Le vent était frais et le ciel aux couleurs pastelles semblait me presser de trouver un abris avant de déverser sur moi ses larmes en gouttelettes fines. Je pouvais déjà en sentir quelques unes tomber sur mon poil court mais ce que le ciel ne pouvait savoir, c'était que je ne craignais pas le contact de l'eau et qu'une pluie, même diluvienne ne pouvait venir à bout de ma détermination. Elle aurait juste l'avantage de nettoyer ma fourrure rayée qui avait été sali par la terre et la poussière depuis que m'étais mise à courir sur les chemins tortueux de territoires inconnus. J'avais quitté Ârnör deux jours, poussée par mon instinct à partir à la recherche de mon mari Tarod. Mon esprit et mon cœur était tout chamboulé depuis plusieurs jours. En particulier depuis l'exil de mon premier fils Leefaen. Après avoir gravement blessé son petit frère Liam, le prince lui avait demandé de partir et Lee n'avait pas rechigner là-dessus. Il avait même eu l'air d'avoir fait son choix bien avant la prise de décision de Kanoë. Je savais après réflexion, qu'ils avaient tous deux dus s'entendre la dessus. Nous protéger, voilà le but de cette décision qui m'avait déchirer le cœur. Entre Tarod qui avait disparu et mon fils qui m'avait juré que je ne le reverrais plus jamais, j'étais désespérée. En plus de cela, Liam était dans le coma depuis l'agression par son frère et Thierry, le médicomage du château m'avait certifié qu'il restait de rester un moment dans cette situation. J'avais littéralement péter les plombs. Voyant ma colère et ma détresse, Kanoë m'avait donné un petit espoir en me signalant que Tarod avait peut-être été vu près des frontières de son royaume. C'était dangereux mais le seul être qui était encore près de moi était dans le coma. Lee, je devais l'oublier, enfin essayer bien que ça me paraissait totalement impossible, et Tarod, je pouvais peut-être le ramener au palais. J'avais donc saisis l'espoir de le retrouver au creux de mes mains et m'étais aussitôt préparée à partir. Reprenant mes habitudes d'antan, lorsque j'étais une petite sauvageonne qui galopais à travers les terres, sans montures, sans vivres, seulement avec mon arc et mes flèches ainsi que ma dague bien aiguisée, j'avais laissé Liam au bon soin de Thierry et sous la protection de Kanoë et j'étais parti en galopant comme une tigresse pourchassant une proie. Mais où pouvait être ma proie à moi ? Où pouvait bien être Tarod ?

Après réflexion et grâce aux indices de mon prince, j'étais sur d'une chose : mon mari était parti dans l'idée d’accélérer les choses concernant la guerre entre les deux princes anges. Un piège, de l'espionnage, une attaque, je n'en savais rien mais il avait du chercher à pénétrer en terre ennemie et ça c'était délicat. Le mieux pour ne pas se faire repérer, et il l'avait parfaitement compris, c'était d'y aller avec le moins d'effectif possible. Même si y aller seul était du suicide, il n'avait pas tord. Je m'apprêtais à faire la même erreur, en espérant savoir ce qu'il était devenu. Je parvenais à mon tour aux frontières d'Ângmâr. D'après la carte de Fantastiqua que j'avais vu accrochée sur un mur du palais, la forêt qui se trouvait devant moi était l'unes d'entre elles. Je m'arrêtai de courir afin de reprendre un peu mon souffle. Je fixais un passage entre les arbres aux troncs énormes et me décidais à le suivre à travers les bois. M'y engouffrant avec un peu d'anxiété, tous mes sens étaient en alerte prêts à me prévenir à la moindre chose suspecte. Je ne m'étais encore jamais aventurée sur les terres ennemis et malgré tout ce que j'avais pu braver jusqu'ici, je n'étais pas aussi rassurée que j'en donnais l'impression. Au moins, sous les arbres, je serais protégée de la pluie, maintenant que mon corps était complètement trempé. Pas besoin de faire de toilette dans l'immédiat.

Une petite heure après mon entrée en forêt, je m'inquiétais davantage. La nature était...silencieuse. Mon pelage avait bien séché, il ne restait plus qu'un peu d'humidité. Comment une forêt pouvait-elle être si calme. Il devait se passer ds choses étrange dans les environs. Il me fallait rester sur mes gardes car je n'étais plus chez moi et une rencontre une tierce personnes pourrait bien être la dernière que je ferais de ma vie.

Ce silence, toujours ce silence... Je me sentais espionnée par des dizaines de paires d'yeux alors que nul son ne parvenait à mes oreilles. Quelques piaillements d'oiseau me rassurèrent un peu mais quelque chose d'autre rôder. Quelque chose de...mystérieux...d'inconnu. Je stoppais mon avancé en regardant bien autour de moi, personne à moins d'une dizaine de mètre de moi, j'en était sûr. Et puis brusquement, quelqu'un ! Une silhouette surgit devant moi en un éclair. Comment n'avais-je pas pu la voir arriver plus tôt ? L'apparition avait été si soudaine que j'en avait sursauté. Instinctivement j'avais sorti les griffes et tiré ma dague mais si la créature qui se trouvait à présent à une petite dizaine de mètre de moi avait voulu me tuer, elle aurait déjà eu le temps de le faire, du moins je le pensais. Repensant à Rosiel et à sa nécrogate, je me demandais si l'inconnu n'avait pas ce genre de pouvoir de téléportation. Ceci expliquerait cela.

Je dévisageais l'inconnu. Assez énigmatique comme personnage : de taille plutôt petite mais sans être ridicule, il cachait son visage sous un chapeau aux larges bords et grâce aussi à sa veste bleu au col relevé qui ne révélait que la clarté de ses yeux d'un jaune d'or ardent. Une couleur que je n'avait pu voir dans les yeux que de personnalité très puissante. Les gens portant des iris couleur rouge sang étaient ceux qui d'ordinaire m'effrayaient le plus mais j'en avait tant rencontré - mon fils ayant lui-même un iris rouge - que je commençais à ne plus en avoir trop peur. En revanche, un regard comme cela m'inspirai de la peur. Je sentais d'ailleurs mes poils se hérissaient lorsque l'étrange être les posait sur moi.

Une "étrange créature", n'est-ce pas... Une transformation par magie... Druidisme, changement d'apparence... Non, ça semble plus naturel que cela...

Sa voix était si...basse que je du forcer mes sens pour comprendre. Je ne pus m’empêcher de marquer un temps révélant mon expression déçu. Encore quelqu'un qui me prenait pour une bête de foire à étudier, rien de plus. Tournant une demi-seconde le regard de honte, je me résolu à braver cette idée que je m'étais toujours faites de moi à travers le regard des gens. Je le fixais de nouveau avec défiance mais sans pour autant me montrer trop agressive. JE devais me rappeler que je n'étais pas chez moi sur ces terres.

Tu n'es pas une simple "étrange créature", mais certainement un animorphe, une créature à la base "humaine", mais qui possède la capacité naturelle de se transformer en un et un seul animal, n'est-ce pas ? Eeh eh eh ! Bienvenue sur un territoire qui t'es certainement inconnu...

Je ne répondis pas. Je lu dans son regard qu'il n'en avait pas finis avec son message de "bienvenu" et il enchaîna d'ailleurs aussitôt.

-... Je suis Haliaeetus, le Maître Mage du royaume de Fûma.


Je mis un petit temps avant de répondre. Un Maître Mage, ben voyons, comme si je n'avais pas encore rencontré assez de tordu comme ça. Quoi que ce tordu m'inquiétait beaucoup. Il semblait si sur de lui qu'il me fallait jouer la prudence. Je devais essayer de lui fausser compagnie sans trop le provoquer. Si ça marche pas et bien je me soumettrais... Je feignis l'ignorance :

Le royaume de Fûma ? Je ne savais pas que je m'étais aventurée si loin.

Pas étonnant que Tarod ce soit fait recalé avec un vigile tel que lui. Je ne pourrais pas faire un pas de plus à Ângmâr à moins de... le laisser sur place. Une petite chance à tenter bien que mes dons à moi n'étaient pas aussi puissant que ceux d'un Maître Mage. Je continuais mon petit numéro d'ignorante en me disant que je ne devais pas révéler mon identité. J'étais assez connu sur le territoire de Kanoë et en terre neutre également à cause de mon passé. Mais ici, nul ne pouvait vraiment me connaître excepté ceux que j'avais croisé sur le champs de bataille opposant les deux princes anges contre Ragniel et sa clique.

Cela pose à problème à quelqu'un que je fasse une promenade par ici ?

Oups, le Monsieur Maître Mage avait perdu son sourire. Mauvais signe à mon avis... J'espérais pouvoir dégainer mon arc assez vite pour pouvoir me protéger d'une éventuelle attaque mais son attitude était d'un calme inquiétant. Ça cachait quelque chose.

Je te laisse réfléchir à une seule question : À ton avis, quand tu rencontres sur ton chemin quelque chose ou quelqu'un d'intrigant, que fais-tu ? Première solution... On l'ignore et passe son chemin. Seconde solution... On l'aborde, on commence une petite discussion avec lui histoire de mieux se connaître... Et troisième solution... On s'assure qu'on ne le recroisera plus !

J'avais suivis son petit tour de magie avec intérêt mais surtout avec crainte. La boule ardente qui avait surgit de ses mains et qu'il faisait se mouvoir à sa guise, c'était très très mauvais signe. A la fin de sa phrase, la boule de feu fut envoyer par l'individu dans ma direction. Remerciant mes vieux réflexe de félin d'être de retour, j'esquivais aussi sec et roula un eu plus loin. Me relevant aussitôt, j'avais, dans mon mouvement, préparé mon arc à être utilisée. J'étais à présent droit devant Haliaetus avec le regard de quelqu'un qui n'avait pas apprécier de se voir prise pour cible. Un regard de félin en colère. Je feulais tel un chat à son attention, plus pour montrer mon mécontentement que pour tenter de l'intimider. Il ne bronchait même pas.

Ce sont des orbes magiques, rien de plus qu'un peu d'énergie concentré puis lancé à tort et à travers, eeh eh eh... Ça a de quoi assommer quelqu'un qui s'en prendrait un sur le crâne. Enfin, assommer... Personne n'a voulu se relever après y avoir goûter, alors dis-moi en des nouvelles ! Eeh eh eh !

Je répondis, un bras derrière mon dos, caressant les plumes de mes flèches, prêtes à en saisir une. La menace ne l'inquiétait nullement. Agacée, je lui lançais :

Je n'apprécie guère d'être prise pour une cible gratuite. Pour ma part, si je croise quelqu'un, je lui demande de partir. Mais ce ne sera pas la peine d'être aussi poli avec moi, j'ai compris le message.

Comme pour marquer une petite vengeance, aussi rapide que je le pouvais - et c'était plutôt bien pour quelqu'un d'à moitié humain - je tirais une flèche, la plaçait et tirais. Visant juste un peu à côté du Maître Mage, la flèche vint se planter dans un arbre juste derrière lui. Je n'avais fait qu'effleurer le col de sa veste et lui en avait arraché un petit bout. Le bout de tissus bleu était accroché à la pointe de ma flèche. Je marquais une pause constatant qu'il n'avait même pas eu un sursaut, pas un écart. Comme s'il avait compris que je n'oserais jamais tirer sur lui. Un peu choquée, je ne lui montrai pas pour autant et je dégainais... mon plus beau sourire.

Petite vengeance pour votre projectile, on continu ou vous me laissez repartir ? Je tiens à préciser que je ne compte pas faire demi-tour. Je suis mon chemin, qu'il passe chez Füma ou non.

A présent, il pouvait être certain que je n'avais pas prêté allégeance au même prince que lui. Mais j'évitais de mentionner que j'étais au service de Kanoë. Je ne devais prononcer son nom sous aucun prétexte, ni celui du capitaine Tarod et encore moins le mien. J'espérais qu'il ne chercherais pas à savoir. Je ne voulais pas risquer de me retrouver dans l'une des geôles du palais de Fumä.

Comme je m'y attendais, le Maître-Mage n'apprécia pas vraiment mon petit assaut. Son sourire me fit frissonner alors que je préparais une autre flèche au cas où. Il n'avait même pas été intimider ; il semblait plus m'étudier qu'autre chose. S'en été encore plus désagréable.

Ce n'est pas bientôt finis ce "reluquage" ?, maugréais-je.

Je commençais à être agacé. Non seulement il parlait pour ne rien dire mais en plus il....

AAAAAAAH !!!

...il m'attaquait encore cet enf....! Il m'envoya une autre orbe que j'esquivais de justesse mais qui me roussit le poil à l'épaule droite. J'avais eu chaud. Mais je n'avais pas le temps de me sentir soulagée car six autres boules enflammées apparurent entre les paumes de l'encapuchonné. Je tirais ma flèche au hasard, plus pour faire diversion que pour le toucher. Usant de mes réflexe de félin, je bondis vers une branche et m'agrippa d'une main à celle-ci. Me hissant un peu plus haut tout en esquivant ses orbes, j'espérais ne plus être en vu de mon assaillant et préserver ma fourrure de ses orbes brûlantes. Une fois bien camouflée, je criais :

Vous comptez me faire des histoires encore longtemps ? Je suis pressée moi.

Je sentais la pluie qui recommençais à tomber. J'aimais beaucoup ça. L'avantage était que l'eau de pluie faisait ressortir les vieilles odeurs que la terre, le bois, la mousse ou les feuilles, avaient conservée en elle. J'y était très sensible. Mon odorat, comme un flair, se mit à capter quelque chose.

Tarod

J'avais crié malgré moi. L'odeur était présente au pied de cette arbre. Sa forme loup pour être exact. Il avait pénétrer le territoire de son ennemis par ici, le même chemin que j'avais moi-même choisit d'emprunter. Tremblante, j'en avais oubliée la dangerosité de prononcer le nom du capitaine des armées de Kanoë devant un sbire de Fumâ. Ce qui comptait maintenant, c'est que j'avais retrouver la trace de mon mari. Mais avant de suivre sa trace je devais me débarrasser de l'autre énergumène.

-C'est inutile de poursuivre ce combat.

Le maître mage me rappela à mes priorités. Avant de retrouver l'homme que j'aimais, je devais me débarrasser de cet ennemis. Sa phrase me fit sourire intérieurement. Il parlais beaucoup plus qu'il n'agissait en fin de compte ou alors, il se faisait son combat dans sa tête et s'imaginait m'avoir affronté pendant des heures. Pourquoi est-ce-que je tombais toujours sur des fous... Venant de chez Fumä, pas trop étonnant non plus. Je voyais qu'il me cherchais dans les ramures de l'arbre. Cela m'amusa durant une petite minute de le voir ainsi balader son regard au hasard en espérant apercevoir un bout de fourrure rayée. En même temps, il gardait un air très solennel, très... dominant, comme s'il refusait naturellement de faillirent ma présence. Ma présence le perturbait tant que ça ? Si j'en oubliait les orbes fumantes et son regard ardent, il ne faisait pas si peur que ça. Mais bon ,il avait le regard ardent et les orbes fumantes donc pas évident de tenter une approche non agressive avec un cas pareil.

-Tu es désormais ma prisonnière. Si tu n'acceptes pas ta défaite, tu mourras.


Bon je n'allais pas le laisser comme ça tout de même avec sa certitude de m'avoir déjà faite prisonnière alors que j'étais encore dans les arbres. Tentant un peu d'humour, je lançais a Haliaeetus.

Dites-moi, on va continuer à jouer à chat perché longtemps comme ça ? J'ai autre chose de plus important à faire que de venir faire semblant d'être votre prisonnière juste pour vus faire plaisir. Je ne compte pas vraiment mourir ici.

Je me mouvais lentement et silencieusement à force de parler. Je m'éloignais en fait. Il devait très bien entendre que le ton de ma voix faiblissait. Je comptais bien lui sauver compagnie par la voie des branches, à moins qu'il ne suscite mon intérêt ou qu'il me fasse sortir de mes gongs.