J'avais enfin trouvé le courage. Mes larmes séchées et ma respiration stabilisée, je me résolu enfin à entrer dans ce village. Je n'osais me l'avouer mais j'étais très angoissée ; plus à cause de Tarod mais plutôt à cause de ce qui risquait de se trouver derrière ces palissades. Je m'imaginai comme toujours des gens normaux me fixant hostilement du regard et échangeant des médisances à mon sujet. Bien sûr, la maison du chef de village se trouvait au beau milieu du village ce qui m'amenait à en traverser au mois la moitié. Pas très enthousiasmant tout ça mais je ne pouvais plus reculer. Enfin si je pouvais faire demi tour, retourner près de Tarod, lui rendre son bien et accepter de l'épouser mais bon... je ne voulais tout simplement pas. Peut-être un jour je trouverais la force de lui faire face de nouveau et qu'il me pardonnera. Mais cette chance était mince.

J'ouvris ma main et regardais la bague avait admiration. Elle était vraiment magnifique et je me mordis la lèvre inférieur en pensant que j'allais devoir la céder à un parfait inconnu. MA bague de fiançailles... Me sentant déstabilisée je me parlais à voix haute pour me donner du courage :

"Aller ma grande, tu ne peux plus faire marche arrière alors fonce. Pense à la reconnaissance du maire et à au respect des villageois. Il ne te chasserons plus, tu sera aimée et admirée..."

Aller c'est parti. Je me redressais, me tenant la plus droite possible, relevais la tête et fièrement, je vint à la rencontre des gardes qui surveillait les aller et venu des habitants et des inconnus. Les voyants tirer leur épée de leur fourreau je m'empressais de les avertir :

"Non ne craignez rien je viens en paix. J'ai un présent pour votre dirigeant".

L'un d'eux répliqua :

"Parce que tu crois qu'on a peur d'une minette comme toi ? Ahahah !"

L'autre renchéris :

"C'est juste qu'on ne laisse pas rentrer les bêtes sauvages. Tu nous a compris ?"

Vexée, je soupirais. Mais loin de me laisser démonter je rajoutais :

"Pour votre info je suis à moitié humaine donc laisser à votre maître le privilège de décider si je suis digne de lui faire don d'un bijoux précieux ou si je suis bonne qu'à faire le gibier pour ses chasseurs !"

J'avais dévoilé à leurs yeux la bague étincelante.

"Hum... c'est bon rentre. Mais au moindre faux-pas, on t'expédie illico dans l'autre monde, c'est compris ?"

"Je serais sage c'est promis", dis-je d'un air moqueur.

Avec un petit sourire en coin, je passais devant eux et entendit le premier dire à son camarade :

"C'est la foire aux gens louches aujourd'hui ? Dabord ce type bisarre avec sa chaîne et maintenant une demi tigresse. Où va le monde..."

Je n'y prêtais pas plus attention me doutant de qui il s'agissait. J'espérais ne pas croiser ce binôme si... aimable. Je franchis les grandes portes. Le village était gigantesque - pour moi qui n'était pas habitué à la civilisation - et très vivant. Comme je m'y attendait, les villageois se mirent à jaser à mon sujet. Je fis mine de ne pas entendre mais ça me faisait toujours aussi mal. Pour certains, j'étais la petite chatte aguicheuse venue provoquer les hommes, pour d'autres, j'étais un bête qui aurais échappé au contrôle de son maître et qui venait effrayer les enfants... et j'en passe. J'avançais la tête haute vers le centre du village cherchant une demeure plus imposante que les autres. Soudain, une odeur de tabac vint me titiller les narines, une fumée particulière. Je frissonnais à l'idée de me retrouver face à nouveau à Zarathos. Je tournais la tête et aperçu Kienzan qui ondulait au sol. Son maître ne devait pas être loin. Apparemment, les habitants de Linhir n'était pas surpris de la présence de ces individus. J'allais vers Kienzan et me penchant sur elle, je lui dis :

"Une apparence familière. Bonjours Kienzan. C'est moi où ton corps s'est allongé de quelques mètres ?"

"Son corps agrandi il le fallait bien vu la bataille contre les barbares qui nousa épuisé. Bonjour miss. Remise de notre dernière rencontre en têtea tête ?"

Brrr, toujours aussi effrayant. Maisqu'est-ce-qu'il m'énervait celui-là. Lâchant des yeux Kienzan, jeme tournais vers lui et lui offrit un sourire forcé. Oubliant lesconvenance, je m'adressais à lui comme à un amis de longue datemême si aucun de mes termes n'avaient de connotations amicales...:

"Fantastiqua n'est pas assezgrand ; il faut que tu trouves le moyen de te trouver sur mon cheminZarathos. Notre rencontre ? Je l'ai digérée depuis un bout de tempsmaintenant. Comme toi, je me remet de cette affrontement contre cesbarbares et au cas où tu aurais oublié, j'ai manqué de laisser mavie sous la flotte !"

Je soupirais sans détournerles yeux alors qu'il avait l'air d'en avoir rien à faire de ce queje racontais. A force, je devrais comprendre que parler avec lui,c'est parlé moitié avec un être vivant, moitié avec un mur... Monregard virevolta sur les côtés, curieuse de voir commentréagiraient les gens de me voir confronter à Zarathos mais ilsavaient d'autres préoccupations. En revanche, je remarquais un petitgroupe de quatre individu dont les visages m'étaient familiers. Jemurmurais pour moi :


"Je les connais ceux là..."


J'avais rencontré ces sacrésphénomènes en galopant jusqu'ici. Déjà que j'étais mal à l'aisepar rapport à Tarod, en plus j'avais l'étrange sensation d'êtresuivie. Ce n'était pas seulement à cet instant mais je ne réalisaisà présent que depuis que j'avais quitté ce démon, cette sensationétait omniprésente. Au début je pensais qu'il m'avait maudite,contaminée ou que sais-je mais au final, ce n'était rien de toutça. Si j'avais remarquée leur présence plus qu'à un autre momentc'est sans doute parce qu'ils avaient décidé de se montrer. En touscas, ils n'avaient pas été désagréables. Ils s'étaient présentéstour à tour - mais j'avais oublié les noms – puis m'avais offertde l'eau et du pain pour me soulager. Il est vrai que dans ma fuite,j'en avait oublier de me désaltérer et de chasser. J'avais acceptésans faire d'histoire et ils m'avaient mis très à l'aise, certainsplus que d'autre. Puis, aussi tranquilement qu'ils étaient venus,ils étaient repartie à leurs « occupations ». Jen'avais même pas cherché à comprendre quoi que ce soit sur eux.J'avais pris des forces et Linhir n'étais plus très loin, ça mesuffisait. Je n'aurais jamais imaginé les retrouver ici.

Jefit mine de vouloir les rejoindre mais ils disparurent à l'angled'un mur et je n'en avait sans doute pas terminé avec l'autrezigoto. Je me tournais d'ailleurs vers lui et lui montra que jen'étais pas disposer à discuter avec lui devant une tasse de thé.J'étais pressée de rencontrer le maire et de lui donner la bague,que je tenais fermement dans une de mes mains.


"Si ça ne t'ennuis pas, nousreprendrons cette conversation plus tard, j'ai à faire. Tu n'as pasquelques âmes à aller dévorer un peu plus loin ?"

"Oh si j'ai des choses a faire plein d’ailleurs et pour les âmes disons que j'ai des amis proche en ville... "

"Ben voyons..."

"Contrairement a certaine qui veut en acheter moi quand je me fait des amis je ne les achète pas je fait en sorte de les méritait "

Il avait dit cela très bas mais j'entendis parfaitement ses mots. Ces paroles me choquèrent et alors que je faisais mine de partir, je ne pu que rester clouée sur place. J'essayai de le contrer mais il ne m'en laissa pas l'opportunité :

"Pourquoi tu d...?"

Il me coupa :

"Et sinon les amours sa avance avec le loup vu comment vous étiez proche vous deux lors du combat contre les barbares je doit avouer que c’était mignon".

"Ça ne te regarde pas".

Sur ce, je me retournais pour aller la où je voulais désespérément arriver mais l'autre énergumène en rajouta une bonne couche :

"L'amour... Ça se trahi pas sa se gagne et se respecte ceux qui ne le comprenne pas ne vaut pas mieux que la pire charogne en ce bas monde "

Gloups... Je restais sur place, dos au démon espérant qu'il disparaisse de ma vue le plus vite possible. Il avait réussi à faire resurgir ma culpabilité. Ma gorge se serra et je me sentis encore plus mal qu'avant mon entrée dans ce satané village. Sans me retourner - je ne voulais plus affronter son regard tan j'avais peur qu'il lise davantage en moi - je lui dit avec colère :

"Nan mais c'est quoi ton problème Zarathos ? Tu ne pourrais pas me foutre la paix pour changer. J'ai déjà la fâcheuse impression que tu me fais suivre depuis notre première rencontre et tu t'amuse à lire en moi comme dans un livre ouvert sans prendre e compte que j'aimerais garder certaines choses pour moi".

Je soupirais, comprenant qu'il devinait ou avait été informé de mes agissements passés et futurs. Je ne pouvais le nier, ce que j'avais fais était impardonnable certes et ce que j'allais faire ne le serais pas moins mais j'estimais avoir le droit de garder un certaine intimité sur ma vie privée. Ce qui c'était passé entre moi et Tarod, rien que le fait qu'il puisse le savoir, c'était pour moi comme s'il nous avait espionner lorsque nous étions tous les deux et ça je ne pouvais le concevoir. Je tournais la tête sur le côté sans lever les yeux, fixant une pierre banal sur le sol et ajoutais :

"Je sais que ce que j'ai fais ne mérite aucune louange mais c'était le seul moyen. Je te demande de m'oublier un peu et de ne pas juger mes actes. Je cherche seulement ma place dans ce monde.".

Je me retournais et clos cet échange d'un regard méchant, une larme de rage coulant le long de ma joue :

"Alors lâches-moi !"

Je ne voulais pas qu'on me sermonne davantage ; je souffrais déjà assez comme ça. Nan mais qu'est-ce-que je pouvais détester cet homme... Et Kienzan qui souriait, je compris que je n'aurais plus aucune aide à attendre de ça part, du moins pas pour contrer les sarcasmes de son maître...

Je n'arriverais jamais à cette maudite maison. Comme un aimant le démon suivait mes pas tout en me faisant la moral. Je fis mine de ne pas entendre ses paroles, ce qui était impossible vu qu'il avait haussé le ton. Les villageois curieux écoutaient attentivement chacun de ses mots et me regardaient avec dégoût. Chaque mot étaient pour moi comme un coup violent mais je continuais à avancer ne voulant pas céder à son jeu sadique. C'est lorsque Kienzan se dressa devant moi que je stoppé à nouveau mes pas :

"Tu me déçois je ne peut te défendre si tu prend ce chemin Zarathos a des méthodes très radical mais tu le remerciera plus tard "

Je fixais la créature qui maintenait aussi mon regard. Je baissais les yeux, incapable de me défendre davantage, surtout contre elle. Kienzan en avait déjà beaucoup fait pour moi. Elle avait empêcher son maître de me réduire en boule de poil torturée parce qu'elle avait vu en moi quelqu'un d'intéressant. Là je la décevait radicalement et je n'avait pas m'en plaindre, je le méritais. Je n'osais pas lui passer devant. Je restais face à elle, impuissante et déstabilisée. C'est elle qui s'écarta de moi. Alors je filais vers la porte de la demeure du maire que j'étais parvenue à atteindre. La porte s'ouvrit avant même que je pose la patte dessus. Un grand homme aux larges épaules se dressait devant moi, fier et dominant. Intimidée, je reculais un peu puis m'inclinai respectueusement devant ce grand chef. Sa voix grave s'éleva et tous les habitants aux alentours stoppèrent leurs activités pour observer la scène, comme des ados fascinés par une baston. Très mal à l'aise, je remarquais Zarathos adossé nonchalamment contre un mur, fumant sa pipe, Kienzan ondulant non loin de lui entre les jambes des passants. Gênés par la chaîne, ils arrêtaient leur marche et interpellés, ils rejoignaient le groupe de spectateurs.

"On m'a dit que tu voulais me voir jeune féline. Je n'aime pas que des inconnu me dérange pour des affaires sans importance. Tu as plutôt intérêt à avoir une bonne excuse".

" Je... J'ai un présent à vous faire. Je voudrais que vous acceptiez ceci".

J'ouvris ma main paume vers le ciel, dévoilant aux yeux de tous le magnifique anneau en or. Devant des yeux ébahis, je le tendis au maire avec un sourire timide. Celui-ci la prit entre ses gros doigts et la regarda attentivement. Il me fixa avec indifférence et dit calmement :

"Tu me déranges pour... ça ?"

Interloquée, je ne sus que répondre. La bague valait certainement une fortune et il n'en avait que faire ? Ravalant ma salive je voulus demander ce qui n'allait pas mais il m coupa violemment :

"Je pensais... Je... Elle ne vous p... ?

"Silence petite sauvage. Tu viens jusqu'ici troubler mon village et ses habitants juste pour me donner cette babiole ? Non mais tu croyais quoi ? Que j'allais t'accueillir à bras ouverts parce que tu m'aurais fait un cadeau ? Saches petite effrontée que personne ne m'achète".

"Mais je... C'était en gage de ma bonne fois. Elle est très précieuse et..."

"Si elle est si précieuse pour toi tu n'aurais pas essayer de t'en débarrasser. Tiens !"

Il me balança la bague au visage mais je ne cherchai pas à la rattraper. Ou plutôt le temps que je me décide à l'arracher à la poussière du sol, la voix du grand homme tonna avec fureur :

"Des créatures comme toi, de la vermine, je n'en vaux pas dans mon village. Tu n'es pas digne de respect, tu n'es qu'une vaurienne, tu es née vaurien et tu mourra vaurienne. Sale bête, dégage de mon village ou je te ferais empaler vive sur la place du village et j'accrocherais ton anneau minable au bout du piquet !"

Terrifiée, je fis demi-tour, hasardant mon regard affolé sur les visages. Des visages de dégoût, de haine et d'indifférence. Des mots fusèrent de tous côté, résonnant dans ma tête comme des échos, des paroles blessantes que le chef coupa cours en donnant son ordre :

"Jetez-moi cette idiote hors du village. Sa présence est une insulte à notre moral. Je ne la laisse vivre que par pitié mais tout ce qu'elle mérite c'est d'être lapidée !"

En disant ces mots, il ramassa une pierre et la lança avec force dans ma direction. Elle cogna contre mon dos et un gémissement de douleur s'échappa de mes lèvres. Très rapidement, les villageois imitèrent leur dirigeant et armé de pierres, ils me pourchassèrent jusqu'au porte du village en me les lançant dessus. Les chocs m'arrachaient des plaintes et déséquilibrée, je tombaient de nombreuses fois sur la terre sèches. Des larmes roulèrent sur mes joues égratignée emportant le sang qui coulait des petites griffures. Luttant pour sortir de cet endroit, j'atteins enfin les portes, poussée par les villageois déchaînés. Hommes, femmes, enfants et même les chiens me courrait après comme un vulgaire animal. Passant la grande porte, les deux soldats explosèrent de rire et se mirant restèrent bras croisé alors que les autres continuaient leur violence mais à distance. Ayant quitté le village, ils n'avaient plus qu'à retourner à leur occupation mine de rien. Quand à moi, je continuais de courir, ne fuyant plus les habitants de Linhir mais la traque de ma conscience. Finalement épuisée et assez loin du village, je m'effondrai par terre en pleurant et en gémissant. Les coups causé par les pierres me faisait atrocement souffrir mais je n'avais pas le courage de les soigner. Recroquevillée sur moi-même, je songeais à l'anneau que j'avais abandonné devant la maison du maire. Je perdais ma seule chance de pouvoir la redonner à Tarod.

"Oh Tarod, mais qu'ais-je fais ?"

Laissant tout mon corps en proie aux spasmes, je criais pour évacuer la douleur, pas seulement due aux pierres mais aussi celle que renfermait mon cœur.

"Jamais... non jamais je ne serais acceptée par personne. Je... Je ne suis qu'une erreur de la nature... un monstre ! A quoi bon vivre alors que... je n'ai aucun... aucun espoir !"

Un bruit dans les buissons environnant ce fit entendre mais je m'en fichais. Peu importe qui venait, pourvu qu'ils m'achèvent.