Rencontre père et fils [pv Tarod]

Ma décision avait été sans appel. Nous devions partir. Leefaen avait maintenant un peu plus de deux ans quand je me décidais enfin à le mener à son père. J'aurais certainement attendu plus longtemps si l'évènement ne se serait pas produit mais j'avais trop peur que cela ne se reproduise. Au manoir de Lord Rosiel, nous n'étions plus autant en sécurité qu'avant si nous devions en plus gérer la double personnalité de mon fils. Des mages noirs et nécromanciens fous venaient tourmenter Valhaine et je ne voulais pas que mon ami face courir le moindre risque à son domaine sous prétexte qu'il n'aurait pas été assez attentif aux attaques de ses ennemis. S'il devait en plus nous protéger, cela devenait trop risqué pour nous trois. Et puis, Tarod avait le droit de savoir qu'il avait un fils et dernière raison, j'avais passé trop de temps à vivre avec le désir brûlant de le revoir un jour et de le serrer dans mes bras. La dernière fois que je l'avais vu à Valhaine lors d'une rencontre assez électrique entre des membres des deux armées, il m'avait soufflé que je lui manquais. J'avais alors l'espoir que sa colère envers moi serait passée et qu'il serait prêt à me pardonner. Je m'étais alors mis en route pour Ârnör avec mon fils. Rosiel qui m'avait appris à monter cheval, m'avait confier une de ses précieuses montures, une jument noire avec qui je m'entendais très bien. Mon petit Lee à califourchon sur son dos riait en jouant avec Manoir, son chat qui s'agitait sur la jument. Mélaïna suivait d'un oeil attentif et surveillait avec moi les environs pour être sure de ne pas être surpris par des brigands. Le trajet avait jusqu'ici était tranquille. Malgré notre drôle d'équipage, les gens des villages que nous traversions ne nous renvoyait pas balader alors qu'étant seule, je m'étais fait chasser par ces gens. C'était comme s'il on leur avait demandé de ne plus me faire du mal : je lisais dans leur yeux pour certain, une gentillesse forcée par l'obéissance à une puissance plus élevée. Peut-être qu'on avait changé ma réputation au sein du royaume pour me permettre de revenir à Ârnör. Quoi qu'il en soit, j'étais parvenu sans encombre jusqu'au château. Arrivant à la porte, je m'adressais au garde :

"Bonjour monsieur. Serait-il possible de m'annoncer je vous prie ? Je suis une amie et le prince me connait".

- Bonjour ma petite dame. Mais oui demoiselle Felyndiira, je me souviens de moi. Vous avez travaillé au palais fut un temps n'est-ce-pas ?

- En effet. Je suis de retour et j'aimerais m'entretenir avec le capitaine Tarod s'il est là.

- Je ne sais pas s'il est rentré de mission mais vous pouvez toujours monter dans la salle du trône et le faire demander. Si le prince vous appréciait, il ne vous laisserait pas dehors. Entrez avant que l'orage n'éclate. N'avez-vous pas vu derrière vous ? Le temps se couvre".

Je me retournais et vis en effet que des gros nuages s'étaient formés. C'était curieux que je ne les ai pas remarqué avant. J'étais tellement stressée à l'idée de revoir Tarod. Je remerciais chaleureusement le garde et pénétrait dans l'enceinte du château. On vint s'occuper de ma jument et personne n'opposa de résistance face à l'entrée de la louve et du chat qui ne lâchait pas Lee d'une semelle. Mon fils était tout souriant malgré qu'il se trouvait dans un endroit totalement inconnu. Il jouait encore avec la queue du chat qui grognait gentiment. D'ailleurs, il n'y avait qu'avec Leefaen qu'il était aimable. Avec lui, ses yeux rouges n'étaient plus du tout menaçants. Je rentrais et attendis qu'on vienne m'accueillir. Lee qui s'était lassé de jouer, s'était rapproché de moi et avait enserré ma jambe avec ses petits bras gris. Il agitait nerveusement ses oreilles de chaton peureux en disant :

"Maman. On est où ?"

Je le pris dans mes bras et lui répondis doucement :

"Nous sommes dans le château du prince Kanoë. Tu va bientôt voir ton père.

- Papa".

Je ne lui avait jamais caché l'existence de son père ; je lui en parlé même très souvent. Il me demandait des fois d'aller le voir. Il trépinait d'impatience comme s'il allait recevoir un cadeau. Si seulement je pouvait être aussi joyeuse. J'avais peur de savoir comment il allait réagir après tant de mois d'abscence, a élevé notre enfant dans le secret. Mais Lee avait besoin d'un père et je ne voulait pas qu'il s'attache trop à Rosiel pour choisir son modèle. C'était Tarod son père et je voulais que ce soit lui son idole.

- Capitaine Tarod ?

Je tournai la tête vers celui qui me sortait d'une longue série de songes. Le soldat ne pouvait certes pas le deviner, mais il venait de briser la bulle de souvenirs dans laquelle je me réfugiais. Le fantôme de Felyndiira encore vacant dans mon esprit, je lançai un regard interrogateur à Barney.

- Quelqu'un vous demande, Capitaine, finit-il par dire.

- Dis-lui que j'arrive, acquiesçai-je, sans pour autant me soucier de l'identité de mon futur interlocuteur.

Les nouvelles allaient décidemment bon train. Voilà à peine deux heures que j'étais rentré, et les ennuis commençaient déjà. Celui qui me demandait, au mieux désirait s'engager - et voilà la paperasse à remplir - au pire allait m'empoisonner la vie pour un bête différent avec l'un de mes soldats. Comme quoi, le grade de capitaine comportait, lui aussi, de lourds inconvénients.

N'ayant pas pris le temps de me changer, c'est l'épée au côté et toujours muni de quelques pièces de mon armure que je descendis le long escalier menant à la salle de trône. Je n'avais aucune idée de l'allure que je pouvais avoir, mais je ne doutais pas que ce n'était pas celle d'un Prince sortant tout juste de sa toilette. Je regardai rapidement mes mains : elles étaient propres, enfin plus ou moins. J'imaginai que mon allure générale devait suivre cet exemple. De toute façon, il était trop tard, car voilà qu'un garde m'ouvrait la porte de la salle d'audience.

J'y entrai sans cérémonie, me doutant que mon Prince n'y serait pas présent. D'un rapide coup d'oeil, j'examinai ceux qui se trouvaient dans la salle.

Et m'arrêtai aussi rapidement que j'étais entré. Elle était là. Après deux ans d'une si longue absence que jamais je n'avais su combler. Et à ses pieds, se cramponnait un minuscule petit être, un enfant dont l'attitude et l'apparence ne pouvaient mieux me renseigner sur l'identité de ses parents.

La nouvelle me fit l'effet d'un énorme poids sur les épaules. J'avais un fils. Mais pas n'importe quel fils. Pas un fils d'une femme quelconque, maîtresse d'un soir ou pauvre fille. J'avais un fils de la femme que j'aimais.

L'enthousiasme d'une petite voix aïgue me sortit de mon hébêtement, et j'eus tout juste le temps d'ouvrir les bras et de m'abaisser pour laisser un petit homme m'enlacer comme s'il me connaissait depuis toujours. Instinctivement, je resserai mes bras autour de son petit corps d'enfant, et le soulevait dans mes bras.

Je regardai Fel avec intensité. Dans mes yeux se mêlaient la joie de la retrouver, la crainte de la voir repartir, l'appréhension devant mon nouveau rôle de père, mais surtout, beaucoup de douleur jusqu'ici refoulée.

- Papa... entendis-je murmurer - ou ronronner ? à mon oreille...

Enfin il était là. Il avait l'air terriblement surpris de nous voir et s'était compréhensible. Je ne doutais pas une seconde qu'il reconnaisse ce petit bout de deux an et demi comme son fils. Avec une apparence telle que la sienne, ça ne pouvait être autrement. Quand il apparut, je n'eus même pas besoin de dire à Leefaen que ce bel homme au visage que je trouvais fatigué ou peut-être juste mélancolique, était son père. Il s'agita dans mes bras pour que je le laisse descendre. Je m'exécutais sans rien dire et le laissais courir vers les bras de son père. Je m'en voulu alors d'avoir attendu si longtemps. Quand Lee se trouva dans ses bras, Tarod le serra contre lui. J'entendis notre fils appeler son père papa et ronronner. Un truc de famille ça. Lui me regardais avec dans les yeux des tonnes de questions mêlées à des émotions en vrac. J'avais beaucoup de choses à lui conter. Je ne savais pas comment réagir devant lui. Devais-je aller l'embrasser ? Lee ne l'avait jamais rencontré auparavant et pourtant, il s'était jeté dans ses bras comme s'il l'avait toujours connu. Moi qui le connaissait vraiment, je devais pouvoir en faire autant. Il se redressa, notre petit bout restant accroché à sa jambes comme s'il ne voulait plus partir. Je regardais un instant Tarod puis portais mes yeux sur Leefaen qui m'interpellais :

"Maman. Pourquoi tu fais pas câlin à papa ?"

Les larmes me montèrent aux yeux. Ce petit être si innocent était tout ce qu'il me manquait de courage pour retrouver mon amour. Je n'hésitais plus. Je courus vers les deux êtres qui m'étaient le plus cher à cet instant précis de ma vie et j'enlaçais Tarod en l'embrassant tendrement. Je fourrais ma tête dans son cou en pleurant et je murmurais en deux sanglots :

"Oh Tarod pardonnes-moi. Je ne pouvais plus attendre et... comme je regrette tout ce que j'ai fait. Je t'aime tant".

Leefaen, avec sa petite voix adorable miaula :

"Pleure pas maman. Papa est là maintenant".

Tant de sagesse dans une si petite bouche. Comme j'étais heureuse.

C'est mon fils toujours dans mes bras que j'accueillis celle qui depuis tant d'années semblait m'avoir fuit. Cela faisait bien deux ans, presque trois, que Kanoë l'avait libérée de son poste, et depuis, j'étais resté sans nouvelles. Ce n'est pas faute d'avoir cherché pourtant. En effet, je profitais de chaque mission, de chaque temps libre qui m'étaient donnés, pour questionner villageois et voyageurs au sujet de celle que j'aimais encore plus que tout. Mais personne, jamais personne, n'avait la moindre nouvelle à m'apporter.

Nos retrouvailles furent dignes d'un tableau gribouillé par un peintre mélancolique. Ma femme et mon fils me revennaient de manière si inattendue, que je ne pensais même pas à interroger Fel sur toutes les questions qui me torturaient depuis 3 ans. Je savourai ce moment de bonheur enfin rendu. Fel m'embrassa avec autant de tendresse que si nous nous étions quittés la veille. J'étais trop content de ma chance pour laisser une telle occasion filer. Oubliant un instant toute la rancoeur et toute la peine qui m'habitaient jusqu'ici, je lui rendis son étreinte de mon bras encore libre, et goutai avec joie le parfum sucré de ses lèvres tendres.

- Pleure pas maman. Papa est là maintenant.

Ce bonhomme était décidément peut être plus sage que ses deux parents réunis. Ils avaient tant de choses à m'apprendre, tous les deux. J'embrassai mon fils sur le front avec beaucoup d'affection, et me tournai vers Fel.

- Inutile de rester dans cette salle plus longtemps. Suivez-moi, je vais vous conduire dans mes appartements, nous serons plus à l'aise.

Alors que les soldats ne possédaient qu'une chambre meublée, j'avais eu droit, en montant en grade, à un habitacle de plus en plus spatieux. Seule, à ma connaissance, la suite du Prince était plus raffinée que la mienne. J'en avais d'abord été très gêné, estimant inutile ce luxe que l'on m'offrait, alors que je passais les trois-quarts de mes nuits dehors. Mais sous l'insistance de mon Prince, j'avais fini par céder. Et aujourd'hui, je ne regrettai pas du tout ce choix.

Alors que nous remontions les escaliers que j'avais dévalé un instant - ou un siècle - plus tôt, j'attrapai par le bras un serviteur.

- Voudriez-vous apporter un lit d'enfant dans ma chambre avant ce soir, gentleman ?

- Tout de suite, Capitaine Tarod.

Il effectua une rapide courbette et s'en alla dans la direction opposée. Nous montâmes encore quelques marches, puis j'ouvris la porte et invitai les deux êtres qui m'étaient le plus chers à entrer dans mon sanctuaire.

- Vous êtes ici chez vous, leur indiquai-je, puis je me tournai vers Fel, et dans mon regard se poursuivait l'invitation silencieuse de rester habiter ici, avec moi, au chateau.

Je pris place ensuite dans l'un des deux fauteuils qui faisaient face à la cheminée, et libérai mon garçon de mon étreinte, afin qu'il puisse tranquillement découvrir les lieux. De la main, j'invitai ensuite Fel à me rejoindre. Peut être allai-je enfin savoir...

[HRP : j'en profite pour signaler qu'en théorie je ne connais toujours pas le nom de mon fils ^^']

"Inutile de rester dans cette salle plus longtemps. Suivez-moi, je vais vous conduire dans mes appartements, nous serons plus à l'aise".

J'acquiesçais. Plus tard les questions réponses. Il me fallait nous poser un peu. Le voyage avait été long et j'avais peu dormi pour arriver rapidement jusqu'ici. Leefaen avait suivi plus ou moins mon rythme, s'endormant parfois sur le dos de la jument mais je doutais que cela n'est été suffisant pour lui. Je suivis Tarod qui portais toujours son fils dans ses bras avec tant de tendresse que j'étais vraiment convaincue d'avoir fait le bon choix en l'amenant ici. En montant le grand escalier que j'avais déjà parcouru de nombreuses fois au temps où je travaillais ici, Tarod interpella un serviteur et lui demanda de faire apporter un lit d'enfant dans sa chambre. Lorsque nous arrivâmes à son appartement, il nous invita à y entrer et je découvrit une suite magnifique et spacieuse qui m'était inconnu. En effet, certaines pièces du château m'avais été interdites d'accès même pour y faire le ménage. Devenu une jeune fille obéissante, je n'avais jamais chercher à braver cet interdit.

"Vous êtes ici chez vous".

"Merci".

Lee libéré des bras de son père se mit à courir dans tous les recoin pour découvrir l'endroit. Le chat et la louve, qui avait su se montrer discrets jusqu'à maintenant, le suivirent sans bruit et sans trop attirer l'attention davantage. Mélaïna se coucha sur le tapis qui se trouvait le plus au centre de manière à pouvoir garder un oeil sur l'enfant où qu'il soit tandis que manoir s'était perché sur une haute armoire pour le même genre de raison ; du moins c'est ce que je supposais concernant les deux totems. Il faudrait que je songe à en parler à Tarod. Mais il y avait plus important : je n'avais toujours pas révéler le prénom de notre enfant.

Je répondis à l'invitation de mon aimé et allais m'asseoir un peu hésitante, sur un fauteuil à côté de celui qu'il avait choisis. Je ne savais par où commencer, j'avais tant de chose à lui dire. D'une petite voix je lui dis :

"Il s'appelle Leefaen".

En entendant son prénom, mon amour de petit garçon vint me voir et pris mes doigts pour jouer avec. Il avait le visage rayonnant ; j'en était bouleversée.

"Maman, Manoir veut pas jouer avec moi ici. Il aime pas être là.

- Ce n'est pas grave mon ange. Joue avec ta louve, elle te refuse rien.

- Oui mais Méli elle sait pas jouer à chat-perché", me répondit-il avec une petite mine boudeuse trop craquante.

Je sortis de mon sac la rose noire que Rosiel avait offert à Lee en cadeau de bienvenu à sa naissance et lui tendis.

"Tu veux jouer avec elle ?

- Oui. Je peux la faire voler ?"

J'aurais préféré pouvoir discuter avec Tarod avant qu'il ne découvre les dons de notre enfant mais notre bambin ne me donnait l'obligation de commencer par ce détail.

"Non pas ce soir Lee, tu es déjà fatigué. Demain si tu veux.

"Oui maman".

Il se tourna vers son père et lui dit avec fierté :

"T'as vu papa ? Elle est belle ma rose noire. C'est un cadeau de tonton Rosiel. Elle est magique, elle ne se fane jamais".

En retrouvant sa liberté de mouvement, le petit courrut dans tous les recoins pour examiner l'endroit, j'étais tellement absorbé et emerveillé par ce petit être que je ne vis pas Fel prendre place dans le second fauteuil.

- Il s'appelle Leefaen, l'entendis-je me dire.

- Leefaen... répétai-je dans un murmure, tandis que mon fils s'approchait de nouveau, un large sourire sur le visage.

- Maman, Manoir veut pas jouer avec moi ici. Il aime pas être là.

- Ce n'est pas grave mon ange. Joue avec ta louve, elle te refuse rien.

- Oui mais Méli elle sait pas jouer à chat-perché.

Leefaen arborait à présent une mine boudeuse, mais Fel semblait déjà savoir comment lui rendre le sourire. Elle sortit une rose noire de son sac, et la lui tendit. Je crus ensuite avoir mal entendu, Leef voulait-il la faire voler ? Je n'eus pas le temps de me questionner d'avantage, car déjà il se tournait vers moi avec une mine réjouie :

-T'as vu papa ? Elle est belle ma rose noire. C'est un cadeau de tonton Rosiel. Elle est magique, elle ne se fane jamais.

Je restai d'abord sans voix. La capacité d'élocution de Leef était étonnante pour un enfant de son âge. Passant une main affectueuse dans ses cheveux noirs, je lui rendis son sourire et il fila jouer. Moi, j'avais quelques questions à poser à sa mère... D'autant plus que je venais de remarquer la présence des deux animaux plutôt étranges, qui suivaient mon fils du regard sans ciller.

- Je crois que tu as beaucoup à me raconter... commençai-je.

Mais je fus immédiatement interrompu par une petite main qui tirait le bas de mon pantalon, baissant les yeux, je vis les dents blanches et le regard pétillant de mon fils.

- Papa... j'ai faim !

Tout sourire, je le pris dans mes bras et fis venir un serviteur. Chacun de nous demanda son repas, puis je posai de nouveau les yeux sur Fel.

- Alors ?

"Je crois que tu as beaucoup à me raconter..."

Tarod était resté sans voix quand l'enfant lui avait parlé. La façon dont s'exprimait Lee ne m'étonnait guère. Rosiel s'exprimait dans un langage digne des plus grand aristocrate et moi j'avais perfectionné mon éloquence en parlant avec lui et grâce à ce qu'il me faisait lire et écrire pour mon apprentissage. Lee qui était très attentif, mémorisait beaucoup de mots très rapidement. J'étais vraiment fière de ce petit garçon qui montrait déjà qu'il ferais un jour partis des grands de ce monde. Je baissais les yeux sans répondre voyant notre fils qui interpellé son père.

"Papa... j'ai faim !

- Ça ne m'étonne pas, notre dernier repas remonte à il y a au moins quatre heures. Et puis notre enfant est un vrai petit estomac sur patte".

J'avais le sourire et les explications que je voulais donner à Tarod venaient dans ma tête toutes prêtes, dans un ordre logique. Je n'avais plus d'appréhension, j'étais bien, mais j'avais aussi un peu faim. Tarod fit venir un serviteur et poliment je demandais un peu de viande, du lait et des fruits pour mon fils et moi. Mon homme-loup prit son petit félin sur ses genoux et me relança. Je lui répondis :

"Si ça ne t'ennuis pas, j'aimerais qu'on prenne le temps de savourer notre premier repas tous les trois. Lee est fatigué et mon récit risque d'être long. Je te dirais tout ce que tu veux savoir quand notre fils dormira".

Manoir s'était décidé à descendre de l'armoire et avançais vers nous avec des yeux menaçant. J'oubliais parfois à quel point ce chat était maléfique mais quand je croisais son regard, j'en avais peur. Seul Lee semblait de pas en être effrayé. Le voyant un peu menaçant vis-à-vis de Tarod qui berçait l'enfant, la louve se leva et vint bousculer le félin noir avec son museau en grognant. Je ne doutais pas que Mélaïna et Tarod s'entendrait ; après tout, il pouvait se changer en loup. Celle-ci vint se coucher à nos pieds dissuadant le chat de venir nous ennuyer en grognant légèrement mais sans réel agressivité. Elle était vraiment très douce et très protectrice. Manoir, boudeur, gagna un recoin sombre de la chambre pour nous observer tout en restant caché. C'était mieux ainsi. Pensant à nos compagnons poilus, je demandais au serviteur :

"Serait-il possible d'apporter de quoi nourrir ces animaux ? Un bon morceau de viande et un grand bol de lait fera l'affaire pour se soir".

Puis me tournant vers Tarod, je rajoutais :

"D'habitude l'un d'eux va chasser pendant que l'autre reste avec Lee et inversement mais là, cet endroit doit les intimider et Melaïna ne laisserais pas Manoir seul avec nous dans ces conditions. Il est parfois...très impulsif. Je t'en dirais plus c'est promis".

La présence de ces deux animaux me tracassait de plus en plus. Et Fel ne fit rien pour arranger mon trouble.

- D'habitude l'un d'eux va chasser pendant que l'autre reste avec Lee et inversement mais là, cet endroit doit les intimider et Melaïna ne laisserais pas Manoir seul avec nous dans ces conditions. Il est parfois...très impulsif. Je t'en dirais plus c'est promis.

- Je vois, répondis-je de manière évasive, alors que, soyons bien clairs, je ne voyais rien, mais alors, rien du tout.

Quelques minutes passèrent dans un calme absolu, Leefaen blotti contre moi comme un chaton - je reconnaissai bien là sa mère - puis enfin le serviteur revint avec deux plateaux chargés de victuailles.

Nous mangeâmes dans un silence paisible, entrecoupé par les questions de Leef, qui demandai réponse chaque fois qu'une question lui passait par la tête.

- Qu'est-ce que c'est ? avait-il d'abord demandé en désignant un fruit assez étrange dans le panier.

- Pourquoi mon lit est plus petit ? questionna-t-il ensuite quand deux hommes entrèrent dans mes appartements pour y déposer un lit supplémentaire.

Et pourquoi ci, et pourquoi ça... Leef ne s'arrêta tout bonnement pas. Pourtant, alors que n'importe quel autre gosse m'aurait très vite tapé sur le système, je restai calme et emerveillé devant mon fils et son regard pétillant de curiosité et d'intelligence. Mais quand finalement, un baillement sonore le prit en plein jeu - j'étais en train de le faire voler au-dessus de ma tête, et lui, les bras écartés et le sourire aux lèvres, riait de bon coeur - j'estimai qu'il était temps pour lui de rejoindre le monde de Djaar.

Je le ramenai donc contre ma poitrine, et lui dis d'un sourire tendre :

- Allez mon bonhomme, il est temps d'aller au lit.

Il ne se fit pas prier. Se frottant les yeux, il descendit de mes bras, alla embrasser sa mère, puis revint vers moi. J'eus droit à un long calin et à un petit bisou mouillé, puis il nous souhaita bonne nuit, enleva tout seul sa tunique, et se glissa sous les draps tièdes. Nous n'attendimes pas plus de cinq minutes avant d'entendre sa respiration lente et régulière qui annonçait son entrée dans le monde des rêves.

Je quittai donc la chambre et revins au salon où Fel m'attendait. Dans mes yeux brillait la reconnaissance. Celle de me laisser voir mon fils, celle de, simplement, m'avoir laissé le coucher seul, celle de me faire confiance. Celle de la retrouver, enfin.

- Il est... adorable, lui avouai-je en me rassayant sur mon fauteuil, après avoir pris soin de fermer le verrou, pour que plus personne ne nous dérange désormais.

Je soupirai longuement, j'avais hâte de savoir, hâte de comprendre.

- Raconte moi tout, lui dis-je, sans aucune menace, mais plutôt d'un ton tendre, comme auparavant, depuis le début. Depuis... depuis cette nuit où tu es partie...

Je parlai bien sûr, non pas de la nuit où elle était partie du chateau de Kanoë, mais bien de celle où elle m'avait fui, emportant avec elle la bague que je comptais alors lui passer au doigt. J'étais prêt à tout entendre. J'étais prêt à pardonner. Mais je voulais savoir.

Nous mangeâmes notre repas paisiblement. Lee n'arrêtait pas de questionner son père sur tout ce qui lui passait par la tête. Je les laissais à leur enchaînement de questions réponses qui avait l'air de les amuser tous les deux. Moi je ne disais rien. J'étais trop heureuse de voir à quel point ils s'entendaient bien tous les deux et puis moi je vivais avec Leefaen chaque jours depuis plus de 2 ans ; je pouvais les laisser profiter de se moment privilégié. Cela me soulager de voir que je pouvais dorénavant compter sur Tarod. J'aimais trop mon fils pour me l'avouer mais j'étais parfois assez dépasser par cet enfant si...original. Tarod pris son fils dans ses bras pour le mener dans son lit alors qu'il baillait. Là encore, je lui laissais ce plaisir. Mon petit vint me faire un câlin avant d'aller dormir.

"Bonne nuit mon ange. Fais de beau rêve.

- Bonne nuit maman".

Il tendis ses bras vers son père et lui fit un long câlin qui m'émue profondément. Une petite larme de joie coula sur ma joue mais personne ne la vit. Comme un grand, il alla se coucher. Lorsqu'il fut endormi, je regardais Manoir dans son coin sombre et lui fit signe de rejoindre Lee. Il ne se fit pas prier et alla sauter sur le lit pour se blottir contre l'enfant qui l'enlaça comme une peluche. La louve se coucha au pied du lit et s'endormit aussi.
Tarod assit près de moi murmura :

"Il est... adorable...

- Ce n'est pas notre fils pour rien, lui répondis-je en saisissant sa main.

- Raconte moi tout. Depuis... depuis cette nuit où tu es partie...

- La nuit de ma trahison..."

Je soupirais sachant qu'il me falait passer par là avant de pouvoir parler de Lee. J'avais à expliquer pourquoi j'avais fait ça. C'était une épreuve que j'acceptais. Je commençais :

"Cette nuit là, j'avais en tête d'amener ta bague au chef de village de Linhir pour acheter leur reconnaissance et leur respect. Ce fut un échec total puisque je me suis fais violemment jetée dehors... Je soupçonne Zarathos d'y être pour quelque chose et maintenant que j'y pense je suis sur qu'il voulait me donner une bonne leçon. Bref, une fois éjecté de ce village où j'ai laissé la bague, j'ai erré de village en village, pas pour me faire bien voir mais pour les voler. J'étais tellement en colère contre les humains pour m'avoir toujours mépriser que je dérober leur bien en plus de la nourriture. Mes petits délits m'ont posé pas mal de soucis jusqu'à ce que j'arrive ici et que je te revois enfin. La suite tu l'as connais. J'ai travaillé pendant quelque mois jusqu'à me racheter une conduite".

Je fit une pose et bus une verre d'eau. Je repris tranquillement sans croiser son regard :

"Je m'en veut pour ce que j'ai fais je t'assure. Mais j'ai changé maintenant. Tu sais à l'époque, je n'avais que 18 ans, j'étais naïve et impulsive et j'en voulais à la terre entière mais depuis je me suis rendu compte qu'à force de faire n'importe quoi, je perdais les êtres qui m'étaient les plus chers. En particulier, celui que j'aimais".

Je pris son visage entre mes mains et déposais un baiser passionné sur ses lèvres. J'étais si bien près de lui. Je ne voulais plus jamais être séparée de lui.

Fel semblait nerveuse. Je savais pourtant qu'elle n'essairait pas de me cacher quoi que ce soit, mais qu'elle préférait simplement trouver les mots justes. Je la laissais prendre son temps. Et comme je m'y attendai, elle m'avoua tout.

Elle m'avoua à demi-mot qu'elle ne voulait pas trahir ma confiance en s'enfuyant cette nuit là. Elle assuma son vol, et ses motivations : retrouver une intégrité. Je pensai que tout cela allait me mettre en colère une fois de plus. Je me trompai. Au fond de moi, je lui avais déjà pardonné depuis longtemps. La seule chose que j'attendai, c'était ceci, son récit, ses aveux, rien de plus.

Mais elle semblait refuser de croiser mon regard. Comme si elle avait peur d'y voir la même haine que lors de nos dernières rencontres. Je m'apprêtai à la prendre dans mes bras. Mais elle fut plus rapide. Lentement, elle se leva et prit mon visage dans ses mains si douces. Nous nous embrassâmes une fois de plus, et dans ce baiser brillaient toutes les excuses du monde.

- Pourquoi n'es-tu pas revenue quand tu as constaté que tu étais enceinte ? lui demandai-je entre deux étreintes. J'aurais pu t'aider. Tu sais bien que jamais Leefaen ne connaitra ni haine ni colère, quels que soient nos comportements respectifs.

Je soupirai et fermai les yeux un moment. Leefaen avait grandi sans père, et il s'en sortait à présent à merveille. Au fond de moi, j'avais peur de lui donner mauvais exemple. Que pouvait un guerrier comme moi sur l'éducation d'un enfant ? Mais mes interrogations furent remises à plus tard, car Fel continuait son récit.

- Pourquoi n'es-tu pas revenue quand tu as constaté que tu étais enceinte ? J'aurais pu t'aider. Tu sais bien que jamais Leefaen ne connaitra ni haine ni colère, quels que soient nos comportements respectifs.

Je répondis en me rasseyant près de lui :

"En fait, je ne m'en suis rendu compte toute de suite que j'étais enceinte. Je l'ignorait toujours quand j'ai travaillais au palais. Cela faisait deux moins que je t'avais...laissé. Après deux moins à travailler ici, ton prince m'a laissé repartir et j'ai erré un peu partout mais sans commettre un seul délit. J'ai donné quelques coup de main à des gens au passage et obtenu un peu de reconnaissance de cette manière. Je me suis remise à vivre de mes propres moyens en chassant pour me nourrir et en dormant dehors, comme à mes début seule dans le monde sauvage. En cours de route, je me sentais de plus en plus malade et je prenais anormalement du poids. Par chance j'ai rencontré un médicomage qui m'a annoncé ma grossesse. J'ai alors tout de suite eu le réflexe de rejoindre le manoir de Rosiel, un très bon ami qui vit à Valhaine. Tu doit te rappeler de notre rencontre à Valhaine... Bref, j'ai accouché là-bas et ça été très éprouvant, j'ai failli y passer et Lee aussi mais Rosiel a assuré notre survie. J'ai élevé Lee seule et Rosiel s'est chargé de l'instruire intellectuellement - et moi avec par la même occasion".

Il me semblait avoir fait le tour. Je n'avais pas encore parlé de se qui touchait directement Lee mais j'allais y venir. En fait j'hésitais à comment poursuivre. C'était soit la raison pour laquelle je m'étais décidée à lui amener notre fils, soit par lui raconter l'histoire des totems de Leefaen. Je lui demandais :

"Tu veux savoir quoi en priorité. Je ne sais pas par quoi poursuivre".

Fel m'expliqua tout du mieux qu'elle put. Je ne savais pas ce que je devais éprouver pour ce Rosiel. D'un côté, il avait certainement sauvé la vie des deux personnes qui me sont le plus chères, mais de l'autre... disons que je le tenais responsable du retour tardif de Fel à mes côtés. Je mourrai d'envie de savoir ce qu'il s'était passé exactement entre eux, mais sentant la jalousie me ronger, je préférai remettre cette conversation à plus tard. Mon fils. Lui seul importait ce soir.

- J'aimerai que... que tu me parles de Leef. Pourquoi est-il si précoce ? Qui sont ces deux animaux qui semblent le surveiller et le protéger ? Quelle est cette rose étrange ? Qu'a-t-il hérité de nous deux ? A-t-il... des dons particuliers ?

Le flot de questions aurait pu ne jamais se tarire mais je vis dans les yeux de Fel une lueure d'amusement mêlée à de l'anxiété. Je me tus donc immédiatement, et attendis, aussi patiemment qu'en j'en étais capable. Je passais mon bras autour de son cou, et l'embrassai affectueusement sur le front.

- Je suis désolé de t'infliger cet interrogatoire, tu dois être épuisée. Si tu veux... enfin, nous pourrions remettre ça à demain.

Je n'en avais absolument pas envie, comme on s'en doute, mais je tenais d'avantage à Fel, et je ne voulais pour rien au monde lui petre désagréable...

- J'aimerai que... que tu me parles de Leef. Pourquoi est-il si précoce ? Qui sont ces deux animaux qui semblent le surveiller et le protéger ? Quelle est cette rose étrange ? Qu'a-t-il hérité de nous deux ? A-t-il... des dons particuliers ?

Tant de questions, ça ne m'aidaient guère en fait. Mais ça m'amusait de voir à quel point il était impatient. Je ne savais si ce que j'allais lui révéler allait ou non être bien vu ou s'il me croirait mais après tout, dans ce monde tout es possible. Et puis il s'agissait de notre enfant, pourquoi mentirais-je ? J'avais peut-être passé une partie de ma vie à voler, tromper et mentir mais là je n'étais plus la même qu'il y a quelques courtes années. Il passa son bras autour de moi et déposa un baiser sur mon front.

- Je suis désolé de t'infliger cet interrogatoire, tu dois être épuisée. Si tu veux... enfin, nous pourrions remettre ça à demain.

"Nan ça va aller ne t'inquiète pas. Je veux que tout soit dis maintenant. J'ai tellement attendu ce jour où tu cesserais d'être u mystère pour Lee et où je pourrais tout te révéler, partager ce... fardeau avec toi. Quand je t'en aurais dis plus tu comprendras que je ne pouvais plus attendre. Tu n'est pas au bout de tes surprises".

Je bu une gorgée d'eau puis repris en essayant de faire simple :

"Pourquoi Lee est si précoce je n'en sais rien. C'est un petit garçon plein d'intelligence, c'est innée chez lui. Il mémorise et apprend très vite. Il a des facultés mental hors du commun. T'as entendu qu'il voulait faire voler sa rose... Et bien Leefaen est capable de psychokinésie. Il fait léviter toute sorte d'objet sans réel effort, enfin ça dépend de la grosseur de l'objet. Il a découvert ça tout seul et se concentrant sur une feuille un jour. Il ma dit qu'il avait vu la feuille voler et que juste après, elle faisait exactement ce qu'il voulait qu'elle fasse. c'est un jeu pour lui. Je ne m'inquiétais pas tellement pour ça au début".

Je me remémorais le pourquoi j'étais parti à la recherche du père de Lee. Cela me fit trembler un très cours instant. Il fallait que je continue. Je repensais à un autre souvenir, celui pendant lequel j'avais rencontré un vieux devin qui m'avait prédit l'avenir de mon enfant à naître... Je repris :

"C'est visiblement le seul don hors du commun qu'il possède seul. Après, il y a ses totems. Je t'explique. Alors que je me rendais u manoir de Rosiel pour enfanter, j'ai rencontré un vieux devin qui ma prédit l'avenir de notre fils. Il m'a dit qu'il voyait le Mal en lui, qu'il serait... démoniaque".

J'avais prononcé ce dernier mot tout bas tant ça me retournait encore. Je guettais la réaction de Tarod avant d'en dire un peu plus. Ce que j'hésitais à dire sortis de lui même :

"C'est de ma faute Tarod. Le vieil homme disait que je portais le Mal en moi mais qu'il ne se serait jamais manifesté. A force de provoquer les démon, j'ai été contaminée... et je l'aurais transmis à notre fils. Il l'aurait absorbé et ce Mal se serait multiplié et intensifié en lui".

Je pleurais silencieusement comme à chaque fois que je pensais à Lee et à cette ombre maléfique qui le hantait à cause de moi...

Avais-je mal entendu ? Parlait-elle bien de fardeau ? Je me concentrai d'avantage sur ses paroles, persuadé d'avoir compris de travers. Fel m'expliqua que notre fils avait un don de psychokinésie. D'où lui venait-il, c'était une excellente question.

Fel m'inquiétait de plus en plus par son discours. Elle lâchait deci de là des sous-entendus que je n'aimais pas du tout. J'appris encore que les deux animaux étaient des totems - ce que cela signifiait, je n'en savais pas plus - mais la suite me figea sur place.

- ... Il m'a dit qu'il voyait le Mal en lui, qu'il serait... démoniaque

Je n'eus en apparence aucune réaction, mais j'en étais complètement retourné. Qu'entendait-elle par ... démoniaque ? Je veux dire, Leef est un enfant, que peut-il faire de mal ?

- C'est de ma faute Tarod. Le vieil homme disait que je portais le Mal en moi mais qu'il ne se serait jamais manifesté. A force de provoquer les démon, j'ai été contaminée... et je l'aurais transmis à notre fils. Il l'aurait absorbé et ce Mal se serait multiplié et intensifié en lui.

Je dus ouvrir la bouche d'un air bête mais Fel qui pleurait à présent silencieusement se prit la tête dans les mains et n'en vit rien. J'avais du mal à croire tout ce qu'elle venait de me raconter. C'était si... irréel. Du bout du doigt, je lui relevai le menton, et fixai ses yeux félins avec intensité.

- Ne laisse jamais quelqu'un te dire que tu es responsable.

Ce qui arrivait n'était que le fruit du destin. C'était peut être aussi le fruit d'une union... disons artificielle. J'étais aussi responsable que Fel, si l'on peut considérer qu'il existe des responsables.

- Fel, qu'entends-tu par... démoniaque ? finis-je par lui demander lorsqu'elle se fut calmée. Je veux dire, Leef est un gamin ! Il ne peut pas... faire du mal.

En croisant le regard de Fel, je compris qu'il le pouvait. Mon coeur loupa un battement, et je ne laissai finalement pas Fel m'expliquer quoi que ce soit. Bondissant de mon siège, je la pris par le poignet et la menai dans la chambre de notre enfant.

Il dormait paisiblement, le bras autour de son chat. La louve au pied du lit releva légèrement la tête à notre approche, mais nous reconnaissant, se rendormit aussitôt.

- Regarde le, chuchotai-je à Fel pour ne pas le réveiller. Crois-tu vraiment que le Mal coule dans ses veines ?

Toujours sans lui laisser le temps de répondre, je la menai dans ma propre chambre, où un lit double, chaud et douillet, semblait nous appeler à lui. Delicatement, je postai Fel devant le miroire qui ornait le mur en face du lit.

- Regarde toi.

Je me plaçai derrière elle, l'enlaçant, mes mains se fermant sur son ventre.

- Je ne vois aucun mal, Fel, lui murmurai-je à l'oreille.

Je l'embrassai sur la tempe, puis posai ma tête contre la sienne.

- Leefaen a besoin d'amour, d'encadrement, d'une éducation. Il a besoin de toi, et de moi. Rien de plus. Personne n'est mauvais Fel, et quoi que Leef puisse avoir, nous l'aiderons à le combattre. Si son corps est malade, son coeur, son esprit et son âme resteront purs. Il est de notre devoir de l'y aider. Mais jamais, Fel, jamais plus je ne veux t'entendre dire, ou même penser, que tu es responsable.

- Ne laisse jamais quelqu'un te dire que tu es responsable.

Comment ne pas me sentir responsable alors que cet enfant portais en lui le Mal qui m'était destinée. pourquoi m'avoir épargnée si c'était pour faire tout porter à mon fils. Ce n'était pas juste.

- Fel, qu'entends-tu par... démoniaque ? Je veux dire, Leef est un gamin ! Il ne peut pas... faire du mal.

Ma gorge se serra. C'est le moment que j'aurais du choisir pour lui raconter le drame mais il n'y a que mon regard qui exprima ce que je pensais. Devant cette absence d'explication, Tarod réagit et me traîna jusque devant le lit de Leefaen. Mon petit ange dormait paisiblement, le sourire au lèvre, Manoir dans ses bras, ronronnant. Il était trop adorable mon fils. Comme j'étais fière d'avoir enfanter une telle merveille. Tarod me demanda alors :

- Regarde le. Crois-tu vraiment que le Mal coule dans ses veines ?

Je ne pus répondre car m'aime si je voulais dire non, je savais que c'était pourtant le cas, à mon grand regret. Il me mena ensuite dans sa chambre à lui et me plaça devant un miroir :

- Regarde toi.

Il vint m'enlacer tendrement. Je ne réagissais toujours pas. J'entendis sa voix douce à mon oreille :

- Je ne vois aucun mal, Fel.

Je baissais la tête, impuissante. Moi je le voyait le Mal. Il reprit :

- Leefaen a besoin d'amour, d'encadrement, d'une éducation. Il a besoin de toi, et de moi. Rien de plus. Personne n'est mauvais Fel, et quoi que Leef puisse avoir, nous l'aiderons à le combattre. Si son corps est malade, son coeur, son esprit et son âme resteront purs. Il est de notre devoir de l'y aider. Mais jamais, Fel, jamais plus je ne veux t'entendre dire, ou même penser, que tu es responsable.

"Je sais..."

Je m'éloignais de lui et allai m'asseoir sur son lit. Fixant le sol je lui expliquais :

"C'est pour toutes ses raisons que j'ai choisis de garder Lee. Le vieil homme m'avait proposer de le faire mourir avant sa naissance pour ne pas que j'enfante un bébé qui pourrait devenir un risque pour le monde. Mais j'aimais bébé déjà avant qu'il ne naisse. Je l'aimais parce que c'était mon fils, la première fois que j'allais donner la vie à un être, un bébé à qui je pourrais donner de l'amour et en recevoir, mais surtout parce que..."

Je fixais ses yeux dorés et termina :

"...parce que c'était ton fils et la seule chose que me rattachait à toi".

Je lui souris et l'invitais à venir s'asseoir près de moi en lui tendant la main.

Fel se détourna du miroir et s'assit sur le lit.

- C'est pour toutes ses raisons que j'ai choisis de garder Lee. Le vieil homme m'avait proposer de le faire mourir avant sa naissance pour ne pas que j'enfante un bébé qui pourrait devenir un risque pour le monde. Mais j'aimais bébé déjà avant qu'il ne naisse. Je l'aimais parce que c'était mon fils, la première fois que j'allais donner la vie à un être, un bébé à qui je pourrais donner de l'amour et en recevoir, mais surtout parce que...

Je fus énormément touché par cette révélation. Elle aurait pu s'éviter tous ces malheurs, en étant égoïste, juste une fois de plus finalement. C'est là que je vis vraiment à quel point elle avait changé. Et là aussi, je crois, que je lui pardonnai tout. J'avais aussi fait des erreurs. Nous en avions tous fait. Personne ne doit souffrir sa vie entière à cause d'un comportement puéril d'enfant dont on ne s'est pas assez occupé.

- ... parce que c'était ton fils et la seule chose que me rattachait à toi, lâcha-t-elle finalement.

Un sourire des plus beaux illumina son visage alors qu'elle me tendait la main. Je m'approchai d'elle, mais ne saisit pas sa paume accueillante. La prenant dans mes bras, je l'allongeai sur le lit et l'embrassai comme jamais encore je ne l'avais fait. La nuit que nous passâes ensuite fut encore plus belle que celle passée dans les ruines du chateau en haut de la montagne. Jamais je n'aurais pensé que mon coeur puisse un jour battre aussi fort pour un seul être.

Je ne fermai finalement pas l'oeil de la nuit, veillant le sommeil de ma féline, qui après toutes ces émotions dormait profondemment. Sa tête posée sur mon torse, je caressai machinalement ses cheveux en savourant un bonheur si simple retrouvé.

Et lorsque le soleil darda ses premiers rayons à travers les rideaux de velours, je la sentis emerger de ses rêves. Et j'étais prêt. Brisant le silence qui nous enveloppait encore, je pris sa main qu'elle serra en retour :

- Fel...

Un ronronnement discret m'annonça qu'elle était trop confortablement installée pour oser ouvrir la bouche. Sachant qu'elle m'écoutait, je continuai :

- Me feras-tu enfin l'honneur de devenir ma femme ?

Il ne pris pas ma main, il fit bien mieux. Il m'allongea sur le lit et m'embrassa avec passion. Je lui rendis ses baisers avec autant de fougue, plus amoureuse que jamais de cet homme. Je savais que jamais je ne pourrais donner mon amour à quelqu'un d'autre, c'était lui et personne d'autre. Je le laissais m'entraîner dans cette nouvelle aventure qui fut bien plus magique que la première. Peut-être parce que lorsque nous nous étions aimé dans les ruines du château, j'avais pour dessein de le trahir. Là, mon seul but, était de rester à ses côtés, le plus longtemps possible. En fait, je ne voulais tout simplement pas partir. Je ne doutais pas que Tarod veuille garder son fils auprès de lui, mais moi me pardonnerait-il assez pour me garder aussi pour vivre à ses côtés. Mais pas le temps pour de telles pensées. Pour l'instant, je vivais ce moment plus intensément que jamais, me laissant complètement aller dans ses bras. Je me sentais si bien, si libre. Tant d'émotion faisant vibrer mon coeur, j'étais définitivement amoureuse. Je finis par m'endormir profondément dans ses bras, ma tête posé sur son torse chaud et bercée par les battements réguliers de son coeur.
Lorsque le jour pointa, j'ouvris les yeux et vis que je n'avais pas rêvé. J'étais bien lovée contre le corps de mon aimé. Il pris ma main, je la serrais :

- Fel...

Je levé les yeux vers lui et ronronnait longuement alors que je sentais qu'il allait me demander quelque chose. Je songeais qu'il avait de nouvelles questions sur notre fils vu que je n'avais encore pas abordé certain sujet avec lui. Mais il aurait eu un regard soucieux pour ce genre de conversation alors que la, son coeur battait plus vite et il souriait :

- Me feras-tu enfin l'honneur de devenir ma femme ?

Je souris alors jusqu'aux oreilles. La dernière fois qu'il m'avait demandé cela, j'avais refusé. Je m'étais focalisé sur la bague rien de plus. Là, alors que je savais qu'en acceptant je renoncerais à toutes mes libertés d'avant, je n'étais plus du tout réticente. Bien au contraire, c'était tout ce que j'attendais. J'avais là à la fois son pardon mais aussi la chance qu'il me donnait de rester vivre à ses côtés, pour toujours avec notre fils. Je ne répondis pas tout de suite mais mes yeux souriaient. Je le poussais un peu et sortis du lit enveloppée d'un simple drap. Je ramassais ma sacoche et en sortie un collier. Je revins vers le lit et m'assit près de lui. Je lui tendis alors ma main et l'ouvris sous ses yeux en disant :

"Tu vas avoir besoin de ça pour me faire ta demande".

La bague qu'il m'avait offerte et que j'avais récupéré trônait dans ma patte doré. Elle scintillait, accroché à sa petite chaînette :

"Je la porte autour de mon cou depuis ma condamnation par Kanoë. J'espérais ce jour depuis si longtemps. J'espérais ton pardon et la promesse d'une vie entière à tes côtés. Alors oui Tarod, je veux être ta femme, pour le meilleur et pour le pire. Je crois que le pire est passé, maintenant, vivons le meilleur".

J'étais fière d'être ce que je suis devenu. Une jeune femme nouvelle et sur d'elle qui savait qu'elle était à présent son but et son avenir.

Avais-je jamais vu plus grand bonheur dans les yeux de quelqu'un ? Si c'était le cas, il avait été eclipsé. Fel ne répondit d'abord rien, mais je savais, cette fois, que ce n'était pas parce qu'elle s'apprêtait à refuser. Au contraire.

Elle se leva avec grâce, enveloppée d'un drap blanc, et chercha dans sa pochette quelque chose que je ne vis que quand elle me le tendit.

- Tu vas avoir besoin de ça pour me faire ta demande

La bague. Ma bague. Sa bague.

-Je la porte autour de mon cou depuis ma condamnation par Kanoë. J'espérais ce jour depuis si longtemps. J'espérais ton pardon et la promesse d'une vie entière à tes côtés. Alors oui Tarod, je veux être ta femme, pour le meilleur et pour le pire. Je crois que le pire est passé, maintenant, vivons le meilleur.

Mes yeux cessèrent d'observer le bijou pour se porter de nouveau sur celle que je chérissai comme la prunelle de mes yeux. L'attirant de nouveau à moi, je l'embrassai amoureusement, et me saisis de sa bague de fiancaille. Je l'asseyai ensuite sur mon lit, et telle un homme devant sa déesse, je m'agenouillai.

Une fois de plus, je pris sa main. Mais cette fois, la peur ne me faisait pas trembler. Et cette fois, ce n'était plus une adolescente rejetée que j'avais devant moi. Je tenais la main d'une jeune femme épanouie. Je tenais la main d'une mère aimante. Je tenais la main de ma future femme. Glissant l'anneau à son annulaire, je baisai sa main si douce et conclus.

- Pour le meilleur, Felyndiira...

Je la vis rayonnante de bonheur. Un sourire tendre étira mes lèvres, et je me serai laissé aller avec elle sans remord... si une petite bouille n'avait pas fait irruption dans la pièce à ce moment précis.

Se frottant encore les yeux, les cheveux tout en bataille, Leefaen vint prendre ma place dans les bras de sa mère. Se pelotennant contre elle, il ronronna de tout son saoul avant de remarquer ma présence. Toujours accroché à sa mère, il tendit alors un bras et m'attira à lui. Nous restâmes un petit temps ainsi, comme si rien ne devait jamais nous séparer. Et puis...

- Papa... j'ai faim.

Je souris de toutes mes dents en me défaisant de son étreinte. Enfilant rapidement une tunique propre, j'eus tôt fait d'appeler un serviteur et de lui passer commande. Quand je revins dans la chambre, Leef était toujours collé à Fel, mais observait ses doigts avec suspission.

- Maman... pourquoi il est plus sur la chaine, ton anneau ?

C'est avec une grande joie que je vis la bague aller à mon annulaire.

- Pour le meilleur, Felyndiira...

Je souris. J'avais l'impression d'enchaîner les plus beau moment de ma vie. C'était si magique, si fabuleux, j'espérais que rien de tout ceci n'étais un rêve. Et un des éléments de mon rêve venait d'arriver dans notre chambre. Mon petit Lee, à peine réveillé, vint me rejoindre et se blotti dans mes bras en ronronnant. Je lui demandais doucement :

"Bien dormis mon chaton ?"

Il fit oui avec la tête puis regarda son père auquel il tendit sa petite main grise. Il l'attira vers nous et nous restâmes quelques minutes ainsi à profiter d'un câlin en famille. Lee et moi nous ronronnions en cœur, c'était assez amusant à entendre. Puis, il nous poussa un peu et sorti à son père :

- Papa... j'ai faim".

Je ris puis lui donnais un gros bisou sur le front. Tarod se leva et s'habilla avant d'aller commander le petit déjeuner. Quand à Lee, il resta dans mes bras à jouer avec mes cheveux puis avec mes doigts. Il adorait faire ça quand il voulait être avec moi. Ça ou un câlin mais les câlin le lasser au bout de quelques minutes. Il fallait qu'il s'occupe les mains, qu'il découvre les sensations qu'elle lui apportait et puis, il aimait bien m'embêter aussi de temps en temps et tirant gentiment mes mèches ou en mordillant mes doigts avec ses petits crocs à peine tranchant. En jouant ainsi avec mes doigts, il nota une différence - il était très attentif à ce qu'il voyait - et me demanda :

"Maman... pourquoi il est plus sur la chaine, ton anneau ?"

Je lui répondis en laissant mon doigt dans ses petites mains :

"C'est parce que ton papa vient de me demander en mariage et que j'ai dis oui. Et une futur mariée porte toujours sa bague de fiançaille à l'annulaire. Nous allons être une vraie famille désormais et unies pour toujours. Qu'est-ce-que tu en pense ?"

Lee me sauta au cou et s'écria :

"Youpi, je vais rester avec papa, maman, Mely et Manoir !".

Ensuite il dégringola de mes genoux et couru se jeter dans les bras de son père. Il blotti son museau dans son cou et enserra sa nuque de ses petites mains douces. Il murmura à son père quelque chose que je n'entendis pas.

"C'est mieux d'être avec toi. Tonton Rosiel est gentil mais c'est comme toi que je veux être".

Profitant qu'il soit tous les deux, je m'étais habillée également et j'avais ouvert la fenêtre pour faire entrer les rayons du soleil dans notre chambre. Je me mit à la fenêtre et salua de la main des servantes qui me reconnurent. C'était une étrange sensation que d'être ici en tant que habitante et non en tant que prisonnière ou servante. Je pensais que j'allais me sentir étouffer d'être ici mais en fait, je crois qu'il était tant pour moi de cesser de courir le monde et de vivre avec ma famille. J'étais une bonne mère c'était certain alors que pourtant, je n'avais jamais reçu d'affection maternelle. Mais c'était mon instinct félin qui m'avait permis de chérir mon enfant comme il le mériter et de faire de lui un petit garçon épanoui. Désormais, je n'étais plus seule. Tarod était là.

Mon petit bonhomme courrut me sauter dans les bras, et je le reçus avec plus d'affection que jamais. Enserrant mon cou de ses petits bras, je l'entendis chuchoter

- C'est mieux d'être avec toi. Tonton Rosiel est gentil mais c'est comme toi que je veux être.

Je crois bien que nulle parole n'aurait pu un jour me faire plus de plaisir. Mon fils ne me connaissait pas, et pourtant il était là, dans mes bras, en train de me faire comprendre que plus jamais il ne voulait vivre sans moi. J'embrassai sa joue, et le posai à terre alors qu'un élégant serviteur apportait le petit déjeuner. Leef se jeta sur son repas comme un loup affamé, et je profitai qu'il soit ainsi occupé pour reporter toute mon attention sur la femme de ma vie. La gratifiant d'un grand sourire, je poursuivai notre conversation.

- Kanoë était ravi d'organiser le mariage de l'un de ses capitaines il y a deux ans. J'imagine qu'il n'a pas changé d'avis. Je ne t'oblige à rien, mais si tu le désires, nous pouvons organiser l'évènement ici, au chateau.

J'avais vraiment hâte. Ce mariage était comme l'aboutissement de toute ma vie.

- Bien sûr, les portes seront exceptionnellement ouvertes à tous, et je serai ravi de remercier l'homme qui t'as accueilli lorsque je n'étais pas là pour toi.

A ce moment là, j'oubliai presque que c'était elle qui avait pris la fuite. Je me sentais responsable du temps perdu, et je faisais tout pour y remédier. La serrant dans mes bras, je lui demandai également si elle souhaitait quelque chose en particulier pour ce jour si fabuleux à venir. Je lui indiquai également la chambre de la servante qui, je le pensai, saurait mieux la conseiller en matière de robe et de parures. Pour moi-même, j'avais évidemment mon meilleur ami et Prince Kanoë.

Je repris ensuite mon fils dans mes bras, et regardai ses deux yeux dorés qui ressemblaient tant aux miens.

- Alors bonhomme, une partie de ballon, ça te dit ?

Leef était ravi, et s'empressa de quitter mes bras pour sortir de la chambre en courant. Devalant les escaliers, il arriva dans la cour où déjà quelques enfants de soldats ou de paysans tapaient dans un ballon. Mon petit loup n'était pas bien grand, mais il s'empressa de se mêler aux autres. J'avais eu pour idée de jouer seul avec lui, mais finalement, puisqu'ils allaient vivre ici, il allait bien falloir qu'il joue aussi avec des enfants de son âge. Je m'assis donc sur une botte de paille et observais leurs jeux.

- Capitaine ?

Harod, soldat de mon régiment, se planta au garde à vous devant moi.

- Je t'ai déjà dit que c'était inutile Harod, lui reprochai-je. Discipline ne va pas de paire avec toutes ces idioties.

- Pardon, Capitaine. Je devais vous prévenir. Ytaïk est revenu au rapport, rien à signaler sur la côte ouest.

- Très bien, acquiesçai-je. Continuez de surveiller, les barbares ne renoncent pas facilement.

- Oui Capitaine !

Il executa un nouveau garde à vous puis tourna les talons. C'est à ce moment là que Fel vint me rejoindre.

- Kanoë était ravi d'organiser le mariage de l'un de ses capitaines il y a deux ans. J'imagine qu'il n'a pas changé d'avis. Je ne t'oblige à rien, mais si tu le désires, nous pouvons organiser l'évènement ici, au chateau.

Tarod m'avait rejoins. Je lui pris la main tendrement et lui répondis avec joie :

"Mon plus cher désir, c'est de rester vivre à tes côtés, pour toujours. Tout le reste n'a aucune importance. Ici, ce sera parfait pour notre mariage".

- Bien sûr, les portes seront exceptionnellement ouvertes à tous, et je serai ravi de remercier l'homme qui t'as accueilli lorsque je n'étais pas là pour toi.

"Merci, il sera enchanté".

J'aurais bien dit que c'était de ma faute s'il n'avait pu être là pour cet évènement mais il semblait l'avoir zapé sur le coup et pour ne pas engendrer de malaise, je zapais également. Tarod m'indiqua alors la chambre d'une servante pour que je puisse me parer plus élégamment. Il est vrai que mes tenues très sombres n'étaient plus très attrayante après ce long voyage jusqu'au château. Voyant qu'il s'occupait de Lee, je partis donc me faire belle pour l'homme que j'aimais et à qui je voulais plaire le plus longtemps possible. Je vis Manoir et Mélaïna suivre le père et le fils sans faire de bruit. Je savais qu'ils n'interviendrais pas dans cette relation mais ils restaient néanmoins à bonne distance. Manoir surtout était très vigilant et ses yeux ardent l'était plus que d'habitude. J'en eu un peu froid dans le dos pensant que la dernière fois que je lui avais vu ce regard, Lee avait basculé dans le côté obscur... Mais par la fenêtre, je vis qu'il se percha sur une branche à bonne hauteur pour surveiller mon fils.
Je pris donc d'assaut la penderie que me montra la servante, une toute jeune et certainement nouvelle à la cours car je ne l'avait jamais vue lorsque je travaillais encore ici. Cela m'arrangeais. Il aurait été pour moi gênant de me faire servir par l'une de mes compagnes de travail de l'époque. Malgré tout, je caressais l'espoir de croiser dans les couloirs l'une de mes trois favorites qui m'avaient guidée et soutenue durant ma "captivité". Je choisis une tunique parme et un short pourpre. Je trouvais depuis quelques temps que le violet m'allait plutôt bien. NE supportant toujours pas les chaussures, je restais nue pied puis après avoir laissé la jeune domestique me parer d'un collier de pierre précieuses argentées, scintillant mais discret, je dévalais les escalier pour rejoindre mes deux amours. Toutes fière d'être ainsi vêtue et parée, j'arrivais vers mon chéri avec un grand sourire. Je n'ignorais pas le soldat qui venait de le quitter. Je me plaçais devant lui et comme une petite fille heureuse de montrer sa toute nouvelle robe, je fis un tour sur moi-même en riant :

"Comment tu me trouve mon amour ?"

Sur ce, je tombais dans ses bras et l'enserra tendrement en ronronnant. La vie allait être belle à ses côtés, j'en été persuadé. Néanmoins soucieuse de la venue du garde je le questionnais doucement :

"Pourquoi ce soldat est-il venu te parler ? Quelque chose ne va pas ?"

Pourquoi tout devait ne pas aller. Il allait falloir que j'apprenne à être un peu plus optimiste par la suite.

- Comment tu me trouve mon amour ?

Fel me tomba dans les bras avant que je n'ai l'occasion de répondre. Je l'embrassai avec affection. Tous ces gestes m'avaient tellement manqué.

-Pourquoi ce soldat est-il venu te parler ? Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle avec une pointe d'anxiété dans la voix.

- Tout va bien, la rassurai-je, j'ai juste quelques obligations. Tu te rappelles que Kanoë compte sur moi, et je n'ai pas l'intention de le décevoir.

Ca, pour sûr, je prenais mon rôle de Capitaine très à coeur et au sérieux. J'étais apprécié et respecté de mes hommes, comme Kanoë l'était auprès de chacun de ses sujets. C'était certainement le mot d'ordre ici : respect des grands comme des petits.

J'arborai un grand sourire, néanmoins Fel ne parraissait pas moins troublée. Redevenant tout à fait sérieux, je fixai ses deux yeux magnifiques :

- Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ?

[HRP : désolé pour le retard...]

(HRP : tkt pas de soucis)

"Tout va bien. J'ai juste quelques obligations. Tu te rappelles que Kanoë compte sur moi, et je n'ai pas l'intention de le décevoir".

Je m'empressais de répondre :

"Oui et tu fais bien. Rassures-toi je ne te demanderais jamais de négliger ton devoir pour quoi que ce soit".

Je regardais de nouveau notre fils, le sourire aux lèvres qui jouait et riait avec les autres enfants. Je le gardais à l'oeil pour être sur de prévenir tout... changement de comportement de sa part. Je me sentais un peu nerveuse à vrai dire. Tarod le remarqua :

- Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ?

"Et bien tu te rappelle de notre discussion hier ? Quand je t'ai dis que Lee avait une double personnalité et tout le reste. Tu m'as demandé ce que je voulais dire par démoniaque. Lee peut être..."

J'avalais ma salive et lâchais :

"...cruel".

Je le regardais Tarod dans les yeux. Je m'empressais de continuer :

"Il y a des moments ou Lee devient un autre et cet autre est mauvais et fais volontairement du mal à ceux qui l'entoure, y compris ceux qui lui sont cher..."

Je lui pris la main en me levant et l'attira un peu :

"Lee s'amuse, ça ne risque pas d'arriver maintenant. Viens avec moi, il faut que je te montre quelque chose".

Laissant planer le mystère, je l'emmenais à l'écart où personne et surtout pas les enfants pouvaient nous voir. Là, je déboutonnais les boutons de a robe au niveau de la poitrine. Voyant son regard surpris, je m'empressais de m'expliquer pour éviter qu'il s'imagine que je l'avais éloignée pour un câlin :

"Regardes, c'est Leefaen qui m'a blessé".

Je dévoilais ma peau et désignais une cicatrice qu'il n'avait pu remarquer durant notre dernière nuit. Elle partait de dessous les côtes côté droit et partait en diagonal jusqu'à derrière l'épaule. J'expliquais alors en me rhabillant.

Plus que mal à l'aise, Fel hésita quelques instants avant de se jeter à l'eau. Devant cette réaction, je commençai moi-même à angoisser.

- Et bien tu te rappelle de notre discussion hier ? Quand je t'ai dis que Lee avait une double personnalité et tout le reste. Tu m'as demandé ce que je voulais dire par démoniaque. Lee peut être...

Pendant quelques secondes, le dernier mot, le mot crucial, resta en suspend. Pendu à ses lèvres, je sentis mon coeur accélérer dans ma poitrine.

- ...cruel

Mon coeur loupa un battement. Cruel ? Je ne pouvais pas y croire. Je n'eus pourtant pas le temps d'encaisser la nouvelle, Fel reprenait déjà :

- Il y a des moments ou Lee devient un autre et cet autre est mauvais et fais volontairement du mal à ceux qui l'entoure, y compris ceux qui lui sont cher...

Qui lui sont chers... Je compris avec horreur que mon propre fils lui avait fait du mal. Pire encore, il semblait l'avoir fait consciemment... Fel me prit la main et me fit me relever

- Lee s'amuse, ça ne risque pas d'arriver maintenant. Viens avec moi, il faut que je te montre quelque chose

Son ton était grave, je commençai vraiment à paniquer. Elle m'emmena dans un endroit à l'écart, de là où personne ne pouvait rien voir. Elle commença à déboutonner sa chemise, et je vis avec horreur apparaitre une cicatrice digne d'une blessure de guerre.

- Regardes, c'est Leefaen qui m'a blessé

Je n'arrivai pas à le croire. Comment un si petit être avait-il pu faire autant de mal ? Passant délicatement ma main sur la peau rougie et boursouflée, j'attirai Fel dans mes bras, regrettant une fois encore ma si longue absence.

- Mais... comment ? finis-je par articuler, difficilement néanmoins.

[HRP : je m'arrête sans avoir rajouté grand chose ^^' mais bon, jpeux pas réagir si j'en sais pas plus mdr]

- Mais... comment ?

"Un journée comme une autre où j'emmenais Lee au marché à Valhaine. Rosiel était avec nous et heureusement car cette fois, je ne sais comment j'aurais fait sans lui. On s'apprêtait à fêter son anniversaire et il était tout heureux, il avait reçu un panier de bonbon, il faisait beau, tout le monde était ravi. Soudain, j'ai entendus un cris avec mon ouïe particulière. Apparement Leef l'a aussi car il m'a devancé pour aller sur les lieux. Un fille se faisait agressé par des hommes. Notre fils est resté à les regarder et ne m’entendait plus ni ne bougeait, il a voulu m'empêcher de faire cesser le massacre en bloquant ma main quand j'ai voulu sortir ma dague. Je l'ai gentiment repoussé et je suis allé aider la jeune fille. Quand il a vu que je contrôler la situation et que l'agression prenait fin, il..."

Je ravalais ma salive et tournais les yeux vers lui alors que des larmes les embuaient :

"...il m'a arraché la dague des mains et m'a frappé avec. Son regard était horrible, sa pupille était rouge sang, c'était terrible..."

Je me calais dans ses bras et pleura un peu. J'étais soulagé de lui apprendre ça mais c'était si horrible à dire que mes nerfs lâchèrent. Je restais appuyé contre lui le temps de me calmer un peu et quand ce fut fait, je repris doucement :

"Sur le coup, je n'ai rien pu faire et c'est Rosiel qui est intervenu. AU final, lui et moi avons réussi à le maîtriser. Enfin, disons qu'il est plutôt redevenu lui-même avant qu'on échange un vrai affrontement contre lui. Il ne se souvenait de rien et ne songeait qu'à son panier de bonbons et à son anniversaire".

Je rajoutais alors après avoir de nouveau soufflé :

"Tu comprends pourquoi je t'ai dit tout ça hier ? Je n'ai rien exagéré, je te le promet. Rosiel pourra te le confirmer".

» Présentation de Tarod [recentrée x)]
» Au bord d'un lac enchanté (PV Tarod)
» Un heureux évènement (pv Tarod et Thierry)
» combat entre capitaine(pv tarod)
» Des retrouvailles amicale?? (Tarod et Tori)

Rencontre père et fils [pv Tarod]

Rencontre père et fils [pv Tarod]

Sujets similaires

Sujets similaires