La nuit avait été fraîche. Son visage reposant encore dans l'herbe humide, ses muscles engourdis par les vibrations du sol provoqué par la chute d'eau près de laquelle il s'était assoupi. Secouant ses cheveux de la rosée, qui s'y était infiltré, il plia la couverture de laine abimée qui avait été son seul réconfort pendant son sommeil. Par chance, le froid n'avait pas été mordant, autrement l'humidité qui s'était infiltré dans ses vêtements l'aurait rapidement mené à une hypothermie. Il avait longuement marché la veille, ascendant ce cours d'eau qui si souvent l'avait nourri et abreuvé. Il avait remonté jusqu’à cette jolie chute. Il s'était baigné durant de longue minutes, avait pincé les cordes de sa harpe, alignant les rimes qui lui venaient en tête sur un morceau de parchemin qu'il avait amené dans sa besace et se nourrissant de ce qu'il avait cueillit tout au long de sa promenade. Le temps lui avait filé entre les doigts et donc voyant le ciel se teinté de sa palette pastel, il commença à se bâtir un feu, ne voulant pas prendre le risque de voyager la nuit et de s'égarer. C'était la première fois qu'il parcourait un si grand chemin, il ne connaissait pas encore de raccourcis et ne savait que prendre le chemin que le cour d'eau lui offrait. Ainsi donc Morphée l'avait accueillit malgré qu'il l'ait rejoint depuis un endroit loin d'être familier.
L'astre du jour le piquait de ses chauds rayons, insistant pour qu'il échappe à la torpeur nocturne. Continuant ses activités matinales et appréciant se support muet, il sortit sa petite harpe de sa besace, la musique qu'il fit naître des cordes stimula autant sa coordination que sa mémoire. Il relit rapidement les verbes qu'il avait écrit et remis tout dans sa besace avant d'entreprendre le chemin inverse, descendant cette fois-ci la rivière. Alors qu'il parcourait le ventre vide, évitant soigneusement les racines désavantageuses et les pierres glissantes, il s'arrêta un instant cueillir de petite baies, des cerises de terre en l’occasion. Ces petites sphères orangé protégé maigrement par un feuillage bruni égorgeaient passablement sa soif par le fait même. Il fit quelques provisions, se disant qu'il pourrait en revendre rendu en ville. Alors qu'il entamait la seconde partie de son voyage, il se mit à penser que s'il en avait les moyens ils se paierait surement un cheval. Pas une bête nécessairement extrêmement rapide ou forte d'endurance, juste un bon compagnon de voyage qui lui épargnerait des trajets de retour comme celui-ci. Afin de tuer le temps, il fredonna un petit air, s'amusant à répondre aux quelques oiseaux qui voulait bien lui offrir leur compagnie. Les murs de pierres tranchèrent bientôt sur la verdure de la forêt. Azucar fit un bref arrêt à son domicile, changea ses vêtements pour d'autres secs et repartit vers le marché se débarrasser de ses cerises de terre pendant qu'elles étaient encore fraîches.