Une mauvaise journée... (P.V. Fûma)

( Pardonnez le message long, j'sais pas ce qui m'a piqué ^^")

Éliza avait bien dormi. Depuis le début de son voyage, son rêve cauchemardesque se faisait de plus en plus présent et donc, une nuit paisible méritait d'être soulignée. Qu'importait. Le soleil était à l'horizon et une journée usuelle s'annonçait. Aujourd'hui, en fait, Éli avait particulièrement hâte. Elle venait de faire mettre à jour son chariot. La demoiselle avait investis dans des lettres de bois, pas trop grande, qui formait les mots suivants: " Les pâtisseries d'Éliza ". Elle avait ensuite peinte ces dernières d'un rouge un peu rosé puis les avaient posés soigneusement sur le côté de son chariot.

Tout cela ayant été fait la veille, elle avait hâte de voir les résultats. Un meilleur affichage était souvent meilleur pour les ventes après tout. Parlant de ventes, si elle voulait en faire, elle devait confectionner son inventaire. Elle s'y mit donc rapidement, et dès qu'elle eut finit, elle alla faire vente dans la rue en face de l'auberge ou elle avait passé la nuit. Les villages avaient moins d'achalandage que les villes mais tout allait assez bien, du moins, jusqu'à un certain moment.

Peut-être était-ce la proximité avec le château de Fûma -chose qu'elle ignorait- ou encore le problème de bandits, mais il y avait beaucoup de soldats ou guerriers, appelez-les comme vous voulez. La jeune femme n'avait, par ailleurs, normalement aucun problème avec l'autorité en place, mais la tension était néanmoins palpable. Outre les accrochages ici et là donc, Éliza fut prise au centre d'un incident.

Il devait bien être 11h, vue la position du soleil dans le ciel dégagé, lorsqu'un homme armuré -et armé- c'était approché de son petit kyosque. Il voulait, et je cite: " Toutes les tartelettes aux pêches ". Ce n'aurait pas causé d'incident si l'homme aurait voulu payé la somme demandé par la pâtissière. Selon l'homme, puisqu'il était dans l'armée, il méritait bien un bon rabais sur les gâteries. Le genre de rabais qui fait que le tout est gratuit. Évidemment, ce n'est pas ainsi qu'on fait fortune et donc, Éliza ne changea pas de position, refusant à nouveau la requête de l'être. Le tout, petite scène banale pourtant, avait déjà commencé a attirer les regards lorsque l'exemplaire soldat -lire avec un ton sarcastique- décida de mettre pression sur la demoiselle. Avec sa lame, il s'attaqua aux lettres qu'elle avait soigneusement installée, ne manquant pas de briser la roue du chariot au passage.

Éliza avait le sang chaud mais pourtant, ce dernier bouillait rapidement. Pardonnez les jeux de mots foireux, mais disons qu'elle s'enflammait facilement -bien qu'elle se calme rapidement-. Ainsi donc, fidèle à son impulsivité, une flamme au centre bleuté -due à l'intensité de sa chaleur- se forma au creux de la main de la donzelle.

" Vas-t-en et on en parle plus. ", dit l'hybride très sèchement. L'effet voulu ne fut pas rencontré. Ce qu'elle rencontra par contre fut l'ami du soldat, situé dans son dos, et sa sympathique lame très près de sa gorge.

" On se calme un peu la d'moiselle. ", avait dit le nouveau arrivé de sa voix grave et posée. Aux ententes de ses mots, Éli réalisa qu'elle était clairement vaincue. Un contre un, même avec l'homme entraîné pour le combat, elle avait une chance. Mais deux contre un, le jeu n'en valait pas la chandelle. Elle posa donc sa main sur l'épée, se coupant au passage, et l'éloigna doucement de son être.

" Ah désolée Choux, j'avais mal compris ce que vous me demandiez! ", dit-elle donc, à contre coeur. " Il va de soi que je peux vous faire un bon rabais. Tenez, la maison vous offre. " Sur ce, elle avait donné -dans un petit panier en osier- les tartelettes aux pêches ainsi que quelques muffins aux pommes croquantes. Les deux avaient quittés par la suite, laissant la jeune femme avec sa main blessée et son chariot en piteux état.

Après un long soupir, elle décida de soigner sa plaie en premier. En fait, elle voulait surtout cessé l'afflut de sang qui, entre autre, tâchait sa jupe. Puisqu'on parle, aujourd'hui Éliza avait mis une blouse blanche, simple, de style paysan. Cette dernière était faite d'un tissus léger et voilage, parfait pour la journée ensoleillée. Puis, elle avait mise une jupe ample et longue, de couleur crème. Cette dernière était souillée de farine et pâte -Lizzie était du genre maladroite en cuisine, ironiquement- et maintenant de quelques goûtes de son sang, ici et là. Elle prit donc des haillons qu'elle usait lors de la préparation de pâtisseries pour couvrir sa blessure, bouclant le tout bien serré. Le coton devient rapidement rouge mais rempli son contrat.

Maintenant, elle pouvait se concentrer sur son kyosque. Elle était enragée à la vue du résultat. Elle y avait passé deux heures après tout! Elle amassa donc peinture et pinceaux et entreprit de camoufler les ravages commis. Tout aussi propre qu'en cuisine, elle ne manqua pas d'étendre de la peinture sur ses vêtements et sur son visage, notamment sur sa joue. Elle avait d'habitude terminée avec son travail lorsque 14h arrivait, mais dû l'incident, aujourd'hui allait être une longue journée. Elle n'avait pas encore terminée les réparations des lettres qu'elle entendit quelqu'un arriver derrière elle. Se basant sur l'attroupement minime, elle jugea que l'un des deux hommes de plus tôt était de retour. Irritée, elle ne se retourna pas et dit:

" J'en ai plus! Fous le camp! " La demoiselle était prête à se battre. Elle voyait rouge, comme on dit. Histoire de ne pas commencer avec un handicap majeur, elle décida de se relever, ne s'étant pas, pour l'instant, retournée. Elle avait encore son pinceau dans la main droite -la gauche étant la blessée-.

Fûma s'était levé aux aurores une fois encore. Il n'était pas du genre à farnienter au lit. Il était plutôt hyperactif, ses nuits étaient courtes mais calmes et reposantes. Enfin, calmes et reposantes pour lui car, tous n'utiliseraient pas cet adjectif pour parler de ces nuits qu'il passait à élaborer des plans d'action et de conquête, des nouvelles méthodes d'interrogatoire ou d’entraînement. Bref, ses nuits, tout comme ses journées, étaient bien remplies.

C'est donc dès les premières lueurs du jour qu'il avait ouvert les yeux. Il s'était étiré jusqu'où bout des ailes presque à la manière d'un chat, avec des ailes. Il s'était ensuite enroulé dans un drap -car oui, notre prince ne dormait que très légèrement vêtu- et dirigé vers les bains du château afin de se purifier. L'eau y était chaude et pure et achevait de délier ses muscles. Il se laissa sécher au soleil tout en mangeant quelques fruits puis revêtit une tunique légère car la saison des fleurs qui avait commencé apportait des températures plus que douces.

Toute la matinée du Prince fut réservée à ses tâches princières : gestion des problèmes divers, inspections des armées, affectation de missions... Il avait tout condensé sur le début de la journée pour pouvoir avoir son après-midi de libre. Bon, certes, il n'avait de compte à rendre à personne sur son emploi du temps mais, il n'aimait pas négliger certaines tâches. S'il voulait prendre l'avantage sur son frère jumeau, il se devait d'être particulièrement efficace.

Lorsque le soleil commença à décliner, en tout début d'après midi, il décida de prendre un peu de 'bon temps' en se rendant dans un village bordant la forteresse. Il jeta son dévolu sur Argëa. Ce petit village situé au sud du château n'était pas bien grand mais une multitude d'artisans y avaient élu domicile. Ils faisaient tous un travail de très haute qualité, c'est pourquoi ils étaient nombreux à être en partenariat avec le Prince. En effet, Fûma commerçait en priorité avec eux. Mais, il n'était pas le seul, d'autres chefs de village et nobles de Nürnen commerçaient également avec eux ce qui arrangeait grandement les finances du territoire.

Il arpenta plusieurs étals découvrant les dernières armes forgées, les dernières potions, les nouvelles liqueurs et les derniers grands crus. On y trouvait vraiment de tout. Il commanda quelques fut d'un cidre aromatisé qu'il enverrait chercher par des domestiques dans les jours suivants. Il continua d'arpenter la rue principale du village lorsqu'il aperçut au loin un petit chariot. Sans doute une vendeuse ambulante. Elle semblait avoir perdu une roue. Le Prince s'approchait lentement lorsqu'il aperçu un homme plutôt bien bâti qui l'importunait. La jeune femme était blessée et à son autre main tenait un pinceau.

" J'en ai plus! Fous le camp! "

Malgré ses blessures, elle semblait prête à lutter. D'après ses paroles, l'homme en question ne l'importunait pas pour la première fois de la journée. Peut-être était-il même à l'origine de l'accident de son commerce ambulant. Fûma ne savait pas ce qu'elle vendait, mais il ne pouvait pas laisser ce voyou altérer le commerce dans ce village. S'ils n'étaient plus en sécurité si près du château, les artisans partiraient sans doute et cela ferait un trop gros manque à gagner pour Ângmâr. Il allait intervenir. Il s'élança et se plaça entre l'homme et la vendeuse qui lui tournait toujours le dos. Il donna un puissant coup de poing au bout milieu du visage de l'agresseur suivi d'un coup de genou en plein dans les côtes. L'inconnu se retrouva rapidement à terre le nez sanglant et les bras serrés contre son torse.

« Je n'approuve pas de tels agissements contre les artisans de mes terres ! Nous ne sommes pas en Ârnör ici ! Garde donc ce comportement pour les vermines à la botte de Kanoë ! Dégage d'ici avant que je ne t'éventre sur la place publique. Qui donc agit à l'encontre du territoire et de ses habitants, agit contre moi et devient donc un ennemi et traître ! Déguerpi au plus vite car si jamais je te retrouve, tu n'auras pas le temps de dire ouf ! »

L'homme ne se fis pas prier. Il connaissait la cruauté de Fûma. S'il avait une chance de s'en sortir, il devait la saisir. Il fut très rapidement hors de son champ de vision. Les Prince interpella alors deux gardes qui avaient assisté à la scène. D'un simple mouvement de tête, ils comprirent ce qu'ils devaient faire. Le malheureux n'aurait pas d'autres occasions d'importuner qui que ce soit... Fûma se tourna alors vers la commerçante. Il jeta un œil dans sa roulotte et y vit des moules, de la farine, du sucre et quelques fruits.

« Vos pâtisseries lui auront donc fait tourner la tête. »

Le peu de temps pour qu'elle se retourne avait suffit à l'inconnu pour libérer Éliza de son problème, et elle en était très satisfaite. Un peu sur le choc, la jeune femme ne prit donc pas le temps de penser -elle aurait clairement dû- avant de lui adresser la parole.

" Merci Sucre d'Or... ", commença-t-elle, ne terminant pas le mot orge. Le petit délai de quelques secondes avait suffit pour que les mots prononcés plus tôt par le prince fassent son chemin dans la petite tête de la jeune femme. " Avant que je ne t'éventre? " c'était bien ce qu'il avait dit non? Le visage de Lizzie changea peu un peu, son sourire devenant plus tendu. Elle observait l'être devant elle, mais surtout ses ailes. Ah bon sang! Quelle idiote elle était.

" Euh. Navrée... Je... ", tenta-t-elle d'ajouter, cherchant ses mots. Le mal était-il déjà fait? Elle entendait -dans sa tête- Cora lui dire qu'elle devait faire plus attention à son langage, mais ce qui inquiétais le plus l'hybride en cet instant, c'était qu'elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur le nom de l'homme.

* F.... Ah voyons! Ça commence par un F. Oui. J'en suis sûre. *, pensa-t-elle, sa nervosité grimpant. Son coeur battait si fort dans sa poitrine qu'elle avait l'impression qu'il laisserait ecchymoses sur sa cage thoraxique. * Oh, y'a un m aussi... Et un a... F...ma... Quelle est l'autre lettre?! *. Pour une demoiselle élevée dans un recoin perdu, sur une ferme de surcroît, mémoriser le prénom du prince n'avait pas été sujet académique. Elle regrettait maintenant d'avoir favoriser jouer avec les bovins plutot qu'écouter les histoires de son père adoptif. Et voilà que, sans crier gare, son cerveau reprit ses fonctions.

" Fûma! ", s'exclama-t-elle comme une idiote, soulagée d'avoir trouvé et presque aussi rapidement de retour à la case départ; la nervosité. Probablement pire maintenant. Elle pouvait, à ce point, sentir la chaleur montée -surtout sur ses joues- éprouvant un étrange sentiment mélangé de peur et de gêne. " Vous êtes Fûma... ", dit-elle donc, tentant maladroitement de faire ombrage au fait qu'elle venait de crier le nom de l'ange. Sa posture et son ton trahissait -ses pensées aussi remarquez- son inconfort grandissant, et son sourire était étrange. * Oh mon dieu, aidez-moi, j'vais perdre la tête. *, se dit alors la phénix.

Un peu de calme maintenant. Elle devait remédier à la situation. Les pâtisseries! Oui! Et donc, tout aussi étrangement que la situation était, Éliza prit la perche tendue au sujet de ses confections.

" Évidemment qu'elles lui ont fait tourner la tête, ce sont les meilleures d'Ângmâr! ", dit-elle donc, tentant de se calmer avec un faible taux de succès. Il est à noter que malgré son ton insécure de plus tôt, la phrase qui venait de franchir les lèvres de la jeune femme était chargée d'honnêteté. Éliza croyait fermement être l'une des meilleurs pâtissières en ce monde. Elle estimait qu'être ambulante l'avantageait; elle apprenait des nouvelles saveurs et combinaisons qu'elle pouvait ainsi mariées pour des mets divins.

" Je vous en offrirai bien une, malheureusement, des hommes ont tout prit plus tôt... ", ajouta-t-elle donc, satisfaite de la porte de sortie qu'elle avait trouvée. " Par contre, si vous me laissez une petite heure ou deux, il me ferait grand plaisir de vous en préparer. ", enchérit-elle donc, sa voix prenant de plus en plus d'assurance. En fait, Lizzie reprenait peu à peu le contrôle de la situation, ignorant si la promesse de gâterie fraîchement cuite la sauverait de la lame. " Je fais d'excellentes danoises. ", finit-elle par dire, ne pouvant s'empêcher de penser. * Deux heures me laisseront bien le temps de régler tout ça. *

Sur ce, elle attendit verdict, son coeur battant encore à folle vitesse.

- Merci Sucre d'Or... Euh. Navrée... je... Fûma ! Vous êtes Fûma...

La jeune femme était loin d'être à l'aise. L'aplomb qu'elle avait lorsqu'elle s'était adressée à son agresseur avait totalement disparu lorsqu'elle avait croisé le regard de son 'sauveur'. Son trouble était plus que palpable. Elle s'était montrée très familière avec cet inconnu qui l'avait secouru en lui donnant ce petit surnom de sucre d'orge. Bon, elle n'avait pas terminé sa phrase mais on pouvait aisément deviner qu'elle l'avait surnommé de cette petite sucrerie en forme de canne. Une sucrerie. Douce, sucrée à point et délicate. Non... Cela était loin de convenir à Fûma. Il n'y avait point de douceur en lui, il laissait cela aux femmes, aux enfants, aux faibles, à son frère... Quoiqu'il en soit, en s'apercevant de son erreur, elle s'interrompit et s'excusa aussitôt. Elle paniqua légèrement avant de hurler le nom du prince. Elle se mit alors à rougir en forçant un sourire. Elle redoutait la réaction du Prince.

Non loin de vouloir l'étriper ou l'enfermer, le prince trouva la situation plutôt amusante. Il savait qu'il inspirait respect et crainte mais le changement radical de comportement de la jeune femme le faisait sourire intérieurement. Avant que le prince ne puisse répondre quoique ce soit, elle enchaîna en parlant de ses pâtisseries.

« Oh, ils en avaient donc bien après vos pâtisseries et non pas après votre personne. Je n'ai encore jamais eu l'occasion de goûter ni même entendu parler de vos pâtisseries, d'où venez-vous donc ? Vous n'appartenez pas à ce village car je connais l'ensemble des artisans présents ici et ai de nombreux partenariats avec eux. »

Le Prince sortit un mouchoir de sa poche et entreprit d'essuyer la joue de la jeune femme qui était couverte de peinture. Il se mit alors à rire. Il ne se moquait pas d'elle mais presque.

« Vous devriez être plutôt recouverte de farine non ? J'ai rarement vu des pâtissières couvertes de peinture se défendant avec un pinceau ! Quelles étranges pâtisseries vous devez préparer. Il me tarde d'y goûter. »

Par ses paroles, le prince voulait achever de la détendre un peu. Il tenait à retrouver la femme forte et déterminée qu'il avait aperçu au loin. Une femme de poigne ne se laissant pas démonter par n'importe quel gaillard. Il sentait qu'une guerrière sommeillait en elle ou du moins, un femme capable de rivaliser au combat contre n'importe quel homme.

Éliza ne sut quoi penser quant à la réaction du prince. Elle avait entendu d'horribles choses au sujet de ce dernier et il semblait que les gens s'étaient trompés.

" Je viens du sud de Mirah, sur les fermes. ", commença-t-elle donc, sa voix encore un peu nerveuse mais se calmant à chaque mots. " Mais je voyage beaucoup. ", ajouta-t-elle donc. Son sourire devenait plus tendre, chaleureux. On ne passait pas de stressée à détendue en un claquement doigt, mais ça allait de bon train.

Puis, l'homme essuya la peinture de son visage, qui eut deux effets. Évidemment, les joues de Liz -qui venaient de retrouver leur coloration usuelle- se rougissent à nouveau. Mais aussi, elle se sentait encore plus à l'aise.

* Les gens se trompent *, pensa-t-elle, un peu surprise. * Il est sympathique. *, s'exclama-t-elle dans sa tête. Elle, qui avait déjà visité maintes cités, était étonnée que l'opinion si répandue soit erronée, mais elle se dit que c'était le problème avec les rumeurs.

" Ah oui... ", dit-elle laissant échapper un léger rire délicat. " Je ne suis pas très bonne peintre. ", ajouta donc Éli, déposant son pinceau dans son chariot. De sa main gauche, elle replaça une mèche de ses cheveux qui s'était déplacée. Sa chevelure était loussement retenue en une queue de cheval, chose qu'elle faisait souvent lors de la cuisine, mais il y avait toujours quelques mèches rebelles.

" Alors dites-moi, que voulez-vous comme pâtisserie? ", à ces mots, elle réalisa qu'elle avait pratiquement ré-interpellé l'ange comme étant sucre d'orge. Voyez-vous, la jeune femme était vraiment très habituée d'établir un certain degré de familiarité avec sa clientèle. Elle le faisait principalement par les surnoms attribués. Elle espérait tout de même ne pas se ré-échapper, sachant que malgré tout, nommé un prince d'un tel sobriquet était probablement un manque de politesse.

" Alors voyons voir... ", dit-elle, montant dans son chariot et déplaçant maints paniers et boîtes. " Je peux vous faire des croissants... des chaussons... des danoises... ", elle hésita un peu. " Oh, des brioches aussi... ", elle se releva ensuite, étant à genoux. " Pour les saveurs, j'ai des citrons, des pommes ou de pêches, mais je peux acheter autre chose au besoin. "

Sur ce, la marchande lui fit un grand sourire. Son ton était finalement de retour où il devait; à l'aise et détendu. Pas agressif ni timide, juste normal et sympathique.

" Alors ce sera quoi suc.. ? ", elle coupa net son dernier mot, espérant qu'il ne le remarque pas. Elle s'était presque échappée. * Ah mais t'es idiote ou quoi?! *, elle devient nerveuse -un peu, rien de comparable à plus tôt-.

« Vous venez du sud de Mirah. Ça fait un long voyage. »

Le Prince se demandait pourquoi la jeune femme n'avait pas décidé d'ouvrir une boutique et de s'établir quelque part. Était-elle attirée par la découverte de nouveaux horizons ? Cherchait-elle quelqu'un ? Quelque chose ? Souhaitait-elle échapper à quelqu'un ? Quelque chose ? Elle était peut -être simplement nomade. Il faudrait que Fûma en apprenne davantage à son sujet...

La jeune femme tira alors Fûma de ses pensées en lui demandant quelle pâtisserie il souhaiterait qu'elle lui confectionne.

« J'aime assez les citrons et les pêches. Vous pourriez me faire une pâtisserie mêlant ces deux fruits...Euh... Pardonnez-moi mais... Il semble que vous ayez oublié de me donner votre nom. Je suis parfaitement reconnaissable mais, vous êtes encore une inconnue pour moi ma petite pâtissière ! »

Elle semblait tenir à affubler le Prince de ce surnom de sucre d'orge. Elle devrait être prudente car notre Fûma ne le prendrait certainement pas bien. Il se sentirait ridiculisé et affaibli. Cela pourrait même se terminer par un duel qui sait...

" Un long voyage, oui, mais un plaisant. ", dit la jeune femme emplie d'entrain. Rapidement elle entra dans son chariot et y amassa des ingrédients; de la farine, du sucre, de la levure et de la graisse végétale. Elle avait aussi quelques oeufs qu'elle avait achetés le matin même. Histoire de garder vue de ses ingrédients, elle les déposa dans un des nombreux paniers d'osier qui ornaient l'un des coins du petit kyosque.

" Éliza. ", dit-elle donc en souriant, tendant sa main à l'homme. Elle ne pensa pas un instant que la chaleur de sa peau différait de celle des autres. " Éliza DesChamps! ", ajouta-t-elle donc avec un grand sourire enjoué. Il y avait une énergie positive qui se dégageait de l'hybride quand elle pensait à la cuisine. Elle était dans son élément et ça paraissait. Rapidement donc, ignorant presque le fait que le prince était là tellement elle était dans sa bulle, elle mélangea les ingrédients de la pâte. Dans un grand bol, elle agita le tout, ne manquant pas de s'en mettre un peu partout. Puis, sur la surface prévue à cet effet, elle plia le tout avant de la mettre de côté. Doucement, elle forma une boule de feu dans la paume de sa main puis glissa les flammes dans le petit four afin de le préchauffé. Sachant qu'à ce point elle devait attendre une dizaine de minutes avant de continuer, elle descendit de sa roulette et ré-approcha Fûma.

" Je vous fait une danoises aux pêches avec sirop au citron ", dit-elle confiante. Elle avait de la pâte sur ses mains mais cette dernière séchait rapidement dû à la température corporelle de Liz. " Il faut attendre un peu par contre. ", renchérit-elle, ignorant quoi faire du temps restant. " Alors, Su...Fûma, comment c'est, la vie dans un château? ", demanda-t-elle maladroitement. La paysanne ignorait comment faire la conversation avec l'ange, ignorait même en fait s'il y avait des protocoles à respecter. Cela ne l'empêchait d'espérer que non puisque si oui, elle les avait sûrement brisés. Mais c'était une chose avec Éliza, elle était une certaine forme de courageuse.

La jeune femme commença sa préparation puis forma une boule de feu dans sa main avant de la projeter dans son petit four. Cette jeune Eliza avait donc une affinité avec la magie élémentaire. Et le feu semblait être son domaine de prédilection. Cela allait très bien avec son allure générale. Le feu et ses cheveux flamboyant allaient de paire. Mais... était-elle qu'une simple mage humaine ?

« Des danoises aux pêches avec du sirop de citron. Il me tarde d'y goûter. Je veux vérifier par moi même si vos pâtisseries sont réellement si envoûtantes... »

La jeune femme chercha alors à occuper le temps restant en discutant avec le Prince. Elle lui demanda comment était la vie dans un château. C'était une façon de commencer la conversation ; pourquoi pas...

« La vie dans un château. Je dois avouer ne jamais avoir connu d'autres vies que celle-là. C'est la normalité pour moi alors... Hum... La chose la plus caractéristique c'est, qu'on y est jamais seul. Même dans ma propre chambre je peux être amené à être sollicité. Bon, mon rôle de prince doit y être pour beaucoup aussi. »

Le Prince sourit alors et décida d'en savoir plus sur sa pâtissière.

« Et vous Eliza. Comment c'est la vie sur les routes ? Une jeune femme seule et séduisante doit attirer bien des hommes pas forcément bien intentionnés ! »

Fûma savait qu'elle était capable de se défendre mais par sa question il espérait qu'elle se dévoilerait davantage encore.

Éliza ferma doucement ses yeux, écoutant les paroles du prince. Jamais seul hein? C'était étrange. Un peu l'inverse de sa vie en fait. Certes, Éliza avait Coralie avec elle, mais elles n'étaient pas toujours l'une avec l'autre, dans le présent ou le passé. Et d'un autre côté, elle en avait pas été plus triste. Liz aimait la liberté, la solitude occasionnelle. Probablement dû à ses origines, bien qu'en fait, on ignore toujours d'où vient notre caractère non?

" Hu? ", dit-elle en premier, songeant à comment répondre à la question de l'ange. Lorsqu'il usa du mot séduisante, elle laissa échapper un petit rire charmé, très court. " Je ne suis pas réellement seule. ", commença-t-elle, pensant à sa soeur. Puis, elle voulu lui dire qu'elle savait se défendre, mais elle se rappela rapidement que son interlocuteur avait dû lui venir en aide plus tôt. Ainsi, elle décida de détourner la conversation vers la première question de Fûma. Néanmoins, avant de continuer, la demoiselle recula d'un pas pour s'adosser contre son chariot, les paumes sur le bois.

" Voyons voir... La vie sur les routes... ", dit Liz d'une voix un peu rêveuse. " C'est... varié? ", répondit-elle une teinte d'incertitude dans ses paroles. " On est assez libre, on croise beaucoup de gens et ce n'est pas si dangereux qu'on le croirait. ", finit-elle donc par formuler. " Les routes sont assez tranquilles en fait, le pire est les villages. "

À ces mots, Éliza eu une pensée pour les villes. Elle avait fait beaucoup de villages depuis son départ de la maison, mais qu'une ville, sans succès. Elle cherchait des bibliothèques, des vieux sages ou magiciens, des gens qui pourrait la reconnaître. *Espérant trouver des livres bientôt*. Malgré tout, elle ne regrettait pas ses arrêts dans les petits hameaux. Elle avait rencontré des gens sympathiques et intéressants. Elle avait aussi pu entendre des rumeurs et indications diverses, certaines apparemment fausses. Maintenant qu'elle y pensait, le prince d'Ângmâr devait bien savoir lui, où elle trouverait des écrits comme elle cherchait.

" Au fait, à tout hasard ", dit-elle pour commencer, se croyant subtile sans l'être en fait. " Tu saurais pas où je pourrai trouver certains livres dis? ", ajouta-t-elle, ne réalisant pas qu'elle avait cessé de vouvoyer l'homme. " Du genre, des livres d'histoire datant de minimum environ plus de 50 ans..? ", conclu-t-elle avant d'entamer une discussion mentale.

* Pas subtile Éli. Pas du tout *, commença-t-elle avec la voix simulée de Cora. * Et tu vas lui dire quoi quand il va demander pourquoi? *, renchérit-elle.
* Hu... Que... Hu... Je suis curieuse? *, se répondit-elle.
* Mais tu es très menteuse... *, rajouta la Cora mentale.
* Ce n'est pas un mensonge, simplement une omission de lui dire que je cherche des détails sur un hybride phénix... *, finit-elle par se répondre, décidant qu'il était mieux qu'elle cesse de s'obstiner elle-même puisque ça ne menait à rien.

Pas réellement seule. Fûma se demandait vraiment ce qu'elle entendait par là. Était-elle en compagnie d'un petit animal ? Non, c'était ridicule. Si elle avait un familier il ne la quitterait pas. Il serait donc ici avec elle. Partageait-elle son temps avec un jeune homme ? Était-ce pour cela que les routes n'étaient pas très dangereuses à ses yeux ? Redoutait-elle les villes et villages car son compagnon l'y abandonnait pour s'adonner à ses propres passions ? C'était sans doute cela ? Mais... Pourtant... Elle avait l'air d'avoir un tempérament de feu. Pour le prince, Eliza ne paraissait guère faire parti de ces femmes faibles qui ne peuvent se défendre sans la présence d'un jeune damoiseau. Et puis quel homme pourrait laisser ainsi sa compagne à la merci de brigands ou autres personnes peu recommandables comme on en rencontrait souvent en ville. C'était donc peut être une amie voire même une sœur. Et, elle ne devait pas être pâtissière elle. Avait-elle une autre passion ? Un autre talent ?

La jeune femme changea alors d'attitude et de conversation. Elle semblait redevenir naturelle à cent pour cent. Elle tutoya même Fûma lorsqu'elle lui demanda s'il connaissait un endroit où elle pourrait trouver des livres anciens.

« Vous êtes férue d'Histoire ? Ou c'est pour une recherche particulière ? Plus personnelle ? Je possède une assez grande collection de livres anciens au sein de la bibliothèque de mon château. »

Fûma lui fit un sourire charmeur avant de poursuivre.

« Et... Puisque vous me tutoyez déjà, si vos pâtisseries sont à la hauteur, il est fort probable que je vous invite au château un jour. Votre compagnon de voyage a-t-il aussi un art dans lequel il excelle ? Comme je vous l'ai dit, j'ai pour habitude de lier des partenariats avec les meilleurs artisans du territoire. »

( Edit: J'avais écrit limes au lieu de citrons ^^" J'ai corrigé, 'zolée )

La question. Elle devait y répondre maintenant. Le seul hic était que Éliza n'aimait pas mentir. Une grande part d'elle avait envie de simplement répondre *" Je cherche des livres qui pourraient me dire si ce n'est pas du pur délire de croire que je suis l'enfant d'un phénix. "*. Après tout, c'était une déduction; une hypothèse. Rien ne prouvait que c'est ce qu'elle était. Une autre piste avait été de croire qu'elle était un phénix sous forme humaine. Mais elle l'ignorait. Elle voulait savoir.

D'une autre part, on lui avait aussi bien indiqué de ne pas dévoilé ce détail; cette idée et ce concept qu'elle était liée de proche ou de loin à cet oiseau légendaire. On lui avait dit que les gens, s'ils l'apprenaient, voudraient l'utiliser. Après tout, cela ne voulait-il pas dire qu'elle serait -peut-être- immortelle? Prise devant l'incontournable, Liz savait qu'elle ne pouvait pas dire une vérité si crue, comme elle aurait voulu. Elle ne pouvait pas trahir la promesse à ses parents, elle usa donc d'une fausse vérité; une phrase n'était pas un mensonge mais manipulée pour présenter les faits sous l'angle désiré. Elle n'était pas heureuse de faire une telle chose, mais elle devait. Et puis, ce n'était pas un mensonge... Pas réellement en fait...

" Je cherche des informations sur une légende... "[/color], commença-t-elle donc par dire. Et ce n'était pas faux. Dans son petit patelin, ses origines étaient vu comme une forme de légende, contées aux enfants bien que tous ignoraient les faits. " C'est au sujet de l'enfant d'un phénix, un hybride. ", ajouta-t-elle en se dirigeant vers l'intérieur de son chariot, sachant qu'elle devait continuer à préparer sa danoise. " Je cherche toute preuve ou lien avec cette histoire. ", clôtura-t-elle, un sourire tendre sur ses lèvres. Elle était sincère dans ses recherches, seulement vague sur les raisons et l'optique de la bibliothèque du prince la fit rêvasser un peu.

Sans cesser de converser avec Fûma, la jeune femme avait roulé délicatement la pâte dans un carré imparfait, qu'elle avait rectifié à l'aide d'une dague qui traînait sur son comptoir de travail. Puis, elle avait fait quelques incisions précises et identiques. Par après, elle prit une pêche, pas petite mais plutôt moyenne, bien mûre. Elle avait lavée, au préalable, les fruits et donc la coupa sans attendre. Elle posa les tranches sur la pâte qu'elle replia avec soin.

" Woah... Un château! ", s'exclama-t-elle, un peu comme une enfant. Elle avait peine à imaginer une telle construction. " Ce serait fantastique! ", surenchérit-elle, réalisant par après qu'il avait mis l'emphase sur son tutoiement. Elle ne devint pas nerveuse, principalement dû au ton qu'avait employé son interlocuteur pour souligner le tout, mais elle prit note de faire attention. Tout en n'interrompant pas la conversation en cours, elle se pencha là où était son petit four et ouvrit la porte, comme plus tôt. " Cora... ", commença-t-elle sans finir, faisant une petite pose, réalisant que le surnom de sa soeur n'était pas clair comme information. " ... Lie... ", ajouta-t-elle donc, prenant un instant encore pour mettre ses mots dans sa tête, ne manquant pas de remarque l'étrange façon de le tout avec traversé ses lèvres. Elle se reprit donc.

" Coralie, c'est ma soeur. ", dit-elle donc plus clairement, en prenant dans sa main la boule de feu qu'elle avait mise dans le four plus tôt. Elle éteignit les flammes vacillantes en fermant ses doigts sur sa paume. "Je voyage avec Coralie. ", ajouta-t-elle donc, retournant à son comptoir où elle avait laissé la danoise non-cuite. " Elle est douée en calcul... Et en écriture... ", commença-t-elle, se trouvant stupide lorsqu'elle comprit que c'était probablement pas le genre d'informations que l'ange recherchait. En même temps, elle glissa sur une plaque de métal mince la pâtisserie, qu'elle alla enfourner. Elle ria, un peu comme un fou rire, avant de se reprendre. " Cora est aussi douée en soin. ", finit-elle par dire, le ton de sa voix attendri. Éliza aimait sa soeur. Beaucoup. Et en prononçant ces mots, elle pensa aux nombreuses fois au la demie-fée avait dû soigner les blessures sur Liz, blessures qu'elle s'était infligée par faute d'inattention.

La danoise dans le four, elle prit maintenant un petit bol de métal, y ajouta du sucre, et quelques citrons. Elle commença à les presser, tout en relançant le prince sur le sujet qui l'avait le plus intrigué.

" Alors ce château, vous y invitez souvent des gens? ", elle se retint de le bombarder de questions inutiles du genre; *il est beau? Il est grand? Il sent bon?...* Cela ne l'empêcha pas de les penser. " Il est loin? ", laissa-t-elle échapper, excitée. Qu'importe que l'idée était hypothétique, l'hybride voulait visiter le tout. " Il a beaucoup de pièces? Et des grandes fenêtres? ", finit-elle par dire, tentant de calmer ses ardeurs. Liz était souvent soumise à ses impulsions, la rendant quelqu'un d'authentique. D'un autre point de vue, elle ne voulait pas ensevelir son interlocuteur sous les questions. Elle baissa donc son regard pétillant de curiosité sur son bol, ayant maintenant commencé à agiter la concoction. Il ne lui resterait qu'à chauffer le tout pour former le sirop de citron qu'elle verserait sur la pâtisserie chaude.

- Je cherche des informations sur une légende... C'est au sujet de l'enfant d'un phoenix, un hybride. Je cherche toute preuve ou lien avec cette histoire.

Le prince réfléchit un instant. Il ne lui semblait pas avoir déjà rencontré ou entendu parlé d'un descendance chez les phœnix. Mais... il était très loin d'avoir consulté l'ensemble des ouvrages de sa bibliothèque. En fait, le plus féru de lecture au sein de la fratrie jumélaire était Kanoë. Un véritable rat de bibliothèque. Alors que notre glorieux Fûma passait la plus part de son temps à étudier les sciences et s’entraîner, son jumeau lui dévorait les livres d'histoire et de mythes anciens. Fûma trouvait que cela manquait cruellement de concret pour son projet futur , à savoir, succéder à son père à la tête du monde.

« Je vous avouerai ne pas connaître grand chose des légendes mais...au vue de ma grande collection de livres, vous trouverez certainement quelques informations. Tout ce que je sais au sujet des légendes concernant les grands oiseaux de feu c'est... que certains peuvent prendre apparence humaine pendant un temps limité. Si cela est vrai, il est fort probable qu'ils soient capable de s'unir à un autre être non-oiseau. »

Le prince n'en dit pas plus à ce sujet là car, il n'en savait pas plus. Il espéra néanmoins qu'elle ne cherchait pas à acquérir une divers longévité grâce à ces créatures. Car elle risquait fort de se heurter à du danger pour un résultat loin d'être garanti.

La jeune pâtissière reprit alors son discours et lui parla de Coralie, sa sœur qui l'accompagnait partout.

« Votre sœur est donc une guérisseuse. Je pense qu'elle trouver aisément comment mettre à profit son savoir. »

Il était vrai que de nombreux travailleurs ou aventuriers pourraient quérir ses services le temps d'une quête ou suite à un travail intense.

- Alors ce château, vous y invitez souvent des gens ? Il est loin ? Il y a beaucoup de pièces ? Et des grandes fenêtres ?

L'enchaînement de questions et l'excitation de la jeune femme fit sourire notre prince. Tout en posant ces questions, elle continua la préparation de sa pâtisserie. Cela sentait déjà très bon, Fûma pourrait sans doute bientôt y goûter.

« Le château se trouve à une ou deux heures à cheval au nord d'ici. Donc finalement ce n'est pas très loin. Il est assez immense en effet. Plusieurs tours le composent et il y a cinq différentes ailes. Une grande cour est en son sein. C'est généralement là que nous organisons nos foires ou regroupements d'armée. Il y a de grands bains où nous pouvons nous purifier le jour levé. Les souterrains abritent les divers cachots et salles de torture pour nos ennemis... Je reçois régulièrement les habitant d'Ângmâr qui viennent me faire part de leurs suggestions ou problèmes. Les artisans y viennent également régulièrement. En fait, on peut dire que c'est tout le temps animé. »

Peuvent prendre apparence humaine? Elle buvait les mots du prince, étant accrochée à ses lèvres. Chaque syllabes que l'ange prononçait, elle l'enregistrait. Elle ne voulait surtout rien oublié. Il était intéressant de savoir que sa race théorique avait cette capacité. Ça donnait un peu plus de crédibilité à la seconde théorie. Reste qu'elle avait été humaine depuis sa naissance, apprenant peu à peu à devenir phénix, alors ce n'était pas à court terme dans son cas, si c'était le cas.

Puis, ils parlèrent de Coralie. Coralie était un sujet délicat pour Éliza. Elle aimait sa soeur mais n'aimait pas son pouvoir, en quelque sorte. Elle n'aimait pas, en fait, les endroits où ses capacités pourraient la mener. En danger. Elle cherchait toujours à protéger sa soeur, bien que dans les faits, c'est toujours l'opposé qui se produisait; Cora protégeait Liz. Elle se contenta donc de sourire timidement à la remarque de Fûma. Elle préférait que sa soeur reste en dehors de tout ça.

Ah, maintenant à la pièce de résistance. Le château. Une ou deux heures? Aucun problème! Anatol -son cheval- était bien assez en forme pour s'y rendre. Il ne l'avait pas encore officiellement invité, mais c'était une question de temps non? Après tout, elle savait que sa danoise serait divine. Par ailleurs, pendant que l'ange parlait de sa demeure, l'hybride avait commencé à chauffer le sirop. Pour se faire, elle tenait simplement le bol de métal dans ses mains et générait des flammes dans ses paumes. Autre avantage de cette technique; elle brûlait les résidus de jus de citron et pêche qui était encore sur ses doigts, les empêchant de sécher et de devenir collant. Elle tenait donc la plat dans une main, l'agitant de l'autre, puis changeait de main de temps en temps.

Des tours? Comme dans très haut? Il avait bien dit des tours non? Éli voulait clairement visiter les tours. Elle adorait les hauteurs, mais surtout, elle se demandait qu'elle serait la vue du haut d'une telle construction. Pensant donc au paysage qui lui couperait le souffle, son oreille capta avec retard les mots "torture" et "ennemis". C'était une blague non? Devait-elle rire? Mais l'homme continua de parler comme si de rien était, ce qui sema le doute dans son esprit. Pourtant, l'ange était gentil non? Alors pourquoi des salles de torture? D'un autre côté, c'était la guerre. En guerre, c'était normal... Du moins, c'est ce qu'elle se dit. De retour aux tours.

" Il y a moyen de se rendre au sommet des tours? ", demanda-t-elle donc, ne cachant pas son envie dans sa voix et son regard. Tout en attendant une réponse, elle se dirigea au four puis, posant le bol de sirop de côté, en sorti la danoise. Elle fit le tout à mains nues, n'ayant aucun problème avec la chaleur. Elle posa la pâtisserie dans un panier, puis, y versa généreusement du sirop pour couvrir les tranches de pêches qui avaient un peu caramélisées.

" C'est prêt... En quelque sorte... ", dit-elle en sortant du chariot le panier en main. Elle se dirigea aux côtés du prince, lui tendant la pâtisserie. " C'est probablement trop chaud présentement, il faudrait attendre un petit 5 minutes qu'elle refroidisse. ", conclu-t-elle donc, impatiente de voir l'expression de joie lorsqu'il prendrait une bouchée. Optimiste? Elle se considérait plutôt réaliste.

- Il y a moyen de se rendre au sommet des tours ?

On sentait l'excitation dans sa voix à l'idée de pouvoir admirer de magnifiques paysages vu de haut. Fûma n'était pas aussi émerveillé que cela car contrairement à elle, il était capable de voler. C'est très souvent qu'il voyait le monde d'en haut. Il n'avait plus aucun souci pour lui vu du ciel.

« Les tours ne sont pas accessibles à tous. En effet, elles abritent des éléments stratégiques pour cette guerre que je mène contre Kanoë. Certains points doivent rester secrets. Cependant... L'une des tours abrite une école. Chaque étage enseigne une spécialité. La magie, l'herboristerie mais également l'écriture, la lecture, le calcul, l'astronomie et l'histoire. Je tiens à ce que mes guerriers mais également mes futurs soldats aient un enseignement minimum. Un non-instruit ne pourra être à cent pour cent efficace. »

Il l'observa achever la préparation de sa pâtisserie avant de poursuivre.

« Vous ne me semblez pas être une espionne. J'arrive aisément à identifier les menteurs et les tricheurs. Vous pourriez bien devenir une privilégiée. Si votre art est aussi exceptionnel qu'on semble le dire, je vous emmènerai moi-même au sommet de l'une des tours. »

Il savait que ça proposition lui ferait plaisir et sentait d'avance le pétillement de ses yeux. Elle lui tendit la pâtisserie finie en le prévenant qu'elle devait être très chaude vu qu'elle sortait du four tout juste. Le prince la saisit et souffla dessus afin qu'elle refroidisse plus rapidement. Il sentit son délicat parfum ce qui lui mit l'eau à la bouche même si il ne laissa rien paraître au départ. Voyant que plus aucune vapeur ne s'échappait de la pâtisserie, il en conclut qu'elle devait être à la bonne température. Fûma prit une première bouchée qu'il savoura. Puis une seconde et une troisième. Il plongea alors son regard dans celui de la jeune pâtissière qui attendait impatiemment son verdict.

« C'est vraiment délicieux. Le goût est en adéquation avec l'odeur et l'apparence de cette pâtisserie qui est très raffinée. J'aime vraiment beaucoup. Ce n'est ni trop sucré ni trop acide. L'équilibre est... parfait. »

Il en prit une nouvelle bouchée avant de reprendre un air beaucoup plus sérieux.

« Eliza. Vous avez vraiment du talent. J'aimerai vraiment vous compter parmi mes équipes. Je sais que vous aimez parcourir les routes alors je vous propose juste un partenariat pour les grandes occasions. Si cela vous intéresse biensûr. Mais, je vous avoue qu'il est plutôt rare qu'on me refuse une alliance... »

Il la conduirait donc en personne au sommet d'une tour? Fantastique! Elle était plus que ravie et elle ne se retint pas d'en faire part au prince.

" Vraiment?! ", s'exclama-t-elle avec la voix d'une fillette qui s'est fait promettre une visite à la confiserie. Malgré tout, sa question était rhétorique. Éliza imaginait bien, ou du moins espérait, que Fûma rendait honneur à ses dires. Après tout, même si elle avait entendu des rumeurs peu attrayantes au sujet de l'ange, on ne lui avait jamais indiqué qu'il était fourbe ou autre. Elle le prendrait donc au mot. " Parfait. ", ajouta-t-elle donc, dune voix décidée. Le délai entre sa question et son affirmation avait été trop court pour que l'homme n'ait le temps d'y placer un mot. Évidemment, il restait le fait que son interlocuteur devait aimer ses pâtisseries...

À cette réflexion, l'hybride eu un petit fou rire dans sa tête. Insensé! Il aimerait. Elle le savait. Choisissez entre optimisme, confiance ou arrogance, mais Liz ne doutait pas du tout de ses talents. Par ailleurs, le moment de vérité était maintenant venu. Le prince avait avalé de bonnes bouchées de la danoise, il ne lui restait qu'à donner son jugement. Son regard était rivé sur les lèvres de Fûma, impatiente qu'il prononce les mots qui lui confirmerait un futur voyage au sommet d'une tour.

Lorsque son compagnon de discussion leva ses yeux pour soutenir ceux de la demoiselle, elle sentit son coeur s'affolé un peu. Malgré son assurance en ses capacités, elle était un peu nerveuse. Mais qu'importait puisque les mots qu'elle attendait furent prononcés; délicieux, j'aime et parfait. Visiblement heureuse, elle ne put s'empêcher de frapper par deux reprises dans ses mains, qu'elle laissa tomber le long de son corps lorsqu'elle réalisa. L'action avait été impulsive et enfantine, Éli devait donc se calmer un peu. N'empêche que son visage ne se calma pas. Ses pupilles brillantes et son sourire immense ne pâlirent pas alors que Fûma continua de parler.

Cette fois, il confirma son talent. La pâtissière était flattée et enchantée. " Évidemment que oui! ", s'exclama à la proposition. " Alors, c'est quand le prochain événement? ", ajouta-t-elle, excitée. Si certes elle pensait toujours à la tour, la cuisine du château était maintenant aussi un sujet de contemplation. Elle devait être immense non? Bien différent de son rustique chariot et de ses méthodes dépassées. La cuisine du château devait être un endroit incomparable. Et les ingrédients! Il y avait plusieurs fruits et aromates avec lesquels elle voulait travailler mais dont les coûts étaient élevés. Dits les meilleurs, Éliza n'avait pas les moyens de se les procurer. Mais un prince. Un prince aurait les moyens de s'acheter tout ça. Et voilà donc qu'elle rêvassait, dans la lune comme on dit.

Elle manqua donc la réponse que son interlocuteur lui avait donnée quand au prochain événement. " Pardon? ", dit-elle donc, sortant de ses pensées. " Tu as dis? ", ajouta-t-elle donc pour lui faire répéter, espérant que l'ange ne soit pas froissé qu'elle l'ait, en quelque sorte, ignoré pour un bref instant.

( Je te laisse me répondre, mais si tu veux, on peut clôturer le topic puisqu'on se rejoint à la fête des fleurs

On peut aussi continuer, moi j'ai rien contre Smile

-^.^- )

La réponse de la jeune pâtissière ne se fit pas attendre. Elle semblait vraiment ravie que le jeune prince apprécie son talent. Elle reprit alors une attitude un peu infantile en s'excitant à l'idée de bientôt pouvoir cuisiner au château pour Fûma et ses convives lors d'événements marquant. C'était ce qu'il y avait d'attendrissant chez Eliza. Elle était naturelle et sincère dans ses réactions. Elle était vraie et ne faisait pas semblait. Ni pirouette, ni détour, ni faux-semblant, elle était elle tout simplement et... Fûma aimait cela. Était-ce du à sa capacité à lire dans l'âme des gens ? Il l'ignorait mais cela ne devait pas être étranger au fait qu'il ne supportait pas les personnes fausses, prisent de doutes et non sincères. Il avait même tendance à les éliminer. Vous vous souvenez sans doute de la mort tragique et soudaine de son premier capitaine Uryû. Ses doutes quant à la légitimité de son engagement envers Fûma l'avaient tout droit conduit au trépas car, le prince n'avait pas hésité à le décapiter au milieu de la cour de sa forteresse, face à tous. Mais bon, ce n'est point le lieu ni le moment de ressasser cela, revenons à Eliza.

- Évidemment que oui ! Alors, c'est quand le prochain événement ?

Fûma lui parla alors de la prochaine fête qui aurait lieu dans sa forteresse mais, Eliza papillonnait tellement qu'elle ne prêta pas attention à ce que le prince lui disait. Elle n'hésita plus à le tutoyer pour lui demander de répéter ce qu'il venait de lui dire. Fûma décida de ne pas lui en tenir rigueur.

« Je vois que vous vous y projetez déjà. La prochaine fête aura lieu dans deux lunes. Les nouvelles recrues au sein de mon armée seront adoubée et affectée à leur légion respective. Suite à cela, un buffet et un petit bal avec les villageois alentours. Je tiens à ce que le peuple sache qui les protège et défend au sein de mon territoire. Vos quelques pâtisseries seront parfaites pour l'occasion. Et... si vous pouvez également réaliser des viennoiseries salées pour la première partie du buffet, ce serait excellent. »

(J'fais un p'tit message court, mais c'est parce que vu que je clôture, y'a pas besoin de s'étirer hein? )

La jeune femme ferma les yeux un bref instant; une fête pour l'armée. Pas un thème qu'elle abordait souvent, mais pas non plus un thème qu'elle ne pouvait pas accomplir. " Si je peux? Évidemment que je peux! ", s'exclama-t-elle, énergique. Ce serait la première fois qu'elle répondrait à une telle demande et Éliza était plus que prête à relever le défi.

Un sourire satisfaite sur les lèvres, elle posa son regard en direction du château du prince. " Dans deux jours alors... ", ajouta-t-elle d'un ton rêveur. Puis, observant la position du soleil, Liz se dirigea à l'intérieur de son chariot pour y ranger son matériel. " J'dois aller rejoindre ma soeur ", commença l'hybride, " mais on se revoit dans deux lunes...", renchérit-elle, une pointe de joie dans la voix. La demoiselle était curieuse à l'idée de revoir le prince, elle avait envie de le connaître plus, de juger d'elle-même les rumeurs.

Après avoir fermé les volets et cadenassé le tout, la jeune femme posa pieds au sol, il ne lui restait qu'à aller chercher sa monture -à l'écurie non loin- puis elle pourrait quitter. Elle envoya donc la main à Fûma, s'éloignant de l'homme subitement. " Je suis en retard!! " ,s'exclama-t-elle, bien qu'elle savait que Cora ne l'attendrait pas. Elle était si souvent en "retard" que sa soeur était habituée. Elle empressa donc le pas, marchand de reculons afin de lancer quelques derniers mots à l'ange qu'elle reverrait sous peu. " Au plaisir, majesté! ", finit-elle donc par dire. Son ton n'était pas moqueur lorsqu'elle avait dit "majesté" mais il y avait un certain manque de sérieux, comme si Éliza trouvait drôle d'interpeller le prince comme... Un prince.

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