Lorsqu’elle avait planifié son voyage en Nürnen, Éliza n’avait jamais cru qu’elle oserait s’aventurer plus loin. Elle avait décidé d’accomplir sa quête seule, sans aide de Coralie, et la chose n’avait pas été facile depuis le départ. Après s’être perdue à maintes reprises, rallongeant ainsi son périple, elle avait été plus souvent qu’elle l’aurait voulu bredouille. Les lieux dont on lui avait parlé, ces bibliothèques qui auraient pu contenir les vestiges d’un livre qu’elle cherchait, elles étaient toutes sans traces des pages. Au final, elle n’en avait que deux. Deux uniques pages, ravagées par le temps, d’un livre qu’elle croyait la clé de son identité, d’un livre qu’elle voulait plus que tout.

C’est en Linhir, tout près de la frontière, qu’un veillard lui parla de Kanöe. La jeune femme avait, évidemment, déjà entendu le nom du prince, mais Fûma ne lui avait pas partagé que son frère avait une grande collection de bouquins et archives. Oh Fûma. Elle y avait pensé, avant de se décider, à son prince et aussi à sa sœur. À comment tous deux n’auraient pas approuvé qu’elle dirige sa monture vers les terres ennemies. Sauf qu’elle n’avait pas le choix. Pas tout à fait vrai, mais le besoin de savoir était une obsession grandissante; elle s’était convaincue qu’il s’agissait de sa seule option.

Elle se rendit sans peine à la frontière d’Ârnör. Elle était devenue habituée de naviguer les routes seules, éviter les bandits et même, ne pas trop se perdre. Elle redoutait trouver la direction du palais. Son plan était de trouver un petit village et de s’y informer. Elle se questionnait, d’ailleurs, aux barrières de langues. Elle ignorait tant sur Ârnör, peut-être avaient-ils un dialecte propre à eux. Elle n’espérait pas et réponse lui vint rapidement. À peine l’hybride avait pénétrer le territoire de l’ange que des hommes l’interceptèrent. Des gardes, là pour l’amener au palais. Bon, probablement leurs intentions n’étaient pas de l’escorter au château afin qu’elle y soit héberger comme une invitée, mais l’important serait le résultat.

Les hommes avaient libéré Anatol du kyoske, attachant l’une de leur monture aux rennes et posant une laisse au cheval de la rouquine pour ne pas le perdre. C’est ainsi qu’ils s’assurèrent que la demoiselle ne pouvait pas s’échapper. Ils avaient aussi inspecter sa charrette, confisquant ses couteaux –vus comme armes- malgré qu’elle leur expliqua qu’ils étaient pour la cuisine. Finalement, ils n’avaient pas manqué de lui lier les mains, juste au cas.

Le voyage en Ârnör lui parrut rapide et long. Elle était épuisée, et avait à plusieurs reprises fermer les yeux, mais n’avait jamais dormi. À quand remontait sa dernière nuit d’ailleurs? Si longtemps. Elle en avait perdu le compte. Mais qu’importait. Par ailleurs, il va de soi que la jeune femme –assise dans son kyoske qui n’avait pas servit depuis un bon moment- aurait pu se libérer en brûlant les liens de corde. Mais elle n’usait plus de son feu depuis belle lune. Elle en perdait trop souvent le contrôle. Bref, assez parler.

C’est au levé d’un soleil qu’ils aperçurent au loin se dessiner les lignes du château de Kanöe, finalement. Lorsqu’ils parvinrent aux portes, les hommes laissèrent les rennes des trois chevaux à un page, demandant sèchement à l’hybride de sortir. Elle n’insista pas pour amener Nix, qui était sagement dans sa cage, recouverte d’une épaisse couverture de laine. Elle s’exécuta, sortant maladroitement de l’embarcation, ayant de la difficulté à trouver son équilibre avec les mains dans son dos.

Devant elle, le prince l’attendait. Elle ne l’avait jamais vu, mais les ailes étaient un point qui trahissait rapidement son identité. « Majesté. », dit Éliza, effectuant poliment une révérence du mieux qu’elle le put considérant que son bras était saisi par l’un de ses accompagnateurs.[/i] « Merci de m’avoir fait escorté », ajouta la demoiselle avec une pointe d’innocence dans la voix. Si elle se doutait que la décision n’avait pas été pour sa propre sécurité, son remerciement était sincère. « Je me serai probablement perdue sans quoi. », ajouta-t-elle, un très court rire s’en suivant, démontrant une aise étonnante chez la jeune femme. Peut-être était-ce que Liz était confortable en présence de Fûma, qu’elle en avait perdu de vue que ce n’était pas ainsi qu’on réagissait normalement lorsqu’on nous conduisait devant le chef de l’armée ennemie. Peut-être. Mais que voulez-vous, Éliza était Éliza.

« Crois...yez-vous qu’on pourrait me détacher les mains? », finit-elle par demander, corrigeant le tutoiement à la dernière minute et sans subtilité. « Ça fait des jours, et c’est un peu désagréable. », plaida-t-elle pour conclure, un sourire sincère démontrant, cette fois sans doute, une naïveté chez la demoiselle envers sa situation actuelle.

La tension était palpable dans l'air depuis maintenant quelques semaines déjà sur tout Fantastiqua. La guerre et toute l'atmosphère pesante liée à celle-ci étaient bien présente. Les raids entre les armées de mon frère et les miennes s'étaient intensifiés, notamment au niveau de nos frontières respectives. Nous avions capturé, interrogé et fait disparaître de nombreux espions ennemis et cela n'allait pas aller en s'amenuisant. J'avais même eu vent de quelques conflits internes en Nürnen. Il semblerait que là-bas aussi l'autorité de Lord Rosiel soit remis en question. Mais, j'avais déjà assez à faire avec Fûma pour avoir le temps de m’intéresser à cela pour le moment...

Depuis quelques lunes à présent, j'avais pris l'habitude de sonder mon territoire dès l'aube, en me posant sur le toit de la plus haute de mes tours. Je pouvais ainsi détecter toute présence ennemie suspecte et dépêcher un groupe de guerrier sur place au plus vite. C'est lors de l'une de mes inspections quotidienne que je repérai cette jeune femme dans sa chariote. L'aura de mon cher frère semblait s'y être attachée même si d'un premier abord elle n'avait l'air que d'une simple marchande itinérante. Il ne m'en fallut pas plus pour ordonner sa capture et c'est ainsi qu'elle franchit les portes du château quelques jours plus tard.

Elle me salua respectueusement après que l'on l'ai faite descendre de son chariot et commença à me parler avec une innocence déconcertante dans la voix. Son comportement me surprit énormément même si comme à mon habitude je ne laissai rien paraître. Était-ce un rôle qu'elle se donnait ? Ou bien, était-elle vraiment si naïve pour espérer pouvoir ainsi s'entretenir au château avec moi en venant des terres ennemies ? Je ne ressentais aucune once d'agressivité en elle cela étant dit. D'un signe de tête j'autorisai le soldat à lui délier les mains et le libérai par la même occasion de sa tâche pleinement accomplie. Je me sentais parfaitement capable de contenir la prisonnière le cas échéant et tenais à mener l'interrogatoire personnellement. Son chariot fut mis dans un coin et le palefrenier s'occupa de sa monture qu'il conduisit à l'écurie.

« Suivez-moi. »

Ce furent les seules paroles que la jeune femme m'entendit prononcer alors que nous nous rendions dans une des pièces réservée aux interrogatoires située dans l'aile militaire du château. Tant que les intentions de la prisonnière n'étaient pas éclaircies, je ne comptais pas la traiter autrement que comme une ennemie. Je refermai la porte derrière nous et l'invitai à s'asseoir sur une chaise. Pour ma part, je m'installai sur le bureau.

« Qui êtes-vous ? Et, que faisiez-vous à nos frontières ? Je ne pense pas que ce soit pour le commerce que vous cherchiez à vous rendre jusqu'au château... »

Il n'y avait aucune agressivité dans ma voix. Elle était douce et claire comme à l'accoutumée. C'était une simple discussion pour le moment.

(bon, je réalise amplement que ce sujet est ancien pour utiliser un terme faible. Si jamais, pour cette raison, tu préfères qu'on abandonne et passe à autre chose, je comprends, y'a pas de soucis c'est juste que c'est mon seul sujet actif (LOL) puisque mes autres sont avec Fuma ♡)

L'ange était froid avec elle, ce qui était évidemment pas très étonnant. Ceci dit, ça lui rappelait sa désagréable rencontre avec Fûma, la première fois qu'elle l'avait rejoint au château. C'était une chose de prince alors, se dit-elle, sans en faire un cas. Elle s'apprêta donc à suivre le prince, lançant un dernier regard à sa charrette. Rapidement, se doutant fortement que elle en pourrait pas apporter avec elle la bête, elle avisa néanmoins les gardes de la présence de Nyx et de ne pas s'en approcher puisque il n'aimait pas les inconnus. Puis elle emboîta le pas, dans un silence et une froideur que la jeune femme n'avait jamais vraiment apprécié.

Arrivée dans la pièce, elle s'empressa de s'installer. Bien que cet endroit n'était probablement pas penser ainsi, l'hybride y trouvait un certain confort. La pièce n'était pas froide, voir chaude et le dossier était bien aimé par son dos courbaturé. " Merci ", dit elle simplement, accompagné d'un sourire qui était sa signature. Vinrent ensuite les questions.

" Droit au but,", commença-t-elle, une pointe égayée dans sa voix, " c'est de famille être toujours aussi formel?" Elle ne s'attendait pas réellement à une réponse, tout comme elle ne pensait pas que sa relation particulière avec le frère de l'ange soit un facteur de risque pour sa personne. Mais ça, c'était sa naïveté simplement. " Je suis Éliza Deschamps, la meilleure pâtissière de tout Ângmâr. J'aimerais bien pouvoir clamer être la meilleure de toutes les terres, si vous voulez goûter ma cuisine, il me fera plaisir de concocter un petit quelques chose juste pour vous, Majesté" La demoiselle était à la fois sérieuse - elle cuisinerait sans problème pour le Kanoé si ce dernier le demandait- et à la fois blagueuse, tentant de réchauffer un peu l'atmosphère sec entre les deux.

" Mais ce n'est, effectivement, pas la raison de ma visite ", avoua-t-elle sans détour, adoptant un ton visiblement plus sérieux. Pendant l'espace d'un moment, une lueur ambrée balaya son iris, comme si la bête en elle était satisfaite de la direction où se dirigeait la conversation. Et comme l'homme était direct, elle décida d'en faire de même. " Je recherche un très vieux livre. ", commença-t-elle, " en fait, je doute même que ce soit encore un livre. Plutôt des pages. J'ignore sa grosseur ou s'il y en a plusieurs. C'est comme un compte rendu de recherche, ça parle d'une créature de feu, un phénix. ", continua-t-elle, surprise de l'aisance qu'elle avait à en parler au dirigeant de l'armée ennemie. Elle qui n'avait pas eu le courage d'en parler à sa soeur ni à son prince. Oh, son prince. Elle eut un pincement au coeur en songeant à Fûma. Elle ne lui avait pas menti, mais elle lui avait caché la vérité. Lui pardonnerait-il? Serait-il fâché? Elle chassa ses pensées, ce n'était pas le moment de se questionner sur la chose, ce serait un pont à franchir rendu la. Le livre devait rester sa priorité. La rouquine plongea donc sa main dans la poche de sa jupe. Ses vêtements, d'ailleurs, étaient dans un piètre état. Troués, tachés, ils témoignaient du voyage ardu et éprouvant que la femme avait affronté jusqu'à présent. Elle en sorti un bout de papier, plier, qu'elle s'empresse de déplier pour le tendre à Kanoé.

" J'ai trouvé cette page. Les autres devraient lui ressembler ", finit elle, attendant une réponse du prince.
La page qu'elle lui avait tendue était visiblement âgée. Il était difficile de dire si c'était du papier ou du cuir. La calligraphie était soignée, le bas paginé. Le coin supérieur gauche manquait, visiblement brûlé. En petit, dans le bas, se trouvait un titre, probablement celui de l'oeuvre " Ode à Phé". Le format en soit était celui d'un journal. Une date en marge puis du texte. La date témoignait de l'âge puisqu'elle ne faisait aucun sens, dans le calendrier actuel commençant avec la naissance des princes. Quant au texte, plusieurs passages avaient été malmenés par le temps mais en gros, l'écrivain faisait état, dans la première entrée, d'un village voisin usant du mot "inquisitrice" pour désigner Phé. La seconde entrée parlait de test que l'écrivain semblait procédé sur cette fameuse Phé. Notamment, dans ce cas, lui brisé les os des jambe afin d'en étudier si elle se guérit lors de la transformation. Visiblement, une page était peu d'informations pour comprendre tout, mais une page aidait à savoir ce que elle cherchait. Et cette page, c'était son bien le plus précieux qu'elle venait de donner à un homme qu'elle ne connaissait pas, espérant que celui ci lui redonne et même plus. Naïve ? Le temps le dira.

( il me reste la mise en forme à faire, je ferai ce soir sur mon ordi fait après léger délai, les bébés ont fait le combat du sommeil hier soir, donc j'ai pas eu le temps ^^" )