arrange souvent pour avoir des figues ramenées par bateau pour Duvaile, il adore cela. Quant à moi, mon péché mignon c'est la framboise.

Ce n'était pas vrai, il aurait été vain de prendre une telle mesure afin de faire plaisir à Duvaile et j'ignorais quel goût pouvait bien avoir une framboise, il n'en poussait pas dans la région où j'avais grandit et comme j'avais déjà perdu le sens du goût quand Tsukiyo m'avait fait manger une pâtisserie à la framboise cette saveur resterait à jamais un mystère pour moi. Je m'étais simplement inspiré d'elle qui s'en régalait pour entretenir la conversation avec Quamarie. Ce n'est pas que je voulais lui mentir mais juste lui paraître un peu humain pour ne pas l'effrayer. Je tendis la main à mon compagnon ailé qui s'accrocha à mon index ganté par les pattes arrières puis l'amenai vers la petite.

- Tu veux le prendre un peu ? Il a un poil soyeux et il adore faire des "bisous" en léchant les doigts des personnes qu'il apprécie.

je tendais mes mains pour recevoir l'animal, c'est qu'il serais à croquer le petit. La proposition de citrons était très alléchante et ça me donnais faim. Mais bon, je vis pas bouffer ce truc, c'est trop mignon et j'ai jamais goutter.

-Ça me plairait beaucoup d'avoir des citrons. Ça serais très gentil si tu m'en donnais....Tu es quelqu'un de bien

Je lui souriait, s'il savais qu'en fait je peux manger QUE CA. D’ailleurs j'ai un peu peur de si à un moment il veux que je mange un autre truc... bha je lui dirais la vérité et on verra. En attendant je fais quoi?

Je caressais le pelage de la bestiole.

Elle s'empara délicatement de Duvaile qui se mit à lui lécher les doigts comme annoncé et me sourit en disant qu'elle accepterait volontiers des citrons et que j'étais quelqu'un de bien. Voilà quelque chose que je n'avais pas entendu depuis longtemps. Comme elle semblait avoir complètement outrepassé sa tristesse je me rassis sur le tronc d'arbre et la fixai pensivement.

- Les gens agissent selon ce qui leur semble juste et les autres les jugent selon qu'ils soient d'accord avec leur point de vue ou pas. De la diversité de ces opinions découlent les affinités et les inimitiés. Enfin... tu auras tes citrons, je te le promets. Mais dis-moi, préfères-tu venir les chercher avec moi ou plutôt attendre ici que je t'en ramène ? Tu pourrais sortir un peu de ton quotidien et voir un autre pan du monde, rencontrer ces gens qui t'apprécieront.

Elle caressait consciencieusement Duvaile qui se prêtait volontiers à ce traitement. La cape trop grand qui flottait derrière elle, battue par le vent, lui donnait vaguement l'air d'un spectre comme ils devaient être décris dans les fameuses rumeurs dont elle m'avait parlé. Je fus parcouru d'un petit rire enjoué. C'était là une bien drôle de rencontre que avait eu lieu entre elle et moi.

C'est vrais que cela faisait longtemps que je n'étais pas sortit de cette foret pour visiter d'autres endroits, j'aimerais bien le suivre.

Je regardais Duvail, il est vraiment trop mignon à me lécher les doigts en signe d'affection...Si tu savais petite chose tout ce que j'ai pu faire tu ne serais pas si gentil avec moi, j'en ai bouffer des créatures, et pas qu'une seule. Qu'est-ce que vous penseriez de moi?

-D'accord! Je te suis! Mais je doute qu'on apprécie.

J’espère que personne ne me connaîtra en chemin

Je souris pour moi-même derrière mon masque, gagner la confiance de quelqu'un avait toujours un effet assez flatteur. Cela m'importait peu que les gens que nous croiserions ne l'apprécient pas, ils ne m'appréciaient pas davantage en général.

- Le mieux pour trouver de bons fruits c'est d'aller vers le sud, là où les bateaux ramènent des marchandises des îles chaudes. J'ai l'habitude de m'approvisionner à Calembel en territoire neutre, c'est moins conflictuel comme environnement et les gardes ne sont pas exagérément méfiants.

À la réflexion, il était relativement dangereux pour moi, et donc pour Quamarie si elle m'accompagnait, de s'aventurer insouciamment dans Nürnen avec la réputation que je m'y étais faite et qui m'avait valu le courroux de Rosiel et donc de la plupart des effectifs liés à la puissance militaire de cette région. Mais un peu d'excitation n'était pas pour me déplaire et ce ne serait guère un mal que de rappeler à Nürnen qu'Õshi rôde encore. Cet endroit était un véritable nid de démons.

Il me donne des astuces là, puis j'aime bien la terre neutre moi aussi, j'y ai rencontrer Rosiel, sympa ce mec mais balais dans le c*l en public.

Oui j’appréciais Rosiel, mais cela ne vas pas me déranger pour la suite à rejoindre un camp contre lui, ne vous inquiétez pas.

J'invitais le renard volant à rejoindre mon épaule pour mieux le porter, je rapprochais ma main de mon épaule pour le lui faire comprendre. Me demandant si Oshi accepterais de faire pareil avec moi...finalement je n'osais pas demander de peur qu'il se doute du faite que je ne sois pas humaine par ma grande légèreté impossible pour une humaine. Je défroissais un peu ma robe d'une seule main avant de replacer la cape.

Au pire je penses que Oshi penseras que c'st pour lui que beaucoup de personnes auront peur, même si ça sera surement influencé par moi qui suis connu pour traîner avec des sanguinaires et arracher la jugulaire des hommes à pleine dents. Un portrait pas très rassurant de moi et dont j'hésitais à rire ou à m'apitoyer.

-Moi je ne sais pas ou aller, ouvre la marche.

Prête à le suivre je regrettais déjà de ne pas avoir demander, avec mes petites jambes je vais peiner à suivre par terre

Elle avait résolument adopté Duvaile, le plaçant sur son épaule avant de me proposer d'ouvrir la marche. Il n'y avait pas vraiment de sentier par ici mais je savais pertinemment d'où je venais et l'avantage était que cette forêt était à la limite sud entre les terres d'Ângmâr et de Nürnen, Calembel étant donc facilement rejoignable en se dirigeant plein ouest. Nous avions même le choix entre emprunter la route marchande où longer la côte qui s'élevait sur une immense falaise sur de longs kilomètres, offrant une vue absolument splendide, sans compter que nous pourrions assister à un superbe lever de soleil si nous atteignions la pointe sud de la falaise avant l'aube pour avoir vue sur l'est. Je ne fis pas part de ma réflexion à Quamarie, mais j'avais décidé d'opter pour le chemin côtier. D'ailleurs, il était bien moins fréquenté et cela permettrait à la fillette de ne pas être intimidée par de trop nombreuses rencontres puisqu'elle semblait redouter les à priori d'autrui.

Je partis donc d'un pas assuré vers l'ouest, mesurant mes foulées pour ne pas distancer Quamarie et rester à sa hauteur. Mais je me figeai bientôt sur place en passant un bras devant la petite pour l'arrêter et me décalai devant elle dans une attitude protectrice. Le son qui m'avait alerté se reproduit rapidement : un hurlement de loup. Je dégainai nerveusement une épée et murmurai avec un brin de panique dans la voix à Quamarie :

- Des loups... j'ai horreur des loups...

Des loups? Ils font quoi ici? Quoi qu'il en soit Oshi a l'air bien effrayé par ces animaux....Il est sérieux? Non mais je vais les mater moi ces loups....ha non, c'est vrais, je suis une pauvre petite fille sans défense et je suis pas censé faire peur aux loups parce que la forêt sais que je bouffe toute créature m'attaquant depuis 60ans. Si ils arrive ils vont surement avoir peur à ma vu, pour peu qu'ils viennent de la forêt.

Je levais mes yeux au ciel, me retenant de lui dire de se calmer et que c'est juste des chiens un peu trop sauvages.

-Tu as peur des loups?

Assez étonnant pour un homme comme lui, me serais-je trompé sur son cas? Un simple homme classe mais peureux comme pas possible?

J'avais beau être aux aguets, je ne manquai pas de noter le regard de Quamarie qui en disait long sur ce qu'elle pensait de moi en cet instant. Surtout qu'elle me demanda ouvertement si j'avais peur des loups.

- Peur ? Disons que je m'en méfie. Mais c'est plutôt que je les déteste profondément. Mon village a été saccagé par des loups-garous et depuis ce jour je hais toutes les espèces lupines.

J'étais parfaitement capable de me défendre contre une meute de loups, moi qui traquais leurs cousins autrement plus dangereux. Mais au fond, peut-être qu'elle avait raison. J'étais vraiment sur le qui-vive et je scrutai les alentours avec nervosité, mes yeux étant attirés par le moindre bruissement. Le fait de m'en rendre compte me rendit un peu de sang-froid et je me détendis sans cependant rengainer mon arme.

- Ignorons-les, je les chasserai s'ils s'approchent trop de nous. Désolé pour la halte impromptue, je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur parce que j'aurais été négligent.

Je me remis en marche, luttant contre l'irrépressible envie d'aller égorger ces engeances qui continuaient à me taper sur les nerfs avec leurs cris persistants. Si l'une de ces bêtes venait à croiser notre chemin, je ne répondais plus de rien quant à son sort.

Ha...c'est en effet une bonne raison pour détester les loups. Dommage, moi j'aime leurs goûts.

Je voyais bien cette envie d'aller les massacré, dans son énergie, dans sa façon d'être et dans ses yeux. Il sembla s'en rendre compte et se calma, disant qu'il ne voulais pas que quelque chose m'arrive. Hum, il feras un bon protecteur en ville si on tombe sur trop fort, je ne connais pas le quartier et aurais donc surement des problèmes pour leur arracher la jugulaire.

Comme je dois beaucoup jouer sur mon agilité et ma vitesse je dois savoir ou se trouve chaques choses pour battre quelqu'un de fort. Si je me retrouve coincé cotre un mur, j'ai perdu.

-Tu connais bien ou on vas aller du coup? C'est joli?

J’espérais qu'il me décrive un peu l'endroit. Il est aussi possible qu'on mon prochain ennemis soit aussi lui, il fallait tout prévoir.

Dans ce moment de réflexion et d'inattention à mon rôle je m’étais fais un ton et une manière d'être plus adulte, plus le véritable moi, plus méfiante.

Sans cesser de mesurer mon allure pour l'adapter à Quamarie, je lui décrivis avec enjouement la beauté de la ville vers laquelle nous nous dirigions. J'avais cependant noté quelque chose d'étrange dans sa voix, un détail qui me troublait mais dont je ne me souciai pas immédiatement.

- Calembel est une ville splendide, avec des rues pavées qui montent et descendent dans tous les sens. C'est toujours très animé mais plus encore à l'aube, quand les pêcheurs ramènent du poisson frais pour le marché quotidien sur les quais. Il y a partout des ruelles étroites qui sont d'excellents raccourcis quand on connaît la ville, ou le meilleur moyen de s'y perdre dans le cas contraire. C'est un endroit très prisé par les commerçants de tous horizons et on peut y trouver de tout, même des choses qui sont inconnues ici. Par contre ça fait parfois un peu désordre dans la rue quand les barils et les caisses s'empilent le long des façades. D'ailleurs les maisons aussi sont superbes : elles grimpent généralement sur deux ou trois étages et elle forment une mosaïque multicolore tracée par les colombages. Parfois, à cause de l'inclinaison du terrain, les murs ou les fenêtres ne sont pas alignés et vont de travers, c'est assez drôle à voir. Et puis bien sûr il y a la mer et les nombreux bateaux en mouillage au port, beaucoup sont magnifiques.

Ayant fini ma description, je revins à l'impression que j'avais eu suite à ses dernières paroles. Elle avait beau avoir une expression et des mots enfantins, elle recelait une maturité intrigante bien qu'explicable par la drôle de vie qu'elle menait.

- Au fait, quel âge as-tu ?

La question était innocente, je voulais simplement comparer l'impression qu'elle donnait avec son âge réel et voir si la différence était flagrante. Le temps de cet échange, nous arrivions déjà à la lisière de la forêt.

» Quamarie l'enfant du mal
» Promonons-nous dans les bois
» Promenons-nous dans les bois... [terminé]

Le bois aux renards (PV Quamarie)

Le bois aux renards (PV Quamarie)

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