[HRP : on dit désolé dans les cas là je crois... ou OUPS ?]


- Mais P'paaa !

Mi-boudeur, mi-rieur, Leef se débattait dans mes bras alors que je le soulevai sans difficulté au dessus de ma tête. Il savait ce qui l'attendait.

-A la une...

Je le balançai en faisant mine de le laisser tomber.

- Lâche-moi !

-A la deux...

Il se cambra violemment et planta ses petites griffes dans mon avant bras pour me faire lâcher prise. D'un geste ample, je m'éxecutai.

-A la trois !

Leefaen tomba dans l'eau dans une gerbe d'éclaboussures. Il reparut quelques secondes plus tard, se frottant les yeux pour en chasser l'eau, hilare.

-C'est pas juste, se plaignit-il.

Je l'interrogeai du regard.

-Toi t'es fort, et grand, et moi je suis petit. C'est pas juste.

Il se rapprocha de moi et, fatigué de nager pour ne pas être entrainé vers le fond, me tendit les bras. Ayant l'eau jusqu'à la taille, je n'eus aucun mal à extirper mon petit loup de l'emprise du lac. Frottant son dos de ma main qui ne le portait pas, je lui souris :

-Tu grandiras, sois patient. En attendant...

Je haussai les épaules, et le lâchai sans crier gare. Il retomba aussitôt dans l'eau qu'il venait de quitter, et en émergea avec peine, toussant et crachotant.

-T'es nuuuul ! me sermona-t-il.

Mon rire répondit à ma place alors que je regagnai la rive du lac. Leef pataugea derrière moi en bougonnant encore un moment, avant de comprendre que tout cela n'était qu'un jeu. Il se blottit ensuite contre moi, enroulé dans une serviette épaisse et mouelleuse. Nous passâmes un certain temps assis au bord de l'eau, à regarder le soleil se refléter sur la surface lisse du lac. Sentant mon fils en pleine réflexion, je n'osai pas bouger, paisible.

Dans ce silence, le craquement d'une branche attira ainsi tout de suite mon attention. Je tendis l'oreille, mais j'étais incapable de distinguer le moindre pas. En revanche... J'eus tout juste le temps de reconnaitre le doux murmure des ailes battant à tout rompre, avant qu'une servante de Kanoë - et amie de Fel - ne vienne à notre rencontre. Mes muscles se détendirent d'eux-même à la vue de la jeune fille.

- Tarod !

Elle paraissait essoufflée.

- Dépêche-toi, c'est Fel, elle...

Elle n'avait pas fini sa phrase que j'avais déjà bondi sur mes jambes. Ramassant à la hâte ma tunique, je passai rapidement la sienne à Leef qui la reçu en boudant. Il semblait ne pas se rendre compte. En attendant, la servante avait repris son souffle.

- Elle est chez Thierry... je crois.

Savoir Fel chez le médicomage me rassurait, mais je ne me dépêchai pas moins pour autant. Je lui adressai un signe de tête de remerciement.

- Leef, appelai-je en m'agenouillant.

Je sentis ses menottes accrocher mon cou, et n'attendis pas plus pour muter. En équilibre sur mon dos, Leef s'accrocha comme il le put.

- C'est bon P'pa.

Je sentais en lui une excitation extrême. Ce n'était pas tant la perspective de voir la famille s'agrandir que cella de la course effrenée à venir qui lui plaisait. Je ris intérieurement, pensant à Rosiel condamné à éduquer un téméraire avide de sensations fortes. Et je m'élançai.


La course fut rapide, pour le plus grand bonheur de mon fils. Nous avions rapidement distancé la servante, et j'arrivai bientôt aux portes du chateau où il me fallut ralentir. Mutant à nouveau, et prenant Leef dans mes bras pour aller plus vite, je passai devant les gardes abasourdis sans dire un mot, et traversai le chateau sans saluer quiconque. Droite, gauche, deuxième étage, troisième couloir. Nous y voilà. Je toquai rapidement trois fois, demandai à Leef d'être sage, et m'eclipsai alors qu'Armène ouvrait sa porte.

- Que ... ? entendis-je dans mon dos.

Je laissai à Leef le soin d'expliquer.

Quand quelques minutes plus tard, je me retrouvai devant le cabinet de Thierry, je me rendis soudain compte que l'excitation éprouvée jusque là se transformait dangereusement en une peur irrationnelle. Quoi ? Moi, j'avais peur ? Je tentai de me ressaisir, mais mes mains étaient moites, et mon bras refusait obstinément de pousser la porte. Et si je n'étais pas à la hauteur ? Non, j'étais ridicule. J'élevai Leef - entre deux missions, certes, mais tout de même - et je l'élevai bien. Du moins, je faisais de mon mieux. Soudainement, j'aurais voulu ne plus être là. L'idée de tout plaquer et de m'enfuir vers de nouveaux horizons s'accrocha à mon esprit, dernier espoir d'un condamné. Je secouai la tête. Je n'étais pas un condamné. Bien au contraire. Ma main s'accrocha à la poigné. Et si l'enfant n'était pas normal ? Saurai-je gérer deux dangers potentiels ? Saurai-je protéger mes deux enfants d'eux mêmes ? La tâche était mal aisée avec Leef... alors avec deux comme Leefaen ? Mes traits se crispèrent. Fel avait promis qu'il serait normal. Ma main tourna la poignée, la porte s'ouvrit. Maintenant, il fallait assumer.

Livide, je découvris le spectacle curieux de voir un autre homme penché entre les cuisses de ma femme. En d'autres circonstances, il y aurait eu effusion de sang. Mes yeux s'arrêtèrent un moment sur les mains de Thierry qui me dévisageait. Il y avait effusion de sang. Le mien ne fit qu'un tour. Me rapprochant de Fel, je pris sa main et scrutais ses yeux avec angoisse. Avait-elle mal ? Etait-ce normal, tout ce sang ? Elle me fixai avec reconnaissance, pourtant, les mots restaient bloqués dans ma gorge.

Mis à part que Fel me broyait la main, je pouvais dire qu'apparemment, tout se passait au mieux. Le tourbillon de stress m'avait finalement quitté pour se faire remplacer par une angoisse bien plus profonde. Les accouchements, on le savait, n'étaient jamais faciles, même aussi bien encadrés. C'était un énorme risque que j'avais fait prendre à Fel, et si jamais cela devait mal tourner... Je crois que je m'en voudrais à vie. Mais il ne fallait pas que j'y pense. Fel était là, bien vivante, comme mes phalanges écrasées pouvaient l'attester. Quelque part, ça me rassurait. J'eus un peu honte de détourner mon regard de ce "magnifique spectacle de la vie qui commence", mais honnêtement, je ne voyais rien là de très ragoutant. Moi qui avais vécu de nombreuses batailles, vu les tripes d'amis et ennemis se mêler dans la boue, je ne supportait cependant pas ce tableau prétendu divin. Alors j'écoutais. J'entendais Thierry parler tout seul, les plaintes etouffées de Fel, l'excitations de ses amis servantes... Puis lui.

Il a suffi d'un cri pour que la voix de mon fils reste à jamais gravée dans ma mémoire. Ce cri là, je le reconnaitrai parmi des milliers d'autres, j'en avais la certitude. Aïe, instinct paternel. Pas bon ça. Je tournais la tête vers lui lorsque Thierry me le présenta, attestant qu'il était en parfaite santé. J'échangeai un sourire avec Fel : ses prévisions étaient justes. D'autant plus justes que mon fils avait l'air d'être parfaitement... normal. Malgré mes gênes, malgré ceux de sa mère, rien ne le différenciait des autres petits garçons. Pas d'oreilles de félin, pas de pelage gris, mais des oreilles bien rondes et une peau bronzée toute douce.

-vous savez comment il va s'appeler ?

Je répondis avec Fel :

-Liam. Il s'appelle Liam.

Je réceptionnai mon fils dans mes bras alors que Thierry s'occupait de je ne sais trop quoi. Fel avait l'air exténuée, mais elle rayonnait. Avec un bout de tissu qu'une servante me tendit, j'entrepris de nettoyer Liam de tout le sang dont il était encore couvert, et en profitait pour scruter la moindre partie de son anatomie. A mon grand soulagement, lorsque j'eus fini, je n'avais rien trouvé. Rien, ni queue, ni griffe, ni autre bizarerie. Mieux encore, il nous regardait à présent avec les mêmes yeux bleus que tous les nouveaux nés. Pas de doré, pas de rouge. Il était d'une normalité exemplaire. Secrètement, je me mis à espérer que ce petit homme serait comme moi. Je savais qu'il y avait là une sorte d'injustice vis-à-vis de Leef, mais je sentais qu'un lien inédit était en train de se créer. Et cette question, importante à mes yeux, ne cesserait pas de me tarauder jusqu'aux quatres mois de Liam : était-il malgré tout Wolbatas ? Se pouvait-il que mon sang, déjà mêlé, suffise à lui accorder ces pouvoirs ?

Fel me regarda intensément, et je me rendis compte que je monopolisai un peu notre enfant. Je lui souris en guise d'excuse.

-Bravo mon coeur, beau travail, lui dis-je simplement en posant Liam sur sa poitrine.

(je crois qu'on peut le terminer ici celui-là nan ? ou on poste tous un dernier message pour clore ? -désolé de l'immense retard mais je ne m'étais pas apperçu que c'était mon tour de répondre. je mérite d'être pendu a mort par les pied XD-)

oui on peut tkt pas tu seras pas pendu

SUJET CLOS =)